Six braquages à main armée, dont trois en un quart d’heure : 4 ans de prison ferme !
Agé de tout juste 19 ans, l’individu semble être aguerri aux vols à main armée, perpétrés selon un mode opératoire bien rodé et quasi toujours le même. Il a été jugé en comparution immédiate vendredi dernier et jugé coupable d’au moins six braquages à main armée perpétrés dans différents commerces. Il a écopé de quatre années de prison ferme.
La station essence Cadisco, une épicerie chinoise et un restaurant à Sandy Ground, une pizzeria à Concordia, trois supérettes à Marigot… Tous des commerces victimes de vols à main armée entre le 19 septembre et le 3 octobre derniers, causant outre des préjudices financiers, d’importants traumatismes aux employés et gérants de ces établissements. L’un des auteurs a finalement été identifié par ses traces génétiques relevées sur l’une des victimes, lors du braquage perpétré le 29 septembre dans un restaurant à Sandy Ground. Ce soir-là, vers 21h30, deux individus repèrent le gérant en train de fermer son établissement. Ils braquent une arme sur lui, lui touchant même le thorax et lui fouillent les poches pour lui dérober l’argent qu’il possède sur lui, environ 800 €/$. Des traces ADN de l’un des deux auteurs ont été déposées sur la victime et relevées par les enquêteurs. Ce dernier a ainsi pu être interpellé ces derniers jours. Remontant de fil en aiguille et comparant le mode opératoire de ce délit avec d’autres faits perpétrés et encore non-résolus, les enquêteurs finissent par lui faire avouer plusieurs autres braquages. Et ce sont finalement 6 délits sur les 7 suspectés qu’il avouera avoir commis.
UN MODE OPÉRATOIRE BIEN RÔDÉ
Selon l’individu à la barre du tribunal de proximité de Saint-Martin, son acolyte, toujours le même, vient au volant d’une voiture le chercher chez sa mère ou chez sa compagne, lui demande de venir avec lui et de prendre son scooter, s’il souhaite gagner 200€. Ils vont garer la voiture dans une petite rue adjacente au parking des écoles de Sandy Ground, mettent des vêtements sombres ainsi qu’un tee-shirt sur la tête pour dissimuler leurs visages, prennent le scooter sur lequel ils prennent soin de mettre une chaussette sur le pot d’échappement. Selon le prévenu, c’est l’acolyte qui conduirait le scooter, porterait l’arme -jamais la même-, réaliserait le forfait, pendant que lui resterait à l’arrière du scooter. Une fois le braquage réalisé, en quelques minutes seulement, les deux individus se dirigent là où le véhicule est garé, se changent à nouveau et se séparent. L’individu interpellé a indiqué aux enquêteurs que son compère, dont il semblerait qu’il n’a jamais dévoilé la vraie identité, lui donnerait à chaque fois 200€.
« ALLER BRAQUER COMME ON VA AU DISTRIBUTEUR AUTOMATIQUE »
Un mode opératoire simple et bien huilé et la facilité avec laquelle il est accompli amène les auteurs à enchaîner leurs délits, dès qu’ils ont besoin d’argent. Tant et si bien que le 3 octobre dernier, ils enchaînent en moins d’un quart d’heure trois braquages de supérettes chinoises à Sandy Ground. Le prévenu n’en avouera là que deux sur les trois : «Je lui ai dit que j’en avais assez, que je voulais rentrer chez moi… », témoignera- t-il à la barre. Et la présidente du tribunal de remarquer : « Vous allez braquer des commerces dès que vous avez besoin d’argent ? Pourquoi ne travaillez-vous pas comme tout le monde pour gagner votre argent ? » « J’avais besoin d’argent… pour manger, pour m’acheter des vêtements… », se défendra le prévenu depuis le box des prévenus… L’individu qui avait déjà été condamné en 2021 par le tribunal pour enfants de Basse-Terre pour des faits similaires de vols se trouvait donc être sous le coup de faits commis en récidive légale. Il avait alors été condamné à 105 heures de travaux d’intérêt général, une peine qu’il n’a jamais réalisée.
« VOUS PREFEREZ SANS DOUTE BASSE-TERRE A POINTE BLANCHE ! »
Par ailleurs, un parallèle avec des faits commis à Cole Bay, en partie hollandaise à la mi-novembre est en cours d’enquête par la Police hollandaise. En effet et pour mémoire, plusieurs vols à main armée coordonnés dans plusieurs établissements ont eu lieu à Cole Bay le jeudi 16 novembre en début de soirée, par deux individus sur des scooters. Pris en chasse par la police hollandaise, les malfaiteurs s’étaient dirigés vers la frontière au niveau de Bellevue. L’un d’eux perdait le contrôle de son scooter et chutait du côté français de la frontière. Il était interpellé par les militaires français et placé en garde à vue, en vertu des règles de la coopération entre le sud et le nord de l’île. Il s’est avéré que l’homme interpellé dans cette affaire de la partie hollandaise est le prévenu qui se trouvait à la barre vendredi dernier. Une affaire dont l’enquête est toujours en cours en partie hollandaise. La procureure relevait l’incident et indiquait que la bonne coopération du prévenu venait sans doute du fait qu’il préférait les conditions de garde à vue de la partie française à celles de la partie hollandaise… ainsi que les conditions d’incarcération de Basse-Terre plutôt que celles de Pointe Blanche ! Elle demandait au tribunal d’entrer en voie de condamnation et requérait 4 ans de prison ferme avec mandat de dépôt. Des réquisitions suivies par le tribunal et le prévenu était directement déféré vers la prison de Basse-Terre.
54% de résolution des vols à main armée en 1 an
Face à la recrudescence des délits de vols à main armée, un Groupe de répression du banditisme était créé le 1er septembre 2022, avec 5 enquêteurs dévolus à 100% pour résoudre ces délits. Après une première année d’existence, les statistiques portent à 54% des faits de vols à main armée résolus. Comparativement, ces résultats ne sont que de 30 à 35% en Guadeloupe. Par ailleurs, alors que les mois de novembre et décembre de l’année dernière avaient été fortement marqués par ces délits, pour cette année, les gendarmes constatent qu’aucun vol à main armée n’a été commis depuis le 1er novembre dernier.