Bethany Home sort du giron de l’hôpital
Géré depuis plusieurs années par la direction de l’hôpital Louis Constant Fleming, l’EHPAD de Saint-Martin prend son autonomie avec la nomination d’un directeur. Arrivée le 2 septembre, Henri Nagapin entend bien donner un coup de jeune à l’établissement et a déjà plein de projets en tête.
Dans un conteste très perturbé où la direction de l’hôpital de Marigot a du être confiée à Éric Djamakorzian, le directeur de l’hôpital Irénée de Bruyn de Saint-Barthélemy (nommé en mai dernier), suite au départ précipité et inexpliqué de la directrice par intérim Anne Calais, l’EHPAD se voyait, lui, attribuer un tout nouveau directeur en la personne de Henri Nagapin. Coïncidence du calendrier ou décision délibérée de l’ARS ? Toujours est-il que Bethany Home, pour la première fois depuis des années, va pouvoir être géré au quotidien de manière plus réaliste.
Le nouveau directeur, fort d’une expérience de plus de trente ans dans le domaine médical, notamment en tant que directeur régional du groupe Kapa en Guadeloupe, Martinique et Guyane, et directeur de la clinique NEV, a accepté la proposition de l’ARS, avec cependant une petite hésitation.
Pas simple en effet de passer du sanitaire au médico-social, et du statut de directeur dans le privé à contractuel de l’État. Au final, séduit par un poste qui va compléter son cursus, et amoureux de l’île, il se dit prêt à terminer sa carrière en étant au service des personnes âgées.
AUGMENTER LA CAPACITÉ D’ACCUEIL
Pourtant la tâche ne sera pas aisée, car sans réelle direction dédiée, l’établissement a cumulé du retard, notamment dans ses installations. Le personnel, très dévoué, a fait avec les moyens du bord et s’en est plutôt bien sorti, mais près de trente-cinq ans après l’ouverture de l’établissement, la vétusté s’est installée.
Bethany Home accueille aujourd’hui 32 résidents, dont la moyenne d’âge avoisine les 82 ans. La prise en charge au sein de l’établissement est assurée, tant sur le plan médical, avec trois médecin que sur le plan du personnel; près de 35 salariés sont au service des résidents. Henri Nagapin s’est fixé comme priorité de revenir à la capacité d’accueil d’origine à savoir 40 lits.
Mais, il le sait, ce sont 90 lits minimum, qui seraient nécessaires au vu du vieillissement de la population.
Afin de pallier à ce manque, il va déposer, dès la fin du mois de septembre, une demande d’autorisation auprès de l’ARS pour pouvoir proposer un accueil de jour, car il est nécessaire pour lui d’avoir une prise en charge plus globale. Un service qui va permettre d’accueillir certaines personnes âgées, encore autonomes ,mais dépendantes de leur famille, pour les soins et les activités. Cela permettra de satisfaire une partie de la demande et de soulager les aidants.
Car pour le directeur, l’EHPAD se doit également d’aller à la rencontre des patients, notamment lorsqu’ils ne nécessitent pas une hospitalisation. A terme, il en convient, la construction d’un nouvel EHPAD sera nécessaire.
DANS L’ATTENTE DU NOUVEL EHPAD
Le Président Mussington avait annoncé en octobre 2022, à l’occasion de la semaine bleue, qu’un terrain avait été trouvé pour construire le futur EHPAD : « d’ici la fin de notre mandature, le projet sera réalisé pour accueillir dignement les personnes du troisième âge », avait alors promis le président. Deux ans plus tard, il semblerait que le projet n’ait pas avancé. Henri Nagapin, une semaine après son arrivée, a rencontré le Président Mussington pour échanger sur ce projet… sans en dire plus.
En attendant, la réalité fait que Bethany Home doit donc bénéficier de travaux de réhabilitation, financés par l’ARS, afin d’améliorer le cadre de vie des résidents, mais également les conditions de travail du personnel.
AMENER LA VIE AU CŒUR DE BETHANY HOME
Après un sérieux coup de peinture et quelques réaménagements pour rendre plus accueillantes les parties communes, le nouveau directeur a bien l’intention aussi de moderniser et d’animer l’endroit en faisant venir la vie extérieure au sein de l’établissement. Il souhaite faire appel aux associations et clubs, pour que spontanément le théâtre, la musique, la lecture, les jeux … fassent partie du quotidien de nos aînés. Pour Henri Nagapin, la prise en charge des personnes âgées ne doit pas être uniquement médicale, elle doit également être intellectuelle.
A l’arrière de l’établissement, il reste de la place pour créer un petit jardin thérapeutique, comme un petit parcours de santé. Il y a là un manguier où se retrouver comme autrefois… les projets sont nombreux et « à terme l’objectif sera effectivement de construire un EHPAD moderne pour que les valeurs de liberté, égalité et fraternité s’appliquent à nos aînés ; car une société qui prend en charge ses aînés est une belle société qui va de l’avant », conclut Henri Nagapin.