L’IEDOM publie son rapport annuel économique 2023 pour Saint-Martin
Comme chaque année, l’Institut d'Émission des Départements d’Outre-mer (IEDOM) publie son Rapport annuel économique et financier. Ce rapport présente de manière détaillée la situation économique et financière de l’île, au travers de données chiffrées et d’analyses sectorielles.
L’édition 2023 était présentée mardi, par Damion Gordon, chargé d’études et établissements de crédit et François Groh, le tout nouveau directeur de l’IEDEOM pour la Guadeloupe, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. Édité plus tôt que les années précédentes, il analyse chaque secteur d’activité et, c’est une première, les thématiques ont été homogénéisées pour les différents territoires afin de rendre comparables toutes les données.
Un bilan 2023 plutôt positif
Le redémarrage de l’économie constaté en 2022, après les différentes crises, c’est renforcé en 2023, notamment avec une forte reprise de la fréquentation touristique (+38,5 % de touristes accueillis sur un an). Le nombre de logements locatifs s’est accru, mais paradoxalement le nombre de nuitées est en baisse.
Le secteur des transports connaît également une reprise encourageante, avec une normalisation du trafic aérien (+5%) et maritime (+49%). Des chiffres tout relatifs, car la partie française est sur des bases non comparables avec la partie néerlandaise : 1000 croisiéristes pour Saint-Martin, plus d’un million pour Sint Maarten.
Quant au taux de chômage, les estimations de 2023 font état d’une baisse de 9,3% et d’une augmentation des salariés. Sur ce dernier point, on note cependant une baisse des effectifs
(-1,3%) dans le secteur du BTP dû à une baisse d’activité (-20%) en raison de la fin de la période post reconstruction et un contexte plus inflationniste.
L’année 2023 se clôture sur une bonne dynamique de l’activité bancaire. L’encours de crédit poursuit sa progression avec 617,7 M€, tiré par les crédits aux entreprises. En parallèle, les crédits aux ménages enregistrent également une nouvelle hausse (+11,9 %), portés par les crédits à l’habitat. Quant aux actifs financiers, ils se stabilisent pour la première fois depuis la crise sanitaire. Ces derniers sont soutenus par la hausse marquée des placements liquides ou à court terme (+53,7 %). A contrario, les dépôts à vue reculent et l’épargne à long terme est stable. Des résultats que l’on peut imputer à la dualité de Saint-Martin, qui permet de jouer sur les fluctuations à la fois de la zone euro et de la zone dollar.
Conjoncture 2024
Pour le 1er semestre, les chiffres semblent être dans la lignée de 2023 avec une hausse sensible sur certains secteurs. Le trafic aérien reste dans une bonne dynamique avec 270 000 passagers, renouant avec les chiffres d’avant crise sanitaire. Mais c’est la partie hollandaise qui tire son épingle du jeu avec une hausse de 22% par rapport au 1er trimestre 2023 (et 82% des passages arrivant sur l’île) alors que l’aéroport de Grand Case voit lui sa fréquentation baisser de 2,6%, due notamment à l’absence d’Air Antilles sur cette période. Le trafic maritime inter-îles s’en est donc trouvé accru, mais a été également alimenté par les travailleurs qui faute de logement sur l’île sœur font le trajet quotidiennement.
Les entreprises ont enregistré une baisse des effectifs, que ce soit dans le BTP ou dans le secteur de l’hôtellerie et de la restauration (-3%). Pour le directeur de l’IEDOM malgré tout, il n’y a pas d’inquiétude particulière quant à la santé financière des entreprises. Celles qui ont fait appel au Prêt Garanti de l’État arrivent à rembourser, même si les montants restant dûs sont plus importants (70%) que la moyenne nationale ou guadeloupéenne (50%). Les entreprises saint-martinoise ont en effet majoritairement opté pour un PGE sur 6 ans (85% des entreprises) ; un choix intelligent pour François Groh, car cela leur a permis de bénéficier « d’argent pas cher ». Seul bémol, la baisse démographique qui va poser question quant à la dynamique économique future de Saint-Martin.
Surendettement et accompagnement
En 2023, l’IEDOM a enregistré 500 dossiers de surendettement, dont 17 pour Saint-Martin et aucun pour Saint-Barthélemy. François Groh estime qu’il y en a certainement plus, mais la solidarité familiale, le développement de l’économie informelle et la méconnaissance des procédures existantes faussent la donne. Les particuliers ne font pas appel à l’IEDOM, malgré la mise à disposition d’une permanence mensuelle. Pendant sa mise en application (environ 3 mois) la procédure permet de suspendre toutes les relances et prélèvements des créanciers. Le temps de trouver des solutions, pour les particuliers comme pour les entreprises.
L’IEDOM consolide ses données grâce aux échanges avec la banque centrale et le département statistique de Sint Maarten. François Groh a pour souhait de développer ces échanges, voire de les conventionner, afin que l’économie de l’île puisse être abordée dans sa globalité. L’intégralité du rapport est consultable en ligne sur www.iedom.fr