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Les Outre-mer restent vigilants sur l’après CIOM

03 August 2023

Le Comité Interministériel des Outre-mer (CIOM) s’est tenu le 18 juillet dernier. Dont acte. Les présidents des territoires d’outre-mer signataires de l’appel de Fort-de France, acte politique majeur ayant impulsé l’organisation de ce comité interministériel, ne veulent rien lâcher et préparent ensemble l’après CIOM afin que les 72 mesures annoncées se concrétisent. 

Rejoints par la Collectivité de Saint- Pierre et Miquelon, les sept signataires de l’Appel de Fort-de France lancé en mai de l’année dernière, Ary Chalus (Président du Conseil Régional de Guadeloupe), Huguette Bélo (Présidente du Conseil Régional de La Réunion), Serge Letchimy (Président de la Collectivité territoriale de Martinique), Guy Losbar (Président du Conseil Départemental de Guadeloupe), Louis Mussington (Président du Conseil Territorial de Saint-Martin), Gabriel Serville (Président de la Collectivité Territoriale de Guyane) et Ben Issa Ousseni (Président du Conseil Départemental de Mayotte), s’inscrivent aujourd’hui en mode vigilance. Affichant une relative satisfaction à l’égard des mesures annoncées dans le cadre du CIOM, ils souhaitent désormais les voir se concrétiser, et restent également dans l’attente du second rendez- vous promis par le chef de l’Etat Emmanuel Macron, celui qui sera consacré à l’évolution institutionnelle des territoires ultramarins qui s’inscrivent dans cette démarche.

VEILLER À L’APPLICATION CONCRÈTE DES MESURES

Les présidents des Collectivités ultramarines se réunissaient donc samedi dernier en Guadeloupe, en présentiel et en distanciel, et signaient conjointement un courrier adressé au président Emmanuel Macron dont l’objet ne laissait planer aucun doute : « Les suites du 7 septembre 2022 », le CIOM ne constituant pas une finalité. La date du 7 septembre 2022 correspondant en effet au rendez-vous que leur avait fixé le chef de l’Etat suite à l’Appel de Fort de France, au cours duquel des engagements avaient été pris afin de poser les jalons d’une réflexion des relations nouvelles entre l’Etat central et les territoires ultramarins, ces derniers présentant tous des spécificités propres. Dans le courrier adressé au chef de l’Etat ce samedi 29 juillet dernier, tout en « saluant l’organisation du CIOM et les mesures qui y ont été arbitrées », considérant toutefois que « certaines méritent d’être approfondies et débattues », les signataires indiquent qu’il s’agit désormais de « veiller à leur application et d’amplifier les actions très concrètes pour l’amélioration des conditions de vie des populations, en cohérence avec les stratégies de développement décidées localement ». Les présidents des Collectivité ultramarines rappellent en outre au président Macron son engagement pris pour mettre en place de prochaines réformes constitutionnelles répondant « aux besoins de mise en cohérence des compétences, des pouvoirs et des moyens dédiés à leur mise en oeuvre dans une différenciation (…) ». Le courrier évoque encore le « récent changement gouvernemental » et souhaite que le président Macron confirme sa « détermination à accomplir ce chantier au côté des peuples des Outremer (…). Enfin, les élus ultramarins proposent une prochaine rencontre à l’Elysée pour la fin du mois d’août et espèrent voir se pérenniser cette réunion annuellement.

« S’INSCRIRE DANS UN RAPPORT DE FORCE »

A l’issue de cette réunion de samedi dernier, Ary Chalus, le président du Conseil régional de la Guadeloupe, indiquait qu’il avait espoir que d’autres collectivités d’Outre-mer se joignent à eux, en l’occurrence la Polynésie et la Nouvelle Calédonie, ainsi que Saint-Barthélemy et Wallis et Futuna : « Tous ensemble nous serons plus forts et mieux entendus par l’Etat », a-t-il commenté. Quant à Serge Letchimy, le président de la Collectivité territoriale de Martinique, il concédait s’inscrire dans un rapport de force avec l’Etat central, eu égard à la biodiversité, à la puissance maritime, et à la géostratégie que confèrent les territoires ultramarins au pays: « La France ne respirerait plus si les 97% de sa surface maritime venait à disparaître », a-t-il indiqué, insistant sur les mesures du CIOM qui restent pour l’heure des « déclarations d’intention, ne traduisant pas de véritables politiques publiques ».

A noter politiquement parlant, le président Macron qui a été réélu en mai 2022 pour un second mandat, n’avait pas bénéficié de la faveur des votes de la majorité des territoires ultramarins dont les résultats des urnes ont été sans appel, avec à une préférence marquée par les électeurs pour les partis extrêmes, (La France Insoumise et le Rassemblement National)… Le rapport de force se situe sans doute là aussi, permettant peut-être de redorer le blason de la majorité présidentielle dans les territoires ultramarins, peu enclins à courber l’échine et surtout déterminés à aller au bout de la démarche entamée avec l’Appel de Fort-de-France…