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Saison cyclonique : plus de moyens logistiques et de coordination

Par Ann Bouard
10 May 2022
Après la présentation du dispositif et des moyens mis en œuvre par l’armée vendredi dernier, c’est la logistique terrain qui était abordée hier lors d’une réunion en présence des principaux acteurs du territoire. Une communication lancée traditionnellement par la Collectivité le 1er juin, date officielle du début de saison, mais que le Préfet des îles du nord a souhaité plus précoce cette année, non pas pour anticiper la date mais pour que tous soient mieux préparés en amont.
Les services de la Préfecture ont présenté l’organisation-terrain aux socio-professionnels de l’île en présence des organismes de secours, de la gendarmerie, de la police territoriale, des pompiers, de la SNSM, et d’un représentant de Sint-Maarten. Le Préfet Vincent Berton et le 1er vice-président de la Collectivité, Alain Richardson (le président Mussington ayant été retenu ailleurs), ont assuré conjointement cette présentation.
 
Le Préfet, directeur des opérations
 
Pour rappel en cas de catastrophe naturelle et comme le stipule la loi française, c’est le Préfet qui devient directeur des opérations. C’est à lui que revient la coordination de tous les intervenants, la communication, la mobilisation des moyens publics ou privés sur le territoire, ou encore la commande du dispositif ORSEC et la validation du passage entre les différents niveaux de vigilance. Pour mémoire ceux-ci vont du jaune au violet (pendant le cyclone) puis gris (après le passage) et à chaque niveau correspondent des actions ou des comportements précis pour la population. Une information sur ces différents niveaux sera diffusée dès le mois de juin par la Collectivité.
 
Les moyens de la Collectivité
 
Actuellement sept abris sont opérationnels, soit 1500 places. Alain Richardson souligne qu’une attention particulière sera portée aux résident du Manteau de Saint-Martin et aux personnes vulnérables. La Collectivité est d’ores et déjà dans la phase de préparation : le plan de contingence devra être prochainement communiqué, le plan territorial de sauvegarde sera à disposition dès le 1er juin, un fascicule sera distribué à la population, le nettoyage des ravines, l’enlèvement des encombrants, etc se poursuivent.
Cependant Alain Richardson a tenu a rappeler que les infrastructures portuaires et aéroportuaires (avec rallongement de la piste de l’aéroport de Grand Case) n’avaient pas évolué depuis cinq ans alors qu’elles constituent une priorité puisque les deux moyens d’accès pour les secours ou renforts éventuels. Pour le Préfet, le port et aéroport sont effectivement deux organes vitaux pour l’arrivée des secours. L’objectif sera donc de rendre la piste d’atterrissage opérationnelle notamment en veillant au nettoyage des abords de l'aéroport afin de limiter les projectiles potentiels. Concernant le port, un entrainement au débarquement de troupes françaises et néerlandaises est prévu les 20 et 21 juin.
Il faudra cependant attendre la fin de la construction de la médiathèque, à priori l’année prochaine, pour que la Collectivité dispose d’un centre de gestion adapté. Celui-ci devrait permettre de créer 300 places supplémentaires pour accueillir la population, dont 60 lits médicalisés.
 
Des alertes décuplées
 
Les dispositifs d’alertes seront accrus. Ceux que l’on connaissait déjà (réseaux sociaux, médias, patrouilles véhiculées à l’approche de l’événement) seront renforcés et la nouveauté sera l’installation, d’ici la fin du mois, de trois sirènes. Elles seront positionnées sur l’ancien hôpital de Marigot (à proximité du fort), à Quartier d’Orléans et à Grand Case. Ces sirènes, activées par une application en Préfecture, émettront un signal en fonction du seuil de vigilance. Les personnes en charge de leur fonctionnement bénéficieront d’une formation les 1er et 2 juin prochains en Martinique.
Le média privilégié pour la diffusion des alertes mais aussi pour tenir compte de la situation sera la radio, car celui qui résiste le mieux … mais jusqu’à un certain point. Pour pallier toute interruption, dix-huit personnes seront dédiées au rétablissement des communications. Trois spécialistes des télécommunication seront positionnés dans un bunker à Pic Paradis et quinze personnes le seront à l’aéroport. A noter que depuis Irma, le réseau a été largement enterré et que le câble a été dédoublé (un de Bordeaux et un de New York) afin que les connections internet soient le moins impactées possible.
 
Organiser résilience et collaboration
 
Le vice-président Richardson a émis le souhait d’une formation dédiée dans le cadre du RSMA afin de pouvoir disposer sur le territoire d’une structure, un corps de renfort, qui permettrait de mieux gérer la population en attendant l’aide extérieure. Un point qui figure parmi les sujets qui seront abordés dès cette semaine lors d’une réunion en Guadeloupe entre le Préfet de Saint-Barthélemy et Saint Martin et les responsables du RSMA. L’idée est là encore de pouvoir renforcer les capacités de résilience du territoire. La coordination avec la partie néerlandaise de l’île devrait être elle aussi accentuée, la Collectivité de Saint-Martin souhaitant mettre en place une gestion de crise commune, une communication partagée et un échange d’officiers de liaison.

Tirer les leçons d’Irma
 
Pour l’anniversaire des cinq ans d’Irma, le BRGM (l'établissement public français pour les applications des sciences de la Terre) et l’université de Montpellier organiseront une rencontre avec les élus le jeudi 19 mai, puis avec les conseils de quartiers dans leurs locaux les 20 et 21 mai prochains.
Un autre volet, tiré de l’expérience post Irma, est la mise en place de moyens pour lutter contre les pillages. Des patrouilles de la gendarmerie, de la police aux frontières et de la police territoriale seront effectuées dès la fin de l’événement. La surveillance sera accrue dans les zones économiques (Marigot – Hope Estate) et aux abords des sites sensibles (hôpital et stations-services) et des points de blocages seront organisés dans les ronds-points, que seules les personnes autorisées pourront franchir.
Chacun a sa responsabilité dans la phase préparatoire comme dans la conduite à adopter après le passage d’un phénomène majeur. Dès le mois de juin, la population est donc invitée à nettoyer les abords de son habitat, à évacuer les encombrants, à être solidaire avec le voisinage et à préparer un kit d’urgence. Dès l’alerte lancée, il convient de limiter les déplacements et de veiller à la mise en sécurité des personnes mais aussi des animaux. La sécurité civile est l’affaire de tous !
Ann Bouard