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Rénovation des églises catholiques : ceci explique cela

Par Ann Bouard
28 October 2020
Saint-Martin se distingue par sa population multi ethnique et son multilinguisme. Il en va de même pour les religions. Une situation due aux populations qui ont peuplé l’île dans un premier temps (anglaise, hollandaise, française …) puis dans un second temps aux nouveaux arrivants de toute la Caraïbe. La liberté de culte est de mise sur la Friendly Island qui compte près d’une trentaine de lieux officiels, de toutes confessions.
 
D'une façon générale la spiritualité est globalement chrétienne, mais historiquement c’est le protestantisme qui a dominé avec en parallèle une forte communauté méthodiste. L’île compte six églises catholiques, trois en partie hollandaise et trois en partie française : l’Église Saint-Martin de Tours à Marigot, construite en 1941, l’église catholique Mary star of the sea à Grand-Case construite à la même époque et la Chapelle St Joseph à Quartier d’Orléans.
 
A qui appartiennent les églises ?
 
Contrairement aux idées reçues, les églises n’appartiennent pas à l’église. Elles sont propriétés de l’État et des collectivités territoriales, enfin presque. Il faut revenir à la séparation de l’Église et de l’État en 1905 pour en comprendre les raisons.
L’Église catholique, à cette époque, a refusé de constituer des associations cultuelles pour faire l’acquisition des bâtisses dédiées au culte. La loi leur assignait notamment pour fonction d’acquérir les bâtiments afin que l’État n’en supporte plus la charge. Mais le pape Pie X a interdit la constitution de telles associations au clergé français, prétextant qu’elles auraient remis en cause le fonctionnement hiérarchique et la constitution même de l’Église.
En 1907 une loi a tranché la question : les édifices bâtis avant 1905 non acquis par une association culturelle, soit la majorité des églises françaises, demeurent propriétés de l’État. Il les met à disposition des ministres du culte. Ceux construits après 1905 sont propriétés des bâtisseurs, État, Collectivités ou diocèses.
 
1 chapelle pour le diocèse, 2 églises pour la Collectivité
 
L’Église de Marigot et celle de Grand-Case sont propriétés de la Collectivité de Saint-Martin. Seule la Chapelle de Quartier d’Orléans appartient au diocèse de Guadeloupe. Mais à Marigot la salle paroissiale est aussi propriété de l’église, car elle a été construite sur un petit bout de terrain, entre l’église et le presbytère, acheté par le diocèse. En résumé, après les dégâts d’Irma, il appartenait à l’Église de restaurer la chapelle de Quartier d’Orléans et à la Collectivité de réaliser les travaux de l’église de Marigot, la plus épargnée des trois, et de celle de Grand Case, très endommagée.
La chapelle de Quartier d’Orléans avait bénéficié d’une première réparation de fortune grâce aux militaires venus prêter main forte après le cyclone. Les offices avaient d’ailleurs pu reprendre trois mois après. Cependant une restauration complète, notamment au niveau de la toiture était nécessaire. Les travaux ont débuté à la rentrée et sont d’ores et déjà en voie d’achèvement ; reste à réinstaller les meubles et les statues. Ces travaux ont été financés par le diocèse en coopération avec des entreprises locales et l’aide financière de donateurs.
Deux autres chantiers restent donc à réaliser par la Collectivité, à moins que … elle ne donne l’autorisation à l’église d’entreprendre les travaux. Car force est de constater que les églises sont toujours dans leur état post-Irma et qu’elles ne figurent pas dans les priorités. Le nouveau prêtre en charge de la paroisse catholique de Saint-Martin, le Père Blot, espère obtenir cette autorisation qui, légalement, permettrait à l’église d’intervenir sur le bâti de la Collectivité pour rouvrir au plus vite ces lieux de cultes à ses fidèles.
 
Ann Bouard