Crise sanitaire : point de situation de Sint Maarten
Un 10e décès à déplorer, état d’urgence prolongé de 3 semaines, ouverture des commerces essentiels 3 jours par semaine… La première ministre Silveria Jacobs a, dimanche soir, fait un point de situation de la crise sanitaire à Sint Maarten et a redéfini les nouvelles règles pour les trois prochaines semaines à venir.
Un 10e décès à déplorer
Le bilan sanitaire du dimanche 19 avril faisait officiellement état pour le sud de l’île de 45 cas actifs sur les 67 recensés positifs depuis le début de l’épidémie. Sint Maarten déplore le décès de 10 personnes, dont le dernier décès date de jeudi 16 avril, celui d’une personne ressortissante de Sint Maarten, un homme, qui a été détecté malade alors qu’il se trouvait en partie française et pris en charge par le CH de Saint-Martin, puis évacué vers la Guadeloupe où il est malheureusement décédé.
Une évolution à deux vitesses inversées sur l’ensemble du territoire
En l’espace d’une semaine, Sint Maarten a vu 7 cas supplémentaires recensés actifs, soit une moyenne de 1 cas par jour en plus. En effet, au lundi 13 avril le sud de l’île comptabilisait 38 cas actifs. Une augmentation inquiétante pour notre territoire, alors que le nombre de cas actifs en partie française a régressé sur cette même période, passant de 16 cas actifs à 12 cas actifs. Un constat qui, s’il devait se confirmer dans le temps et jusqu’au 11 mai prochain, date prévue par les autorités françaises pour un déconfinement progressif, qui devrait poser en même temps la question de la réouverture de la frontière…
Toutefois, pour l’ensemble du territoire, qui compte environ 100 000 habitants sur 95 km2, le seuil des 100 cas de contaminations a été atteint (0.1% de la population), cette semaine, avec un total de 12 décès (10 à Sint Maarten et 2 à Saint-Martin). Des ratios qui restent inquiétants.
Etat d’urgence prolongé de 3 semaines et aménagements des ouvertures de commerces
Au vu de la propagation de l’épidémie, la première ministre Silveria Jacobs a annoncé ce dimanche 19 avril, la prolongation de l’état d’urgence pendant 3 semaines à compter de ce jour, et a indiqué que cette situation se prolongerait ensuite si nécessaire. Toutefois, et face aux tensions sociales qui commençaient à devenir prégnantes ainsi qu’à une organisation insuffisamment efficiente pour assurer la couverture des besoins de première nécessité à la population, le gouvernement de Sint Maarten a indiqué que durant cette période de confinement total, les commerces essentiels sont désormais autorisés à être ouverts 3 jours par semaines, les lundis, mercredis et vendredis, de 8h à 18h (les supermarchés, les épiceries, les boulangeries, les pharmacies, les fournisseurs de produits pharmaceutiques, les banques, les stations-service, les grossistes, les distributeurs et les détaillants de gaz). La première heure d’ouverture des commerces, entre 8h et 9h est réservée aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap et aux femmes enceintes. Les livraisons sont autorisées du lundi au samedi. La première ministre a également indiqué que l’ensemble des chantiers de construction devaient être à l’arrêt, à l’exception de ceux liés au Covid-19. Les activités d’avocats/notaires, assurances, cliniques vétérinaires doivent rester fermées mais rester disponibles en cas d’urgence. Les magasins de bricolage/quincaillerie, les magasins d’électronique et les magasins de fournitures pour bébés et maternité resteront fermés mais peuvent effectuer des livraisons.
Silveria Jacobs a rappelé aux commerces autorisés à rester ouverts et à leur clientèle les strictes consignes de sécurité à observer : Une seule personne par famille est autorisée à faire la queue et à entrer dans le commerce, le port du masque est obligatoire et les gestes barrières doivent être respectés (ne pas s’embrasser ni se serrer les mains, etc…). Les supermarchés, épiceries et boulangeries doivent positionner des marquages clairement définis à l'extérieur et à l'intérieur du magasin, y compris au niveau des caisses, imposant une distance de 1,5 à 2 mètres entre les clients et des flèches doivent indiquer le sens de circulation dans les allées du commerce. Les dirigeants des commerces doivent également s’assurer que le personnel ne présente pas de symptômes du Covid-19 et qu’il porte un équipement de protection. Enfin, les commerces doivent fournir à leur clientèle du gel hydroalcoolique à l’entrée de l’établissement et doivent poursuivre leurs secrives de livraisons à domicile.
Le territoire de Sint Maarten a par ailleurs été découpé en 2 zones, la Zone A représentant l’est de Cole Bay (Philipsburg, Cay Hill, etc.) et la zone B représentant l'ouest de Cole Bay (ex: Cole Bay, Simpson Bay, etc.). La population qui réside dans l’une ou l’autre de ces zones doit impérativement se rendre dans les commerces situés dans cette même zone.
Précisions des règles de passages de la frontière
Des règles qui pour l’heure n’ont pas toujours été clairement définies et ont eu tendance à évoluer au fil des jours, semant une certaine pagaille au niveau des passage autorisés de frontière. En effet, pour les personnes résidant à Sint Maarten autorisées à se rendre à Saint-Martin, le passage de la frontière est à chaque fois une nouvelle aventure… Les agents de la police de Sint Maarten réinventant bien souvent les règles à leur manière, et demandant de façon aléatoire l’un ou l’autre document, ou bien plusieurs à la fois.
Alertée à plusieurs reprises par les autorités françaises, la première ministre a rappelé dimanche soir les règles qui prévalent pour passer la frontière. S’agissant des personnes qui résident à Saint-Martin et qui sont autorisées à continuer à travailler à Sint Maarten, ou bien qui doivent pour une raison impérieuse se rendre à Sint Maarten, elles doivent être en possession du formulaire de certificat d’exception qui doit être signé par l’employeur (dans le cas de l’activité professionnelle) et par la Première ministre (pmtalks@ sintmaartengov.org) ou par le Chef de la police (pr@policesxm.sx). Ce certificat d’exception est également obligatoire pour les livraisons.
Et s’agissant des personnes qui résident à Sint Maarten et travaillent à Saint-Martin et sont autorisées à le faire, ou ont des rendez-vous médicaux urgents, elles doivent être en possession de l’attestation signée par leur employeur et du certificat délivré par la préfecture de Saint-Barthélemy et Saint-Martin (formulaire en ligne https://forms.gle/QugqNVS1nWrCnY9U9 ou via l’adresse mail covid19pref@saint-barth-saint-martin.gouv.fr). Cette attestation est également obligatoire pour les livraisons.
Pour mémoire, affichant en début de semaine dernière un taux de mortalité dû au Covid-19 de plus de 17%, Sint Maarten était au premier rang des pays de la Caraïbes. Un ratio qui ne semble pas inquiéter la première ministre Jacobs qui concluait son allocution de dimanche par un satisfecit : « A Sint Maarten, nous avons la foi, nous en sortirons plus forts que jamais, parce que nous sommes résilients. Lorsque nous sortirons de cette crise, nous serons un exemple pour le reste des Caraïbes et le monde pour savoir comment faire face à une véritable tragédie et comment devenir plus fort en conséquence »… V.D.
Passage de la frontière, une nouvelle fois deux poids et deux mesures…
Selon nos sources, les autorités françaises auraient jusqu’alors délivré quelque 200 certificats autorisant le passage de la frontière entre Sint Maarten et Saint-Martin. Ces mêmes sources évaluent à près de 2000 certificats délivrés par les autorités hollandaises (lire les règles définies de franchissement de la frontière dans l’article ci-dessus).
Sachant que le fret de marchandises arrive principalement en partie hollandaise (port de Philisburg pour le fret maritime et aéroport Juliana pour le fret aérien qui arrive par avions cargos), de nombreux camions de livraisons du sud de l’île sont autorisés par les autorités françaises à franchir la frontière depuis Sint Maarten vers Saint-Martin. On constate toutefois que la réciprocité n’est pas appliquée, les entreprises françaises qui ont une part de leur clientèle en partie hollandaise ne parviennent pas à obtenir les autorisations de la part du gouvernement hollandais afin de pouvoir réaliser des livraisons de ce côté-là de l’île. Les demandes faites restent sans réponse… Pour autant, le port de Galisbay reçoit également du fret, certes en quantité moins importante que du côté hollandais. Un déséquilibre une nouvelle fois en la défaveur des entreprises françaises qui se battent au quotidien pour pouvoir survivre durant cette période de crise… Une remise en question du slogan « One Island one People » que l’on observe finalement à chaque nouvelle crise.