Bike life … no life ?
16 December 2022
La bike life, c'est piloter un engin de motocross la roue avant levée, théoriquement en ligne droite et le plus longtemps possible. Cela suscite une montée d’adrénaline qui plait aux jeunes, mais ne fait pas les affaires de la sécurité routière. Sur l’île la pratique ne date pas d’hier, la métropole commence à en faire état et à se pencher sur les dérives que cela peut générer. Les premières assises de la sécurité routière de Saint-Martin se tenaient mardi. L’objectif, trouver des solutions pour remédier à ces comportements routiers dangereux pour les pratiquants mais aussi pour tous les usagers de la route. Au-delà des deux roues, c’est l’ensemble des délits routiers qui ont été évoqués.
Le constat fait par la Préfecture est que les comportements à risques perdurent, et qu’aucune amélioration n’est constatée depuis vingt ans alors que partout ailleurs cela baisse. Cinq morts sur les routes de la partie française, cette année. Le Préfet a indiqué que ces assises n’avaient pas pour vocation de faire la morale mais bien de trouver des solutions pour que « la notion de Friendly Island ne s’arrête pas au bord de la route ». La matinée, à travers différentes interventions était d’aborder sans tabou la réalité. Un point de départ, souhaité par Vincent Berton pour repartir sur une nouvelle année … de sécurité ! Collectivité, Préfecture, Éducation Nationale, forces de l’ordre, associations, ont donc décidé de conjuguer leurs efforts et leurs moyens, d’être force de proposition, pour changer ces comportements.
Proposition concrète du Parquet à l’Éducation Nationale
Xavier Sicot avait fait le déplacement de Guadeloupe car le sujet est effectivement important pour le procureur qu’il est. « La délinquance routière est une réalité, et si la situation est un peu meilleure que ce qu’elle a été, grâce notamment aux contrôles des forces de l’ordre, il n’en demeure pas moins que des familles sont ravagées par le décès subi d’un enfant. Tous les accidents de la route se terminent devant un tribunal et là les magistrats prennent la souffrance en pleine figure ». Le Procureur de la République a proposé que le parquet s’associe à l’Éducation Nationale pour que les jeunes assistent aux audiences et prennent ainsi la mesure des conséquences de leur insouciance. Leur faire prendre conscience que celle-ci peut leur gâcher toute la vie, est une démarche d’ores et déjà menée à Basse Terre. « Il faut aller chercher les jeunes, leur expliquer et faire de la prévention car lorsque l’on est dans la répression, c’est déjà trop tard ». Mais, la répression ne sera pas pour autant abolie pour ceux qui ne veulent pas intégrer les règles. C’est à force de relayer le message de la prévention sur le terrain, que l’on pourra toucher les cibles.
Une proposition saluée par le vice-recteur favorable à une coordination des efforts, tout comme après la théorie à l’instauration de la pratique dans les établissements scolaires. Cependant pour Harry Christophe, il faut également lutter contre l’impact des réseaux sociaux. En effet, les vidéos des exploits, en deux roues sont légion et certains sites avec force de produits dérivés font l’éloge de la pratique de la bike life.
Des contrôles routiers qui vont perdurer
Le Général, commandant de la gendarmerie de Guadeloupe et des Iles du Nord, avait lui aussi fait le déplacement, même s’il le reconnait avec une pointe d’humour les gendarmes sont les moins bien placés pour parler du sujet. Les contrôles sont certes un moyen de faire cesser les infractions mais il en appelle aussi à l’ensemble de la population pour sensibiliser aux drames de la route … car c’est une épreuve pour chaque gendarme qui doit annoncer un décès à une famille. Pour lui Saint-Martin est dans un tournant, avec un mouvement collectif qui devrait faire évoluer les choses pour améliorer la sécurité. Des moyens supplémentaires vont être mis en place tel que deux contrôles laser supplémentaires pour compléter celui mis en fonctionnement il y a six mois, des motos envoyées de Guadeloupe, etc …
Une semaine d’actions … pour préparer l’avenir
Plusieurs actions avaient d’ores et déjà été listées et proposées en préambule des tables rondes de ces assises comme un concours de customisation de casques pour donner l’envie de le porter. Une action qui avait été d’ailleurs testée par le CSI à Quartier d’Orléans il y a quelques années. Autre sujet, qui revient sur le devant la scène la fameuse piste dédiée aux deux roues dont on parle depuis de nombreuses années et dont le dossier est à nouveau sur la pile des demandes à la Préfecture. Miguel Mingaud (Aman, l’association des motards de Saint-Martin) en a fait son cheval de bataille, mais les démarches administratives semblent s’enliser. L’idée est de cadrer les jeunes en leur mettant à disposition un circuit avec pour objectif de combattre les runs sauvages. Les jeunes qui participeront aux courses devront s’engager à ne pas participer à ces runs et cela permettrait également en collaboration avec l’association Sécurité Routière SXM de distiller une pédagogie sur les comportements routiers, pour les motos, mais aussi pour les plus jeunes à vélo. Le Préfet assure ne pas vouloir bannir les courses de motos et que le circuit pourrait permettre aux talents de Saint-martin de s’exprimer, mais … il faut le sécuriser et cela demande encore un travail.
La Collectivité sur le terrain
Bernadette Davis, a suggéré que pour chaque moto ou scooter acheté il y ait l’obligation d’acheter un casque et si la customisation des casques est à l’ordre du jour pourquoi ne pas soutenir une entreprise de customisation portée par des jeunes. Plus concrètement, la Collectivité avec la participation de l’Etat a déjà fléché un budget de 200 000 € pour la signalisation et des barrières, prévu en 2023, tout comme l’éclairage public en fin d’année prochaine pour un coût de 15 millions. La fourrière automobile est également à l’étude afin d’apporter une solution dans le cas des saisies de véhicules par les forces de l’ordre.