La pièce «Tant qu’il y aura des coquelicots» émeut le public de la Chapelle
Devant une salle comble, le metteur en scène et comédien Cliff Paillé accompagné de Lyne Leberton a suscité l’émotion ce week-end avec son plaidoyer pour la lecture
Avec sa pièce conçue pour apprendre à aimer les livres, l’ancien instituteur et metteur en scène Cliff Paillé a réussi le pari d’attirer parents, enfants et adolescents au théâtre La Chapelle ce week-end. Non pas que «Tant qu’il y aura des coquelicots» ait le pouvoir de transformer n’importe quel réfractaire en dévoreur invétéré de livres, mais l’agilité et le réalisme de son écriture laissent difficilement indifférent. Le petit garçon au centre de l’histoire ne fait pas semblant de ne pas y arriver, et éprouve plutôt des difficultés persistantes à faire parler les lignes et leur sens caché. Son désarroi est sincère, et beaucoup ont pu s’identifier à lui dans ce blocage semblablement irrémédiable pour la lecture et ses implicites. Quant à la maîtresse brillante qui veut lui apprendre à «soulever les phrases pour regarder en dessous», elle aussi est probante, pertinente et réaliste. Rien n’est surfait ni bâclé, et Cliff Paillé donne autant à voir la difficulté du processus, que son indéniable beauté. Une pièce progressive, émouvante, juste, qui a tiré quelques larmes au public en captivant totalement son attention. Les raisons d’une telle émotion ? Non pas les livres eux-mêmes, mais le miroir qu’ils renvoient à chaque spectateur, y compris à Saint-Martin, où là encore, cette drôle de pièce didactique, drôle, humaine, et décalée n’a pas manqué de surprendre.