Une visite au pas de course… mais le lien est créé
Intense, la visite du ministre délégué Philippe Vigier sur les terres saint-martinoises n’aura duré qu’une petite journée. Des temps forts toutefois durant cette journée : un échange à l’hôtel de la Collectivité avec les élus, la pose de la première pierre du projet d’extension de l’hôpital Louis Constant Fleming et une table ronde organisée en fin de journée avec les socioprofessionnels.
LES « CADEAUX » ANNONCÉS PAR LE MINISTRE
Philippe Vigier, le ministre délégué chargé des Outre-mer, nommé à cette fonction en juillet dernier, posait les pieds sur le tarmac de l’aéroport de Grand Case en début de matinée de la journée de mercredi. Arrivé directement à l’Hôtel de la Collectivité, le ministre Vigier a d’abord rencontré les élus de l'exécutif, le président et ses quatre- vice-présidents, puis l’ensemble du conseil territorial. Des échanges que le ministre, à sa sortie de l’Hôtel de la Collectivité, a indiqué s’être déroulés dans la confiance mutuelle. Après avoir écouté les doléances multiples du président Louis Mussington, eu égard aux différentes problématiques rencontrées localement, la dépendance de Saint-Martin de l’extérieur et de ses crises successives et récurrentes, la vie chère, la tension dans le secteur du logement, le prix de l’aérien et la continuité territoriale, la fragilité du secteur touristique principale activité économique, les forts taux de chômage et la situation inquiétante de la jeunesse…, le ministre délégué a précisé aux élus qu’il pouvait leur annoncer plusieurs bonnes nouvelles : Une augmentation de 10% du Contrat de Convergence et de Transformation (CCT), le portant pour la prochaine période à 44M€ ; Une augmentation de 23 M€ du budget 2024 dédié à la continuité territoriale, par rapport au budget de 2023 ; l’intervention d’Action Logement enfin actée pour Saint-Martin ; une rallonge de 3M€ pourrait être actée pour le chantier du numérique à Saint-Martin entrepris par la SAS Tintamarre. Le ministre a également été à l’écoute de la préoccupation des élus s’agissant du vieillissement de la population et de l’urgente nécessité de construire un nouvel EHPAD. Attentif aussi à la jeunesse et la dérive de certains jeunes, Philippe Vigier a assuré mettre à l’étude avec ses collègues ministres compétents, le dossier de l’implantation d’une antenne du RSMA à Saint-Martin.
RICHES ÉCHANGES AVEC LES SOCIOPROFESSIONNELS
Une table ronde organisée au restaurant Coco Beach de la Baie Orientale, réunissait les représentants des différentes associations de professionnels et de la société civile (FIPCOM, CCISM, FTPE, BTP, Club du Tourisme, CESC, Métimer). Chaque représentant exposait les problèmes rencontrés par les professionnels. L’annonce brutale de l’amendement dans le cadre du projet de Loi de Finance 2024 portant sur la suppression de dispositifs de défiscalisation dans les secteurs prégnants pour Saint-Martin qui sont les produits de location saisonnière et les locations de véhicule ainsi que sur les chauffeeau solaires a évidemment été posée sur la table.
DÉFISCALISATION, ASSURANCES, AÉRIEN…
Michel Vogel de la FIPCOM, se félicitant de l’augmentation de 7% du budget pour les outremer pour 2024, a néanmoins expliqué ses inquiétudes pour les entreprises saint-martinoises qui sont de petites structures et dont la défiscalisation permet le renouvellement des parcs de véhicules et l’amélioration des structures d’accueil des touristes. Le ministre a tenu le même discours que celui qu’il prononce depuis le tollé de la sortie de cet amendement : « nous décidons d’abandonner ces trois niches fiscales pour lesquelles il y a eu de nombreuses dérives, mais nous serons attentifs à l’atterrissage pour les petites structures ». Il a par ailleurs rappelé que d’autres projets de défiscalisation représentant 4 milliards d’euros allaient être mis en œuvre, dont celui sur les véhicules électriques, et les territoires ultramarins seraient gagnants. Le premier vice-président Alain Richardson a fait remarquer que l’électricité était produite sur l’île à partir de fuel… Le sujet des assurances a été questionné par Jeanne Vanterpool (FPTE), dont la difficulté d’obtention d’une assurance décennale pour les entreprises du bâtiment, alors que les entreprises de l’Hexagone pouvaient obtenir les agréments nécessaires pour travailler à Saint-Martin. Des contraintes également confirmées par Patrice Seguin (Club du tourisme) qui a relevé aussi les coûts de la construction qui restent 15 à 20% supérieurs à ceux observés en Guadeloupe. Philippe Vigier a concédé que cela était scandaleux et promettait une rencontre prochaine avec le président de la fédération nationale des assurances. Béatrice Wojcik (Métimer) a posé la question de la défiscalisation du carburant qui n’est pas appliquée à Saint-Martin. « Les professionnels de la mer paient le même que prix du litre que tout le monde alors qu’en Guadeloupe ou en Martinique, ce tarif est réduit de moitié du fait des réductions de taxe », a-t-elle indiqué. Elle a également évoqué la zone de pêche de Saint-Martin, enclavée entre celles d’Anguilla et de Sint Maarten. Tous ont par ailleurs évoqué le prix de l’aérien, un frein à la fréquentation touristique.
LE PRÉSIDENT ATTENDU AU MINISTÈRE LE 22 NOVEMBRE
Si le ministre Vigier n’a pas répondu à l’ensemble des questions et remarques qui lui étaient soumises, il a toutefois assuré avoir pris bonne note et que des réponses seront apportées. Il a confirmé que le président Mussington et ses équipes étaient attendus à Paris les 22 et 23 novembre prochains pour assurer une continuité sur ces dossiers et également avancer le travail dans le cadre de la mise en place de la feuille de route s’agissant des mesures du CIOM, dont les 10 qui concernent spécifiquement Saint-Martin. Le lien est désormais bel et bien créé entre le ministre et Saint-Martin et le travail continue…
SATISFAISANT MAIS PAS SUFFISANT POUR LE PRÉSIDENT MUSSINGTON
A l’issue de cette journée de visite ministérielle, le président Mussington qui avait déjà rencontré Philippe Vigier dans son ministère de la rue Oudinot et également au Palais de l’Elysée avec le Chef de l’Etat, s’est déclaré satisfait de cette première visite du ministre sur le territoire qui s’est déroulée dans un climat de confiance et d’écoute. Actant toutefois le montant du prochain CCT, annoncé de 43M€ par le ministre, Louis Mussington a estimé que ces sommes restaient insuffisantes face à l’importance des travaux structurels encore à réaliser : les stades à rénover, les travaux de la Médiathèque à poursuivre, la construction de la Cité administrative, l’EHPAD, la route de contournement entre Galisbay et Grand Case… : « Avec les sommes annoncées, nous allons pouvoir débuter certains chantiers, mais cela reste insuffisant. Nos besoins sont estimés à 20M€ par an… », a-t-il confié en fin de journée.
Hôpital : le difficile transfert des poches de sang
A l’occasion de la pose de la première pierre du projet d’extension du centre hospitalier de Saint-Martin, le ministre Vigier a été à la rencontre des personnels soignants. Les difficultés rencontrées pour le transfert des poches de sang a été souligné et Philippe Vigier, biologiste de profession, y a été sensible. Il a annoncé que dans le cadre du soutien financier de l’Etat à la COM pour la reprise de la compagnie Air Antilles, le cahier des charges devra définir les conditions de transfert de ces poches de sang par la compagnie aérienne.
Reprise d’Air Antilles
Le ministre Philippe Vigier a félicité la Collectivité pour son implication dans la reprise de la compagnie Air Antilles. Il a assuré le soutien de l’Etat dans ce dossier, qui pourrait passer par un prêt de l’Agence Française de Développement à la Collectivité de Saint-Martin. A la question posée de savoir si l’Etat pourrait entrer dans le capital de la Société d’Economie Mixte, dont la Collectivité est actionnaire pour l’heure à 60%, le ministre a répondu que « L’Etat n’est pas un avionneur et que sa vocation n’est pas d’entrer dans le capital d’une compagnie aérienne… ». Pour autant, l’Etat français est bien actionnaire à hauteur de 28% du capital du groupe Air France- KLM… Quoi qu’il en soit, nous l’avons compris, le soutien de l’Etat pour cette reprise de la compagnie aérienne Air Antilles devra se traduire par des emprunts.