L’interview de la semaine : Chantale Thibaut … Présidente de l’Association Saint-Martin Santé
Cette jeune femme pétillante, enthousiaste, à l’écoute des autres, totalement investie dans sa mission d’éduction thérapeutique, a le don pour communiquer sa passion. Vendredi dernier, grâce à elle, l’association Saint-Martin Santé a reçu le soutien de l’ARS avec la mise en place officielle de la Communauté Professionnelle Territoriale de Santé (CPTS), premier centre pilote des îles du nord.
Comment devient-on Présidente d’une association dédiée à la santé ?
J’ai débuté comme infirmière à l’hôpital Sainte-Anne à Paris avant d’être mutée au service psychiatrie du centre hospitalier LC Fleming de Saint-Martin. Lors de mes visites à domicile, je me suis rendu compte de la pauvreté des familles, non pas une pauvreté financière, mais une méconnaissance des pathologies, accentuée par la barrière de la langue, par les différences culturelles. Et c’est à ce moment-là que j’ai constaté que 3 maladies arrivaient bien en tête sur l’île, le diabète, l’obésité et l’hypertension. J’ai donc décidé de reprendre mes études pour obtenir un diplôme universitaire d’éducation thérapeutique à Pointe-à-Pitre. En faisant mes stages en France, puis au Canada, je me suis dit que l’on devait faire quelque chose chez nous.
Cela a dû demander beaucoup d’investissement personnel ?
Oui, avec mon mari le Docteur Thibaut, nous avons débuté avec les moyens du bord, en faisant appel à nos amis du domaine médical ou paramédical. Tout ça en ambulatoire, car bien évidemment nous n’avions pas de local et pas de moyens. Mais en rencontrant les patients, en leur expliquant, toujours dans leur langue maternelle, on s’est aperçu que ça marchait. Peu à peu les collègues se sont intéressés à notre démarche. Nous avons alors contacté la Collectivité, puis l’ARS … ils étaient intéressés, mais nous devions faire nos preuves.
Nous sommes allés à la rencontre des associations, des professionnels de la santé et surtout nous avons élaboré un programme d’éducation thérapeutique qui prenait en compte les spécificités de la population saint-martinoise : la méconnaissance des maladies, le multilinguisme, le nombre important de sans-papiers, etc…
Aujourd’hui comment fonctionne votre association ?
Saint-Martin Santé a été créée pour mettre en place des programmes d’éducation thérapeutiques pour des patients atteints de maladies chroniques : le diabète, l’hypertension artérielle et l’obésité. Il faut donner à ces personnes les moyens de faire face à leur maladie, et de la comprendre. Mais, nous réalisons aussi un travail de prévention, justement pour éviter d’en arriver à ce stade. Il est essentiel d’informer aussi les parents, pour qu’ils soient alertés sur les risques encourus pour leurs enfants.
Vous avez reçu le soutien de l’ARS, concrètement qu’est ce que cela change pour l’association ?
Nous avions acquis un local pour accueillir le public depuis 2015, mais il nous manquait des fonds pour pouvoir mener et surtout développer notre action, malgré le soutien de la Collectivité depuis plusieurs années déjà. Il fallait donc absolument construire un partenariat financier avec d’autres institutions. C’est chose faite, car avec l’ARS nous sommes officiellement une Communauté Professionnelle Territoriale de Santé.
Plus de moyens donc ?
Oui, mais c’est aussi la possibilité de travailler directement avec les instances institutionnelles comme la sécurité sociale et toutes les structures médico-sociales de l’île, que ce soit l’hôpital, les médecins généralistes, les pharmaciens…
Justement, comment se passent les collaborations avec les professionnels de santé de l’île ?
Pour chaque pathologie, nous travaillons avec des médecins spécialistes : des cardiologues pour l’hypertension (les docteurs Y. Journo et M. Boulogne), un endocrinologue et un diabétologue pour le diabète (les docteurs P. Famy et C. Messerschmitt). Pour l’obésité, nous sommes actuellement en cours de négociation pour une collaboration avec un médecin de Guadeloupe.
Ce dispositif est complété par toute une équipe : diététicienne, podologue, nutritionniste, infirmiers, sophrologue, pharmaciens, psychologue, assistance sociale, nutritionniste, et même d’un éducateur « activités sportives adapté santé ».
L’association poursuit-elle ses missions durant l’été ?
Nous serons fermés en juillet, mais dès le mois d’août nous accueillerons à nouveau le public dans notre centre de Concordia, et plus encore nous irons sur le terrain pour rencontrer les gens et les sortir parfois de leur isolement. En août, nous allons donc poursuivre nos ateliers de proximité en installant des stands d’informations dans différents quartiers, dans les pharmacies, au sein de certaines associations et en allant directement chez les habitants. Cela permet aussi de réaliser des dépistages de glycémie, de proposer des petits-déjeuners diététiques afin de changer les habitudes et de permettre aux patients atteints de ces pathologies d’échanger et de savoir comment mieux vivre avec leur maladie.
Saint-Martin Santé – 45 rue LC Fleming – Concordia – N° gratuit : 0 801 108 899