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Crise sociale : «La loi de la rue, ça suffit !»

03 December 2021
Depuis mardi, les quartiers de Sandy Ground et de la Baie Nettlé sont la proie de violences urbaines dominées par 30 à 40 individus, qui n’ont fait part pour l’heure d’aucune revendication. La tension est montée crescendo pour atteindre son apogée dans la journée d’hier, avec des tirs à balles réelles sur les forces de l’ordre. Un gendarme a été blessé hier, et depuis mardi et ce sont au total 7 militaires qui ont été blessés, dont deux grièvement.
 
Entre mardi et mercredi, neuf véhicules et autres objets ont été incendiés, deux supérettes chinoises, une laverie et un restaurant ont été pillés et saccagés. Le supermarché de Howell Center a également fait l’objet d’une tentative de cambriolage. Si les violences urbaines et les émeutes restent depuis le début de cette semaine concentrées sur les seuls quartiers de Sandy Ground et de la Baie Nettlé, c’est néanmoins toute l’île qui est une nouvelle fois entachée par cette image dégradée, à l’aube de la nouvelle saison touristique. « Ils sont entre 30 et 40 individus à vouloir faire régner la loi de la rue, sans revendications précises, et s’en prennent violemment aux biens de personnes, au produit du travail de commerçants… Des exactions perpétrées sans réel motifs, à part celui de voler. Cela n’est pas acceptable, et je dis haut et fort, ça suffit ! », s’exclamait mercredi Serge Gouteyron lors d’un point presse à l’issue d’une réunion tenue avec les représentants de socioprofessionnels. « Pour les journées de mardi et mercredi, la population a eu l’impression que les forces de l’ordre n’étaient pas présentes, et je le regrette. Pour autant, elles étaient bien présentes et ont réussi à déjouer d’autres méfaits », continue le préfet qui évoquait comme raison à ces émeutes, peut-être « un mimétisme avec ce qui se passe en Guadeloupe et en Martinique ».
 
Promesse d’interpellations et d’expulsions
 
Mercredi, un seul individu avait été interpellé. Le préfet assurait que d'autres interpellations auraient lieu dans les prochains jours et « si ces personnes sont en situation irrégulière sur le territoire, elles seront sans délai expulsées vers leur pays d’origine ». « 3600 personnes vivent à Sandy Ground qui aspirent à la paix. Ce ne sont pas quelque 40 qui vont venir semer la pagaille en toute impunité ». Si le préfet expliquait que « avoir recours à la répression est un échec dans la République », il concédait toutefois devoir y avoir recours pour un retour à l’ordre.
 
Nouveaux violents affrontements hier
 
Et au cours de la nuit de mercredi à jeudi, d’autres violents affrontements ont eu cours entre les forces de l’ordre et les émeutiers, au niveau du pont de Sandy Ground. « Alors que les gendarmes rentraient dans Sandy Ground afin d’y retirer les épaves et rendre libre la circulation, elles ont été pris à parti par les jeunes de la rue qui leur ont jeté des pierres et tiré dessus avec des armes de paint-ball, munies de projectiles en billes de verre. Les gendarmes ont riposté avec des bombes lacrymogènes (… ) nous sommes restés sur la défensive et mes hommes n’ont jamais utilisé d’armes létales », explique le Lieutenant-Colonel Maxime Wintzer. Dans la matinée de jeudi, le préfet s’est rendu sur place et est allée à la rencontre des jeunes pour semble-t-il renouer le dialogue, même si les échanges ont été vifs. Toutefois, à la suite et peu avant 11 heures, les affrontements sont montés crescendo entre les forces de l’ordre et les jeunes, laissant tétanisés les résidents et les touristes de la Baie Nettlé. Les gendarmes ont procédé à l'interpellation d'un individu circulant en deux-roues, lancé à plus de 100km/h qui a tenté de foncer sur eux.
 
Un gendarme blessé par balles réelles
 
« A la suite de l’interpellation de l’individu circulant sur le deux-roues (portant à deux le nombre d’interpellations depuis mardi, NDLR), il y a eu une détonation et l’un de mes hommes a été à terre. Pendant que nous l’évacuions, nous avons fait l’objet de deux autres salves de tirs… », poursuit le lieutenant-Colonel. « ll y avait là une volonté délibérée de tuer », renchérit le préfet Gouteyron, lors d’un point presse effectué hier en fin de journée. Si les jours du gendarme blessé par balle ne sont pas en danger, cet incident majeur a fait encore monter d’un cran la tension entre les forces de l’ordre et les individus de la rue. Deux fronts se sont installés dans la zone, l’un côté Baie Nettlé, l’autre, côté rond-point du cimetière, et pendant plusieurs heures, il y a eu avancée puis recul de part et d’autre. La situation a fini par se calmer dans le courant de l’après-midi d’hier, « mais c’est le statuquo », concluait Maxime Wintzer.
 
Couvre-feu, vente de carburant interdite et demande de renforts
 
Le préfet Gouteyron annonçait hier soir avoir pris des mesures pour sécuriser la zone et ses habitants : un couvre-feu a donc été décrété pour Sandy Ground entre 21h et 5h pendant 24h, depuis hier, ainsi que l’interdiction de vendre de l’essence pour l’ensemble des points de vente d’essence situés dans le quartier de Sandy Ground, toujours pour une durée de 24h. De même, hier soir, des renforts en hommes, en matériel et en unité spécialisé, sont arrivés sur le territoire. « Notre objectif est de trouver les tireurs et ceux qui détiennent des armes, et on les trouvera, insiste Serge Gouteyron qui appelle de ses voeux à un retour au calme.