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Le Collège Soualiga en crise

Par Ann Bouard
17 Février 2025

Depuis la semaine dernière, un mouvement soutenu à la fois par les enseignants, leur syndicat et les parents d’élèves du collège Soualiga alerte sur les conditions de travail et les incivilités au sein de l’établissement. Après avoir manifesté, puis exposé leurs problématiques au Préfet et au vice-recteur jeudi dernier, professeurs et parents d’élèves ont pu à nouveau s’entretenir dès lundi matin avec Harry Christophe, que nous avons rencontré à l’issue de la réunion.

Au collège Soualiga, les revendications du corps enseignant portent, comme dans tous les établissements scolaires, sur le maintien des moyens, revus à la baisse, car calqué sur la baisse globale des effectifs de l’Académie, qui ne fait pas de distinguo entre la Guadeloupe et les îles du Nord. À Soualiga, le nombre d’élèves croît régulièrement et  faute de moyens deux classes vont être supprimées, surchargeant les autres. Les dernières statistiques ont été présentées au Préfet. Mais au-delà de cette problématique, le collège est le théâtre de nombreux incidents qui se sont accentués depuis le début du mois, mettant en danger élèves et professeurs.

Trop c’est trop !

Sur les 48 professeurs que compte le collège, 17 sont actuellement en arrêt maladie. Sur la trentaine d’enseignants qui tiennent encore le coup, la moitié est en grève pour dénoncer leurs conditions de travail dans un climat de violence exacerbé. Du côté des élèves, ceux agressés développent des phobies scolaires, certains sont déscolarisés alors que d’autres jouent de leur sentiment d’impunité. Tout cela à un âge, 11 / 15 ans, où il est nécessaire de mettre des limites, pour qu’ils ne basculent, et ces limites les professeurs ne peuvent plus les poser et dénoncent un manque d’implication de leur administration. Ils ont donc décidé d’expliquer la situation à la rectrice d’Académie dans une lettre ouverte, lui demandant d’étudier de plus près le dossier du collège Soualiga. Plusieurs parents d’élèves ont indiqué qu’ils en feront de même. Jeudi, lors de la réunion en Préfecture, Cyrille Le Vely a pris la mesure de la situation, mais a souhaité prendre un temps de réflexion sur ce dossier. Devant l’urgence de la situation, le vice-recteur et la principale du collège ont renoué le dialogue dès lundi matin lors d’une réunion avec les  enseignants et parents d’élèves.

Réponses à l’urgence et nouveaux protocoles

Plusieurs élèves très violents posent problème selon les professeurs et les incidents ont été consignés dans le registre de sécurité qui fait état depuis la rentrée de 40 pages de rapports d’incidents : agressions sexuelles, harcèlement, racket, injures, etc, envers les enseignants, les élèves ou entre élèves. Ces rapports n’ont toujours pas été traités, preuve du manque de suivi dans la gestion de l’établissement par l’administration en place, estiment les enseignants. Le vice-recteur, Harry Christophe indique en avoir pris connaissance, mais que les faits sont signalés essentiellement depuis le 12 février, avec certes, une accélération des incidents.
En réponse, il a demandé à ce que cet outil soit utilisé tous les jours en étant renseigné régulièrement par les enseignants et suivi par l’administration, avec un retour pour informer sur ce qui a été fait. Les agressions sexuelles ou le harcèlement mentionnés par les enseignants doivent apparaître très clairement dans le registre. Pour Harry Christophe, les élèves qui commettent des attouchements sexuels devront être orientés vers les services ad hoc. Il recevra donc les parents et les élèves mis en cause systématiquement et dès cette semaine, pour répondre à l’urgence des quatre à cinq situations les plus explosives en identifiant avec les professeurs, à l’issue de la réunion, les comportements jugés inadmissibles.
Pour résoudre ce climat de violence et d’incivilité, le vice-recteur a indiqué que cela allait nécessiter de définir des méthodes de travail, des protocoles, qu’il faudra respecter, mais également des mesures pour que les élèves soient conscients de l’importance d’aller en classe ; « on ne peut pas rester plusieurs jours sans les recevoir à l’école ».  Il admet cependant que les consignes données aux enseignants n’étaient pas formalisées jusqu’à présent et qu’elles le seront.
Les consignes du mercredi après-midi devraient par ailleurs être réinstaurées. Ce système de retenues, était effectif lors du temps scolaire ; les élèves devront donc désormais revenir au collège le mercredi et effectuer un travail prédéfini.
À l’issue de la réunion, les parents s’estimaient plutôt satisfaits des réponses apportées. Demeure cependant l’incertitude quant aux délais de mise en application des nouveaux protocoles proposés, source d’inquiétude pour les professeurs qui doivent accueillir certains élèves violents chaque jour.

Ann Bouard