Hôpital : des vœux en forme de mise au point
Eric Djamakorzian, directeur par intérim, Pierre-Marie Linet, président de la commission médicale d'établissement (CME) et Michel Petit, 4e vice-président de la Collectivité en charge du social, présentaient leurs vœux devant le personnel du centre hospitalier Louis Constant Fleming mercredi. Au-delà des souhaits de circonstance, ce moment était surtout l’occasion de faire le point sur la situation de l’hôpital.
Il est vrai que « l’hôpital ne navigue pas en eaux paisibles depuis plusieurs années » de l’aveu même du président de la CME. Cependant, Pierre-Marie Linet a tenu à rappeler que certains dysfonctionnements ont été gommés, notamment les difficultés avec le laboratoire Bio Pôle ou le service des ambulances. Les analyses médicales peuvent à nouveau être faites y compris la nuit, et un service d’ambulance a été intégré à l’hôpital. Dans les points positifs, les travaux au service des urgences, seul service à n’avoir pas été rénové, vont enfin pouvoir débuter. Le bloc opératoire a lui déjà bénéficié d’un nouveau système de circulation d’air et la modernisation de la cuisine est en cours d’achèvement. Un point reste cependant non résolu, celui de la gouvernance.
2025 doit être l’année du redressement
Directeur par intérim depuis six mois, Eric Djamakorzian en est bien conscient, mais en jonglant entre Saint-Martin et Saint-Barthélemy, il tente malgré tout de redresser la barre. Les résultats sont préoccupants en matière de finances, malgré les aides de l’ARS, et le ralentissement de l’activité (notamment moins de naissances) ne contribue pas à augmenter les recettes a-t-il indiqué.
Il a également fait le constat à son arrivée du manque de plan stratégique sur 5 ans, une urgence selon lui.
Autre urgence, celui de la mise en conformité de plusieurs points. En effet, la Haute Autorité de santé avait indiqué dans son rapport, peu élogieux sur l’hôpital, effectuer un nouveau contrôle d’ici fin 2025.
Autre contrôle à venir, celui de l’Agence Nationale d'Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP) qui effectuera son évaluation sur le fonctionnement des urgences, le bloc opératoire et la gouvernance en mars prochain. Son rapport devrait être rendu entre fin mars et début avril. Eric Djamakorzian assure que l’hôpital prendra les mesures en conséquence. D’ores et déjà, il a indiqué que la maîtrise des dépenses sera une priorité en évitant notamment le gaspillage, en commandant les quantités nécessaires uniquement. Les recettes devront par ailleurs être améliorées en allant chercher de nouvelles sources de financement. Il a également bon espoir qu’une solution pérenne soit rapidement trouvée au niveau de la gouvernance.
Une administration provisoire ?
La sénatrice Annick Pétrus s’était exprimée il y a peu elle aussi dans nos colonnes sur la problématique de la gouvernance et sur son souhait de voir bouger les choses. Michel Petit en convient, la gouvernance est une problématique, mais avec deux directeurs par intérim successifs les choses ont malgré tout avancé. Les relations avec la collectivité, qui s’étaient délitées, sont revenues à la normale avec des réunions périodiques. Il a tenu lors de son allocution à souligner d’autres points positifs comme l’intégration de consultations externes, telle la cardiologie et la gastroentérologie qui n’existaient pas auparavant et la présence de nombreux spécialistes au sein du personnel médical. Le service de psychiatrie s’est lui aussi amélioré et va bénéficier d’une aide de 1,5 M€ de l’ARS pour son budget de fonctionnement et sa structure. L’installation de l’imagerie médicale a pris du retard, mais devrait être effective prochainement. Michel Petit a évoqué cependant plusieurs points délicats comme le paiement des dettes des fournisseurs et bien entendu l’arrêt du chantier du nouveau bâtiment en raison de malfaçons et de l’annulation du marché par décision de justice.
Il s’est réjoui de la mise en place en 2025 d’un GHT (Groupement Hospitalier de Territoire), intégrant les deux hôpitaux des îles du Nord et bientôt Bethany Home.
Reste toujours le cœur du problème, la déshérence de la gouvernance. L’hôpital ne pourra être performant qu’avec une direction forte et stable notamment sur la période des recommandations de l’ANAP a indiqué Michel Petit. Il juge cela cependant impossible avec une direction par intérim qui se renouvelle tous les trois mois, au gré des prolongations des arrêts maladie de la directrice en titre. Il a donc proposé au président du conseil de surveillance la mise en place d’une administration provisoire. Celle-ci devra bien entendu être débattue avec L’ARS. Affaire à suivre.