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Revendications du Collectif : les réponses de l’Etat sur le volet formation

Par Ann Bouard
10 December 2021
Le Collectif des Collectifs souhaite défendre « les revendications légitimes de la population, comprendre la situation et trouver des réponses concrètes aux difficultés des habitants ». La réunion prévue en ce sens par la Préfecture la semaine dernière et reportée, a eu lieu mercredi avec cette même volonté pour le Préfet d’agir dans l’intérêt général. Autour de la table les services de l’Éducation Nationale et ceux de la DEETS ont donné de premiers éléments de réponses. Les choses avancent, pas à pas, mais avancent.
 
La liste des revendications du Collectif des Collectifs est longue mais deux points émargent : l’éducation et la formation. En préambule, le Préfet a en effet rappelé que l’éducation des enfants est un sujet prioritaire tout comme son corollaire, l’emploi et la formation. Il a indiqué qu’il tiendrait sa parole sur les sujets sur lesquels il a la maitrise et avec une méthode qui lui est propre, celle de travailler avec les représentants de quartier, les associations etc … Avec ses services, il a d’ores et déjà élaboré une fiche pour chaque sujet avec en regard de chaque problème des actions, concrètes. De son côté, le Collectif des Collectifs souhaite que soit trouvé une méthode de travail qui soit dans le respect et l’intérêt de Saint-Martin, pour que les choses avancent dans le bon sens. Il semblerait donc que le but final soit commun … reste à déterminer la manière d’y arriver et le temps nécessaire. Le Préfet assure que des concrétisation importantes verront le jour dès 2022.
 
Éducation : la réalité des chiffres
 
Le Collectif avance deux chiffres : 40% de la jeunesse ne travaillent pas, ce qui est une réalité et 12% des élèves seulement réussissent l’épreuve de lecture à leur entrée en 6e, pointant là un non-respect de l’égalité des chances auquel s’ajoute la barrière de la langue. Mais comme l’indique le vice-recteur Michel Sanz, pour avoir une vision objective il faut comparer ce qui peut l’être et ses services ont mis en place des indicateurs précis.
Sur l’année scolaire 2015-2016 au Collège de Quartier d’Orléans, 80% des élèves étaient anglophones et 18% hispanophobes. L’année dernière ils n’étaient plus que 60% d’anglophones alors que les hispanophobes atteignaient 30%. Privilégier uniquement l’anglais reviendrait à mettre à l’écart un tiers des élèves.
Sur les évaluations, au début du CP, en comparant par quartier similaire, les chiffres locaux sont identiques à ceux de la Guadeloupe. Du CE1 à la 6e, pas de différence non plus en mathématiques mais l’écart se creuse en français avec 15 à 20% de moins que l’Académie. Au niveau Brevet (3e), le collège de Quartier d’Orléans a cinq points d’avance sur les quartiers REP + de l’Académie et 7 points si l’on compare au national. Le taux de réussite au bac général est quasi identique à la métropole mais celui du Bac Pro lui connait un réel déficit.
La langue n’est pas la seule raison de ces résultats, l’absentéisme y a sa part. Un relevé des cahiers d’appels, fait dans trois écoles élémentaires pendant 5 ans, soit sur des élèves en CP en 2016 et en 6e en 2020, enregistre une absence cumulée de 10 mois soit une année scolaire entière ! Les parents ont leur rôle à jouer … certains ne vont dans les établissements que pour récupérer le certificat de scolarité et l’on sait pourquoi ! Dernier point inquiétant, la parentalité. La DEET fait un constat : sur 20 jeunes filles reçues, âgées de 16 à 18 ans, toutes avaient des enfants. Dans les points positifs, il y a cinq ans, 8% des jeunes en âge d’être scolarisés étaient hors circuit. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 1,8%.
 
Les réponses adaptées
 
A noter que la politique nationale et la politique par académie qui en découle sont applicables dans tous les territoires … sauf à Saint-Martin. Michel Sanz a en effet œuvré pour qu’elle soit adaptée et il y est arrivé. Saint-Martin bénéficie donc d’ores et déjà d’actions spécifiques qui évoluent chaque année et tiennent compte de cette réalité complexe. En réponse aux attente du Collectif, les services du vice-recteur répondent sur sept points.
1 – les résultats : si la marge de progression demeure importante les réussites de plus en plus d’élèves doivent être valorisées. A noter que le Campus connecté à Quartier d’Orléans va permettre de suivre des cours d’enseignements supérieur à distance.
2 – le multilinguisme : des classes bilingues, de la moyenne section de maternelle au CM1, existent déjà (avec de meilleurs résultats), français/anglais et français/espagnol. Une section Bac international devrait également bientôt voir le jour.
3 – les actions artistiques et culturelles (l’école est le premier endroit où les enfants ont accès à la culture) : ont déjà été créées une classe orchestre à Sandy Ground, une classe CHAM, etc.
4 – l’usage du numérique et l’accès à internet : deux projets ont été lancés et c’est désormais à la Collectivité de faire en sorte que les établissements soient équipés. Celle-ci a dégagé un crédit de 6 millions d’euros pour les équipements numériques.
5 - la lutte contre l’absentéisme : une cellule académique a été mise en place pour recevoir les familles et les accompagner.
6 – accès à la formation continue pour les personnels : elle devait se faire en Guadeloupe, désormais elle est possible in situ et l'offre a été multipliée. En parallèle, les enseignants d’origine saint-martinoise désireux de revenir sur le territoire vont pouvoir bénéficier de Postes à Profil qui facilite la mutation. 18 postes ont ainsi été attribués aux îles du nord, dont quatre postes bilingues.
7 – renforcer le lien école-famille : depuis trois ans les familles peuvent être reçues au vice-rectorat pour réaliser l’inscription des enfants, y compris en cours d’année, sans avoir recours à l’Académie en Guadeloupe.
En complément, une future cité éducative, en collaboration entre l’Éducation, l’État et la Collectivité, qui inclurait l’accueil des parents est en attente du retour de l’obtention du label Cité Éducative, qui, est obtenu, permettra de dégager des moyens plus importants.
L’enseignement à Saint-Martin bénéficie déjà de conditions particulières, mais l’éducation nationale ne peut cependant tout porter. L’effort doit être collectif.
Après l’école, la formation
La Collectivité a engagé 1,7 millions d’euros et débloqué 274 places en formation pour 2019-2022. L’État a doublé la mise en investissant 7,2 millions d’euros, soit 943 places en formation pour les jeunes. Il n’y a jamais eu autant de formations proposées. 798 jeunes sont entrés en formation entre 2019 et novembre 2021. En tout ce sont quelques 14,2 millions d’euros qui ont été consacrés à la formation. La problématique est qu’une majorité de jeunes ne veut pas de formation longue ou décroche en cours de route. Comme l’indiquent les services de la DEETS, c’est aussi aux membres du Collectif d’inciter les jeunes à se tourner vers ces formations.
 
Ann Bouard