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Violences conjugales : deux ans de prison ferme pour un homme violent

Par Ann Bouard
13 July 2021
Plus que jamais les féminicides sont à la une des médias. Dans la plupart des cas les victimes avaient alerté sur la dangerosité de leur ex-compagnon, avec l’issue que l’on connait. C’est dans ce contexte, que l’homme escorté par la gendarmerie était présenté en comparution immédiate mercredi dernier. Il devait répondre de faits ­­particulièrement graves et ce en état de récidive.
Comme la loi le lui autorise, l’homme pouvait demander un délais pour préparer sa défense. En sanglots devant les magistrats, il murmure qu’il accepte d’être jugé le jour même. Il est accusé de dégradation de biens, menace de mort réitérée et violence aggravée par deux circonstances, en l’occurrence avec arme et sur sa compagne. Et ce en récidive pour les deux derniers chefs d’inculpation.
 
De l’idylle aux coups
 
Elle tient un bureau de tabac à Aix en Provence, il habite à Saint-Martin où il fait de petits boulots. Le couple se rencontre via les réseaux sociaux. Elle vend son affaire pour venir s’installer avec lui. Il quitte son petit studio pour emménager avec elle dans une villa meublée qu'elle a louée aux Jardins de la Baie Orientale. C’était il y a un an. Si la relation amoureuse semble idyllique au début, les premiers signes avant-coureurs se manifestent rapidement. L’homme de 37 ans, adepte de boxe thaï, a pour habitude de se défouler sur les objets et les meubles. Peu à peu suivent les insultes, de plus en plus régulières.
Dans la nuit du 1er au 2 juillet, la violence monte d’un cran. L’homme est sorti en empruntant la voiture de sa compagne, sans son accord et pour cause, il n’a pas le permis. Quand il rentre vers 22h45 elle regarde un film. Il a faim. Dans la cuisine, il constate qu’elle ne lui a pas préparé de repas. Il s’énerve en voyant un vieux bout de pain dans la poubelle. Il sort passer ses nerfs sur les meubles du jardin, revient et renverse le canapé faisant tomber sa compagne sur le sol. Il se saisit de couteaux et la menace (« je vais te tuer, tu ne partiras pas sans moi, c’est à la vie à la mort »), la pousse, tente de l’étrangler, lui assène des coups de poings. La scène se déroule sous les yeux de la fille de huit ans de la femme, réveillée par les hurlements de sa mère et en présence de leur colocataire. « Regarde je vais tuer ta mère et après toi » sont les mots qu’il adresse à la fillette. Le colocataire se saisit du couteau, met l’enfant en sécurité et appelle les gendarmes. Ces derniers mettront 45 minutes avant de trouver la maison. Le colocataire sort à plusieurs reprises pour tenter de les guider. Laps de temps que l’accusé met à profit pour continuer à la frapper à nouveau.
 
« Je n’ai pas souvenir de L'AVOIR FRAPPEE »
 
Examinée à l’hôpital, la femme a plusieurs contusions, des hématomes à l’épaule, au bras, à la cuisse, au tibia, au pied et à la tête. Lors de l’audience il persiste à nier les faits et affirme ne l’avoir jamais frappée. Il avoue seulement avoir soulevé le canapé sur lequel elle était assise, la propulsant au sol. Il affirme qu’il voulait la quitter mais qu’elle le menaçait de « lui faire la misère » s’il le faisait. Il reconnait qu’elle l’entretenait, mais estime avoir été dans une prison dorée et qu’elle ne voulait pas qu’il travaille.
Le témoignage de son ex-compagne est lui aussi accablant et fait état de séquestration, de menace, de chantage affectif et stipule qu’il n’a pas respecté la mesure d’éloignement et a frappé un policier qui était alors intervenu. Il a été condamné pour ces faits en 2017. Une autre compagne, avec laquelle il a partagé sept ans de concubinage, a également déposé plainte. A chaque fois il menace de se suicider et fait du chantage affectif, mettant en exergue ses multiples problèmes de santé, qu’aucun certificat médical ne confirme.
La victime a du mal à témoigner, par peur, et déclare « je n’aurais jamais pensé qu’il aurait autant d’acharnement contre moi ». Elle a demandé à être suivie par un psychologues car seule elle ne pourra s’en sortir.
 
Deux ans de prison ferme
 
Depuis 2003, l’homme fréquente assidument les tribunaux, que ce soit à Grenoble ou Aix en Provence pour des faits de vols, escroqueries, violences, menaces de mort. Il dit avoir voulu fuir ce passé il y a deux ans, et débuter une nouvelle vie. Le 10 juin dernier il comparaissait déjà devant le tribunal de Saint-Martin pour menaces de mort et violence sur un homme et avait écopé de deux amendes. Aux vues de ces antécédents le parquet requiert 18 mois de prison avec mandat de dépôt.
Le verdict du tribunal sera plus sévère : deux ans de prison ferme, départ direct pour la prison de Basse Terre et interdiction de port d’armes pendant cinq ans. Il reçoit la constitution de la partie civile et ordonne une expertise avant l’audience sur intérêts civils qui se tiendra en janvier. La juge tentera de sermonner l’homme en lui expliquant que s’il n’effectue pas un travail sur lui-même et qu’il continue à ne pas avoir conscience de sa responsabilité, il pourrait la prochaine fois ne pas éviter la cour d’assises.
Ann Bouard