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Mort à 16 ans d’un tir accidentel

Par Ann Bouard
26 April 2024

Le 12 janvier 2020 à Quartier d’Orléans, un jeune homme de 16 ans décédait des suites d’une blessure par balle. Quatre jeunes, dont un mineur était mis en cause dans cette affaire, jugée la semaine dernière devant le tribunal de Saint-Martin. 

Le tir s’était produit dans l’appartement dans lequel les cinq jeunes étaient réunis pour jouer à la PlayStation. Le tir, conséquence de la manipulation de l’arme par le jeune mineur, avait touché la victime à la hanche et provoqué une hémorragie interne. Ses amis avaient alors déplacé le jeune homme encore vivant, du 3e étage jusqu’au hall de l’immeuble, pour faire croire à un règlement de compte avec des jeunes d’Agrément, avec lesquels ils avaient eu des différends.

Ils avaient d’un commun accord inventé ce scénario pour protéger le mineur, et lui éviter la prison, avant de se rétracter et donner la bonne version des faits dès le lendemain. L’arme, un pistolet automatique, n’a jamais été retrouvée. Elle aurait été louée pour une durée de 15 jours, pour 400$, afin de se protéger « des gars d’Agrément » selon le mineur. Les trois prévenus n’ont pas reconnu ce fait.

Aucun d’entre eux n’était présent à la barre du tribunal, mais la mère du jeune homme, elle, avait tenu à être présente. Cela fait quatre ans qu’elle attend que justice soit faite.

MALAISE AU TRIBUNAL

La maman du jeune homme est en colère. Pour elle, c’est un complot, car si son fils était ami avec les trois jeunes majeurs, ce n’était pas le cas pour le mineur et, tous ont mentis. Elle se souvient que son fils était venu boire de l’eau vers 12h30 avant de repartir et avoir entendu un coup de feu peu après. Mais c’est seulement à 15h que les secours ont été appelés. Elle ne comprends pas pourquoi les trois mis en cause sont toujours en liberté et que, le mineur détenu à Basse Terre, ne soit toujours pas jugé (il est incarcéré pour complicité d’assassinat à Colombier lors d’une expédition punitive). Elle reproche aux juges de ne pas avoir fait leur travail.

Son avocate est surprise de cette colère, car c’est habituellement lors de leurs rendez-vous une maman très affectée, en pleurs. Les circonstance restent floues, tout comme les délais entre le tir et l’appel des secours. Pour Maitre Tillard, ce dossier est un désastre, car on ne sait pas vraiment ce qui s’est passé. Elle note que les faits se sont déroulés vers 13h/13h30 et que les gendarmes ont été contactés vers 15h30. Quand il a été pris en charge, le jeune homme était en arrêt respiratoire avec suspicion d’hémorragie. Il est décédé à 16h20 à l’hôpital. Alors qu’elle poursuit sa plaidoirie, la maman s’effondre, victime d’un malaise. Elle sera emmenée par les pompiers et l’audience se poursuivra sans elle.

LE BESOIN DE CONNAÎTRE LA VÉRITÉ

Dans son réquisitoire, le Ministère Public rappelle une fois encore les conséquences de la prolifération des armes sur le territoire. Des armes, récentes et létales, qui sont « le 1er réflexe dès que l’on a un différend ». Dans cette affaire, « les faits ont été brouillés dès le début. Tous ont contribué à ce scénario, deux ont déplacé le corps et l’arme a disparu alors qu’elle aurait pu amener des réponses. Cette maman a besoin de savoir ».

Au regard de la gravité des faits, il a requis pour le 1er prévenu, non impliqué dans la détention d’arme, 12 mois de prison dont 6 avec sursis; pour le second, 24 mois dont 12 avec sursis et interdiction de détenir une arme pendant 10 ans, sans aménagement de peine possible ; pour le troisième, 30 mois de prison dont 12 assortis du sursis et interdiction de détenir une arme pendant 10 ans pour son rôle prépondérant notamment concernant la présence de l’arme.

Il faudra attendre le 20 juin pour connaître le verdict du tribunal.  

Ann Bouard