Le bilinguisme : l’atout de Saint-Martin
L’objectif de cette visite était d’aller sur le terrain à la rencontre des élèves et des équipes pédagogiques afin de juger des dispositifs mis en place et des aménagements à apporter pour, qu’à terme, les élèves puissent suivre un enseignement dans les deux langues, français et anglais, tout au long de leur scolarité.
Il a débuté sa visite par Saint-Barth ou les classes bilingues font figurent de classes d’élite très prisées par les parents qui sont nombreux à vouloir que leurs enfants, francophones, intègrent ce cursus.
A Saint-Martin, c’est tout l’inverse. Les seize classes bilingues du primaires et les six du second degré sont réparties sur les zones d’éducation prioritaires (REP), Marigot, Sandy Ground, Quartier d’Orléans et il aura fallu trois années d’expérimentation pour que les parents soient convaincus.
DÉCOMPLEXER LES ÉLÈVES
Tous les enseignants s’accordent sur le fait que la liberté de pouvoir utiliser sa langue maternelle permet à l’élève d’être plus confiant pour appréhender le français. C’est aussi un bon moyen pour l’orienter vers l’anglais standard. Au niveau des équipes pédagogique cela sous-entend un travail collaboratif, pas simple, mais désormais rodé et surtout efficace. Les évaluations en maths et en français en cours préparatoire sont au-dessus de la moyenne, alors qu’elles sont catastrophiques dans les classes de CP classiques sur toutes les autres REP de l’Académie.
400 élèves au total sont scolarisés cette année en classe bilingue. La création d’une nouvelle classe dans le niveau supérieur chaque année, augmentera peu à peu ce nombre.
Pour les primaires le choix de l’orientation est fait par l’école selon les aptitudes de chaque enfant et soumis à l’approbation des parents. Au collège, le recrutement s’opère non sur les compétences de l’enfant mais sur sa volonté à vouloir apprendre dans les deux langues.
CONCOURS ET FORMATIONS ADAPTÉS À LA SPÉCIFICITÉ DE L’ILE
Sur les 307 enseignants titulaires, huit seulement sont saint-martinois. En tenant compte des contractuels, 97% des enseignants ne sont pas issus de la culture locale. C’est un fait rarissime dans une académie. Il est important qu’il n’y ait pas de rupture entre le monde de la famille et celui de l’école. Pour cela, le Recteur souhaite mettre en place des concours internes visant à recruter prioritairement des saint-martinois parmi les contractuels, ou le cas échéant des enseignants détenteurs au minimum d’une licence en anglais ou en espagnol. D’autre part, les enseignants originaires de Guadeloupe pourrait se voir proposer une formation complémentaire pour pouvoir enseigner en anglais. Une plus-value pour eux mais aussi pour l’Académie le jour où ils retourneront sur leur île. En effet, si Saint-Martin est nettement en avance, la Guadeloupe est à la traine.
Pour les professeurs arrivant de métropole, le constat est que le bilinguisme n’est pas réservé aux seules classes dédiées. Dans toutes les matières, ils doivent souvent basculer d’une langue à l’autre pour se faire comprendre et ils n’y sont pas préparés.
Pour pallier ce fait, dès la prochaine rentrée, un accueil spécifique pour les arrivants sera prévu afin de les familiariser à cette situation mais aussi, en collaboration avec l’office de tourisme, de leur donner les bases pour mieux comprendre les spécificité de cette île si particulière.
Il est à noter que malgré les réductions nationales d’effectifs, l'ensemble des postes a été maintenu sur l’Académie alors qu’elle enregistre une baisse de 1400 élèves par an depuis dix ans !
C’est ce qui permet aujourd’hui d’avoir des classes de vingt élèves en moyenne, dont 174 classes de douze élèves en zones prioritaires. Il devient donc, selon le Recteur, impératif d’améliorer les résultats afin de faire de Saint-Martin, un exemple.
Le Recteur poursuit sa visite aujourd’hui au GRETA du LP des Iles du Nord pour rencontrer les quinze stagiaires inscrits en BTS Tourisme « Pôle excellence hôtellerie-restauration-tourisme ».