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Gendarme grièvement blessé par un scooter à Sandy Ground : Le conducteur condamné à 2 ans de prison ferme

12 December 2023
L’individu s’était rendu à la gendarmerie le lendemain matin des faits, mercredi 6 décembre. A l'issue de sa garde à vue il était présenté vendredi matin devant le tribunal correctionnel de Saint-Martin. Le tribunal a prononcé son jugement en le déclarant coupable des faits et le condamnant à deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Il est parti le jour même à la prison de Basse-Terre.

« J’AI CRU QUE C’ÉTAIENT DES BRAQUEURS »  

Affirmant vouloir assumer pleinement sa responsabilité dans cet accident qui a gravement blessé aux membres inférieurs un gendarme dans l’exercice de ses fonctions, l’auteur, un jeune homme de 24 ans, sans antécédent judiciaire majeur et inséré dans la société, a indiqué au tribunal ne pas avoir saisi sur le moment la véracité de la situation au moment de l’accident : « Je me suis déjà fait braquer à deux reprises au même endroit (après le pont de Sandy Ground dans le sens Marigot / Baie Nettlé, NDLR), et voyant un attroupement sur la route, des hommes habillés en noir, j’ai pensé que c’était encore une bande qui attaquait les véhicules. Alors, j’ai d’abord ralenti, puis accéléré et j’ai tenté de passer le barrage. Je n’avais pas compris que c'étaient des gendarmes. La personne que j’ai percutée s’est placée devant mon scooter. J’ai esquivé sur la droite, et je l’ai percutée… C’est seulement après le choc que j’ai compris que c’étaient des gendarmes », explique-t-il depuis le box des prévenus, présentant un plâtre au bras gauche.

LE TRIBUNAL NE CROIT PAS EN CETTE THÉORIE

Une thèse que le tribunal et le Ministère public ont du mal à croire : « Pourquoi n’avoir pas fait demi-tour en pensant que c’étaient des braqueurs ? (… ) Vous avez en fait accéléré pour passer le barrage, car vous n’aviez pas de casque et de surcroit votre scooter n’était pas assuré (…) Le pont est parfaitement éclairé la nuit et le visionnage des vidéos de surveillance à cet endroit est dans équivoque : on voit bien les faisceaux lumineux des gendarmes pour indiquer le déviation aux véhicules. Il y a certes des gendarmes vêtus d’uniformes noirs, mais il y a aussi des militaires en uniforme bleu, et tout cela est parfaitement visible sur la vidéo, alors qu’il fait nuit (…). Le barrage était mis en place depuis un petit moment et tous les véhicules ont bien saisi la situation, que c’était une déviation mise en place par la gendarmerie… », commente la présidente du tribunal. Et de questionner à nouveau : « Puisque vous dîtes avoir réalisé que c’étaient des gendarmes après l’impact, alors pourquoi avoir pris la fuite après avoir percuté un homme ? » A cette question, le prévenu répond avoir pris peur : « J’ai entendu dire : ne bouge pas, je vais te tirer dessus. Alors je me suis enfui. Je n’ai pas senti que j’étais blessé », explique-t-il. Toujours dubitative, la présidente du tribunal indique qu’un gendarme a rattrapé le prévenu, qu’il y a eu bagarre, qu’ils sont tombés tous les deux et que le prévenu a réussi à prendre la fuite. « Vous saviez à ce moment-là que c’étaient des gendarmes ». « Oui», répond le prévenu sans expliquer les raisons de sa fuite.

DÉLIT DE FUITE APRÈS L’IMPACT

Le gendarme qui avait pris l’auteur en chasse a finalement renoncé à le poursuivre, la tension devenant palpable dans le quartier de Sandy Ground, le gendarme à terre était grièvement blessé et en attente des secours et par ailleurs, le scooter ainsi que le téléphone portable du prévenu étaient restés sur place, ce dernier pourrait être rapidement identifié et appréhendé. « Ce sont d’ailleurs les raisons qui vous ont conduits à vous rendre le lendemain matin à la gendarmerie, vous saviez que vous seriez rapidement interpellé », précise la présidente du tribunal. « Je ne sais plus. La seule chose que je peux dire, c’est que je ne voulais pas faire de mal à cette personne, je n’ai pas compris ce qui s’est passé, et je suis prêt à payer pour le mal que j’ai fait », se défendra-t-il.

UNE ITT DE 120 JOURS ORDONNÉE AU GENDARME BLESSÉ

« Les faits sont d’une extrême gravité, perpétrés de surcroît sur une personne dépositaire de l’autorité publique, et engendrent d’importantes conséquences corporelles, une ITT de 120 jours a été prononcée pour le gendarme. Vous avez refusé d’obtempérer et vous ne donnez aucune explication plausible à vos actes. La théorie que vous avancez ne ressemble en aucun point aux circonstances telles qu’elles sont visibles dans les vidéos. Le Ministère public ne vous croit pas. Il y a précisément 112 mètre entre la crête du pont et l’impact. Vous étiez en mesure de faire demitour ou bien d’obtempérer. Vous avez délibérément choisi de foncer sur le barrage des gendarmes pour le passer en force. Vous êtes l’auteur d’un délit routier et d’un délit de fuite et c’est le comportement type des conducteurs de scooters sur l’île, avec cette volonté de défier les forces de l’ordre », a clamé le procureur, demandant au tribunal d’entrer en vie de condamnation et de prononcer deux ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Malgré la tentative de son avocate de plaider la crédibilité de son client, ayant elle-même grandi à Saint-Martin et étant aguerrie aux manoeuvres de car-jacking diligentées par des malfaiteurs « on nous a toujours dit, quand tu soupçonnes ces faits, tu fonces ! », le tribunal a suivi les réquisitions du Ministère public et a prononcé l’emprisonnement ferme pour une durée de deux ans, avec mandat de dépôt.

C’est lors d’un barrage routier mis en place mardi soir dernier pour mener une opération de contrôle anti-fraude, que l’accident s’est produit, à la sortie du pont de Sandy Ground, en direction de la Baie Nettlé. Violemment percuté par un conducteur de scooter lancé à vive allure et en pleine accélération, un adjudant de la gendarmerie mobile, âgé de 33 ans, a été grièvement blessé dans le choc aux membres inférieurs, nécessitant une ITT de 120 jours.