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Embouteillages : y a-t-il vraiment des solutions ?

Par Ann Bouard
08 April 2025

Le trafic sur les routes saint-martinoises a baissé, selon le cabinet Transitec, qui a été missionné par la Collectivité, pour étudier le problème de la circulation sur le territoire. Pourtant, ce n’est pas le ressenti des usagers qui chaque jour de la semaine sont confrontés à des embouteillages à n’en plus finir. Décryptage d’un premier diagnostic déroutant.

Lors d’une conférence de presse la semaine dernière, le 1er vice-président de la Collectivité, Alain Richardson, a fait le point sur le schéma territorial de déplacement de Saint-Martin, initié depuis octobre 2024. La Collectivité a en effet décidé de revoir les principes d’organisation du transport de personnes et de marchandises, mais aussi la circulation routière et le stationnement. Dans cette optique, elle a fait appel au cabinet Transitec, un bureau d'études indépendant créé en 1954 en Suisse et spécialisé dans les problématiques de mobilité.
Cette nouvelle étude est réalisée en quatre phases : un diagnostic, des scénarios d’action, l’élaboration du plan d’action et l’élaboration des documents de synthèse, soit un accompagnement prévu sur dix ans (2025-2035).
Comme bien souvent, en faisant appel à un cabinet ne connaissant pas le territoire, toute étude doit débuter par une prise de connaissance des enjeux, une compréhension du contexte et des entretiens avec les acteurs locaux. C’est ce qui a été fait pendant cinq mois pour aboutir à un premier état des lieux.

Des comportements à revoir

«L'infrastructure (comprendre la Nationale 7), tel qu'elle est dimensionnée, est en mesure d'écouler le trafic actuel», a commenté Pauline Mancineiras, cheffe de projet chez Transitec, d’autant que le bureau d’étude indique que l’on enregistre « une baisse d'environ 10% sur les cinq dernières années» (selon les secteurs de la RN7 ce sont entre 7000 et 10 000 voitures par jour).
Les embouteillages viendraient donc des comportements individuels. Un constat partagé par le président de l’association BipBip Coyote, qui note que beaucoup de ralentissements sont dus, selon ses termes, à une « incivilité permanente de bon nombre de personnes qui se sentent seuls sur les routes, se garent n’importe comment, sur les trottoirs ou avec une partie du véhicule sur la route, des bus qui prennent ou déchargent n’importe où toutes les 5 min sur la chaussée sans utiliser les emplacements dédiés sur le côté, ou encore les camions de livraison faute de zones de déchargement suffisantes qui se garent au plus près de la porte de leurs clients ».

Voiture électrique, une gageure ? 

66% des Saint-Martinois ont au moins une voiture et 75% des usagers utilisent leur voiture pour aller au travail, indique l’étude qui se base sur une population de 27 515 personnes sur la partie française (?).
Dans un contexte environnemental soumis aux catastrophes naturelles, au réchauffement climatique, et à une dégradation de la qualité de l’air, le premier enjeu est de diminuer les gaz à effet de serre. Priorité serait donc donnée à la limitation des déplacements (nombre et distances) et à l’abandon de la voiture individuelle au profit des transports collectifs, voire du vélo ou de la marche ! Mais, toujours selon l’étude,  actuellement, les aménagements pour les piétons sont insuffisants, insécures, et dangereux du fait de la proximité de la route et du manque d’éclairage. L’étude porte également sur le stationnement, jugé sous exploité, à Marigot, ou mal géré à Grand Case. Ces espaces publics pourraient être réattribués aux piétons et aux cyclistes…
Dans un second temps, la recommandation est de convertir le parc automobile vers l’électrique. Pour Transitec cela implique un développement de productions d’électricité décarbonée, le déploiement de bornes de recharge et des aides financières à l’acquisition de véhicules électriques pour les entreprises et les particuliers.
Tout cela en adaptant les infrastructures aux contraintes géographiques, aux réservoirs de biodiversité, en desservant les lieux naturels touristiques sans leur nuire et en évitant les axes structurants dans les zones à risques face aux risques naturels ! Sans oublier l’afflux de touristes en saison ; 2 millions de touristes sur 5 mois selon l’IEDEOM.

Durant les douze prochains mois, le bureau d’étude devra approfondir ces recommandations et surtout juger de leur faisabilité. A suivre…

Ann Bouard