Après avoir été les oubliés de la République, les citoyens français des Outre-mer seraient-ils aujourd’hui traités inégalement ?
Les territoires ultramarins ne sont pas dans la boucle des campagnes de Com’ lancées par le gouvernement, ses ministères et autres organismes satellites… Afin que les autorités locales, élus, parlementaires, représentants de l’Etat prennent la mesure de ce constat et éventuellement interviennent en haut lieu, ce premier éditorial de l’année souhaite sinon dénoncer, du moins mettre en exergue, ce qui semble être de la part du gouvernement français un traitement inégal des citoyens ultramarins par rapport à ceux de l’hexagone. A moins que cela ne soit « pêcher » par ignorance ? Nous en doutons…
LA FRANCE, LE SEUL PAYS AU MONDE OÙ LE SOLEIL NE SE COUCHE JAMAIS…
La France se dit fière de l’immensité de l’étendue de son territoire… Dès qu’il s’agit de parler des Outre-mer, les politiques, tous bords confondus, n’ont de cesse de (se) rappeler que ces territoires représentent la richesse, la diversité, les puissances maritime, stratégique et géopolitique de la France par son rayonnement dans le monde... La France n’est-elle pas le seul pays au monde où le soleil ne se couche jamais, dixit notre éminent confrère et écrivain Richard Labévière ? Des fiertés qui se rappellent au bon souvenir des politiques français, surtout en périodes électorales et post-électorales, notamment celles d’avril et de juin derniers, où les revers de la part de ces territoires ultramarins se sont puissamment fait ressentir à l’endroit de ceux qui ont pourtant remporté ces élections. Comme un désaveu, un désamour… Car les citoyens ultramarins ne sont pas dupes. Derrière le passage de la pommade, la réalité est toute autre. Historiquement, ils en ont souvent fait les frais et, si d’oubliés ils sont montés en grade, à celui de citoyens français des Outre-mer, il n’en reste pas moins que le traitement à leur endroit de la part du gouvernement français reste toujours inégalitaire.
LES ULTRAMARINS SONT LES OUBLIÉS DES CAMPAGNES DE COM’ NATIONALES
Preuve en est s’agissant des campagnes de communication nationales lancées par l’État central, ses ministères et autres organismes satellites. Pour le seul mois de décembre, pas moins d’une dizaine de campagnes ont été menées, traitant toutes de sujets éminemment prégnants pour notre territoire, Collectivité d’Outre-mer de Saint-Martin : le VIH ; la sécurité routière ; le service national universel ; le tri des déchets ; le nouveau service en ligne : formalite.entreprises.gouv.fr ; l'assistance pour les personnes maitrisant mal les outils numériques ; etc. etc. Seulement l’une d’elles, celle sur la sécurité routière, a effleuré les pages des organes de presse locale, à raison d’une seule insertion…
MÉCONNAISSANCE DE NOS STATUTS PARTICULIERS OU VOLONTAIRES COUPES BUDGÉTAIRES ?
Des campagnes menées tambour battant dans la presse écrite et la presse web de l’hexagone avec les financements correspondants, pour marteler des messages aux enjeux nationaux, sur la sécurité, la santé, l’environnement… Tous des sujets qui restent des pouvoirs régaliens, jusqu’à preuve du contraire. Et même pour nous Collectivité d’Outre-mer de Saint-Martin régie par l’article 74 de la Constitution, qui avons, certes, gagné une autonomie relative dans certains domaines. Mais la Santé, la Sécurité et l’Environnement sont encore sous l'égide de l'Etat français. DROM et COM sont bel et bien régies pas des statuts particuliers strictement définis par des Lois Organiques, elles-mêmes inscrites dans la Constitution Française. Les services communication du gouvernement ignoreraientils ce qui reste pourtant un diktat constitutionnel ? Permettez-nous d’en douter… La logique de restriction budgétaire semble plutôt vraisemblable.
Pour nous, petit organe de presse locale, qui ne (sur)vivons que des subsides des annonceurs publicitaires, au-delà du manque à gagner par le défaut de cette manne financière qui nous viendrait de Paris, notre esprit critique de journaliste nous oblige à décrypter un message subliminal étonnant, voire déconcertant, qui fait jour dans cet « oubli récurrent » émanant de notre gouvernement à inscrire dans sa boucle de communication nationale la presse écrite et web des DROM-COM* : une inégalité de traitement dans la diffusion de l’information !
CITOYENS À PART ENTIÈRE OU ENTIÈREMENT À PART ?
Alors entre citoyens français à part entière ou citoyens entièrement à part, la frontière restera confuse tant que le gouvernement n’agira pas de façon équitable envers tous, et en l’occurrence déjà dans ses messages et campagnes de communication nationales censées s’adresser à TOUS les citoyens français, de l’Hexagone ET des Outre-mer.
Et un moyen d’y remédier serait sans doute que nos élus et nos parlementaires, nos représentants de l’Etat s’emparent de la question afin de poser à Paris les bonnes questions. A notre niveau, au travers de cet édito, nous espérons parvenir à les convaincre, mais également interpeller nos lecteurs, des citoyens français des Outre-mer.
* La Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, La Réunion et Mayotte forment les départementsrégions d'outre-mer (DROM) ; Wallis et Futuna, la Polynésie française, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et Saint-Pierre-et-Miquelon forment les collectivités d'outre-mer (COM).