Déploiement du volet militaire dans la gestion de la crise
Dans le cadre de l’opération « Résilience », le porte-hélicoptère amphibie Dixmude est arrivé ce vendredi 17 avril dans les eaux de la Caraïbe, depuis son port d’attache, à Toulon, après une traversée de 14 jours de l’Atlantique. Sa première mission s’est faite ce même jour à Saint-Martin, pour y apporter le matériel nécessaire à l’installation d’un poste médical d’évacuation.
Dans la matinée de ce vendredi 17 avril, un hélicoptère militaire a effectué six rotations depuis le Dixmude qui était au mouillage dans la baie de Marigot, jusqu’au stade Jean-Louis Vanterpool, à Marigot. A son bord, le matériel nécessaire à l’installation d’un poste médical d’évacuation, soit des tentes militaires pour une capacité de 50 lits. Les militaires ont également débarqué 50 000 masques FFP1 et 7000 masques FFP2 ainsi que des litres de gel hydroalcoolique. Les masques et les litres de gel seront confiés à Laborex qui en fera la distribution selon les directives préfectorales. L’ensemble de ce matériel a été réceptionné par le détachement des 70 militaires du 33e RIMA de Fort de France, sous le commandement de son Chef de détachement, le commandant Jean-Pierre, arrivé dimanche et mercredi derniers à Saint-Martin, à bord du navire militaire des Forces Armées, le Dumont D’Urville.
Les infrastructures du stade avaient préalablement été préparées par les agents territoriaux de la Collectivité. Ces derniers ont notamment débarrassé, nettoyé et désinfecté la salle d’accueil du stade, afin que cette pièce climatisée soit utilisée comme « sas » pendant les prochaines évacuations sanitaires de malades vers la Guadeloupe qui devront se faire depuis le stade par hélicoptère.
Aucun contact entre les hommes du Dixmude et ceux du 33e RIMA de Fort de France
Afin d’assurer une protection maximum et d’éviter toute nouvelle contamination, les hommes du Dixmude qui ont été confinés pendant les 14 jours du temps de la traversée de l’Atlantique, ont tous été testés négatifs à leur arrivée. De même pour les militaires du 33e RIMA, qui ont été confinés 14 jours avant leur arrivée à Saint-Martin et tous testés négatifs avant de débarquer sur le territoire. Des précautions supplémentaires ont toutefois été prises entre les deux corps d’armée, et aucun contact n’a été possible entre les militaires pendant la manœuvre par hélicoptère de réception du matériel dédié à Saint-Martin.
Une fois tout le matériel débarqué, le détachement du 33e RIMA a acheminé vers le Centre hospitalier de Saint-Martin le matériel pour l’implantation du centre médical avancé et les tentes prévues pour l’accueil des lits ont pu être érigées. Quant au Dixmude, il a quitté peu après les eaux de Saint-Martin pour se rendre en Guadeloupe, pour sa seconde mission.
50 lits supplémentaires pour désengorger l’hôpital en cas de pic l’épidémie
L’hôpital de Saint-Martin est ainsi équipé de 50 lits supplémentaires, tous destinés à d’éventuels patients Covid-19, mais dont l’état de gravité n’est pas trop avancé. Les cas les plus graves, qui nécessiteraient une incubation pour positionner un respirateur resteront hospitalisés au sein même du Centre hospitalier équipé du matériel adéquat, avant une évacuation sanitaire vers la Guadeloupe, pour y être admis en service de réanimation. Ces lits supplémentaires ont pour vocation de venir en renfort en cas d’engorgement du centre hospitalier.
En effet, le médecin gynécologue obstétricien, Charles Van Geenderhuysen, président de la Commission Médicale d’Etablissement (CME), nous informait que pour l’heure, le CH de Saint-Martin avait dédié une aile entière de son infrastructure pour les patients Covid-19. Toutefois, disposant d’un total de 11 respirateurs, seuls 4 sont dédiés à la salle de soins intensifs, les autres restant disponibles pour les cas graves devant être évacués vers la Guadeloupe : « L’hôpital de Saint-Martin n’est pas équipé pour maintenir en réanimation des personnes gravement atteintes par le virus. Les cas les plus graves doivent systématiquement être évacués vers la Guadeloupe, équipés du matériel médical adéquat permettant de les maintenir pendant les évacuations », confiait le docteur Van Geenderhuysen qui nous précisait être rassuré par l’implantation de ce dispositif militaire qui permettrait de prévenir un éventuel pic de l’épidémie, même si l’hôpital ne se trouve actuellement pas sous tension.
Diminuer considérablement le temps d’évacuation sanitaire
La préfète Sylvie Feucher indiquait qu’en passant par le circuit traditionnel d’évacuation sanitaire, il fallait compter environ 7 heures pour évacuer un patient vers la Guadeloupe. Avec l’opération Résilience, 2 hélicoptères du Dixmude restent basés en Guadeloupe, à la disposition des Iles du Nord, permettant de réduire considérablement le temps des évacuations sanitaires vers le CHU de Pointe-à-Pitre, maximisant ainsi les chances de survie des patients gravement atteints. Les hélicoptères se positionneront sur le stade Vanterpool et récupèreront les patients qui auront été acheminés par ambulance depuis l’hôpital, puis repartiront rapidement vers la base de Guadeloupe.
Le Dixmude est arrivé sur zone avec à son bord 4 hélicoptères (1 hélicoptère de la gendarmerie, 1 hélicoptère de la Sécurité Civile et 2 hélicoptères de l’armée de terre), 140 tonnes de fret, dont 170 000 masques FFP2, 1 million de masques chirurgicaux et des centaines de litres de gel hydroalcoolique, mais aussi du matériel et des moyens de transport. Parmi les militaires, sont présents des médecins spécialistes et des personnels de santé, des mécaniciens et des experts de la désinfection.
Quant au détachement du 33e RIMA de Fort de France, 70 hommes et 10 véhicules, il est installé en totale autonomie dans un hangar à l’aéroport de Grand Case où il y restera pour une période indéterminée à Saint-Martin, en soutien aux autorités préfectorales et sanitaires. Il sera envoyé sur d’autres missions pour la gestion de la crise, en fonction des besoins exprimés par les autorités préfectorales et sanitaires (missions de distribution de vivres, …).