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Saint-Martin libérée !

18 September 2020
Depuis mercredi, en fin d’après-midi, la mesure de contrôle des frontières entre le nord et le sud de l’île a été levée. A la suite de la manifestation qui a rassemblé au plus fort de la matinée de cette journée de protestation quelque 700 personnes, une délégation du collectif Soualiga United a été reçue en préfecture et la préfète Feucher a accédé favorablement à la demande expresse de lever le contrôle.
 
Certes, si la manifestation s’est déroulée pacifiquement, la tension était toutefois palpable tout au long de la matinée de mercredi, les manifestants avaient clairement annoncé leur intention de ne pas lever le camp tant que les contrôles ne seraient pas levés. Avec la menace de dégénérer si la réponse attendue n’arrivait pas. En tête de cortège les leaders de Soualiga United, Shujah Reiph, Lenny et Louis Mussington, Jules Charville, Victor Paines, et dans le cortège de nombreuses autres personnalités politiques et du monde économique, à l’instar du président Gibbs et les membres du conseil exécutif ainsi que des élus territoriaux, du sénateur Guillaume Arnell, de la présidente de la CCISM Angèle Dormoy. De nombreux socioprofessionnels étaient également présents. En clair, cette journée a réuni des populations venues d’horizons divers, représentantes d’une grande partie de l’île.
Le sénateur Arnell nous indiquait avoir de son côté sensibilisé pendant la nuit précédente des conseillers du ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu à la tension sociale montante à Saint-Martin, suite à cette décision unilatérale prise par la préfète venant enfreindre les libertés fondamentales de la population. Guillaume Arnell demandait une intervention de Paris auprès des autorités de l’Etat avant que la situation déjà très tendue ne dégénère. Du côté du ministère des Outre-mer, on nous informait que les instances décisionnaires laissaient toute la latitude de décision à la préfète, compétente en la matière, d’autant que ses pouvoirs ont été renforcés par décret au regard de la crise sanitaire. Le ministère précisait également que la décision de la préfète recevrait le soutien de Paris.

Une demi-victoire
 
Reçue en préfecture en début d’après-midi, une délégation comptant 9 membres du collectif Soualiga United, ressortait à l’issue de près de 2 heures de discussion et annonçait publiquement avoir convaincu la préfète de lever ces contrôles. Avec un bémol toutefois, puisqu’ils se seraient engagés auprès de Sylvie Feucher à veiller à la prise de responsabilité des citoyens dans le respect des gestes barrières et de toutes les mesures prises pour lutter contre la propagation du Covid-19. « C’est une sorte de désengagement de l’Etat et d’un report de la responsabilité sanitaire sur la population directement », indiquera Lenny Mussington en sortant de la préfecture.
 
Dans la balance, troubles sur la voie publique et crise sanitaire
 
Du côté de la représentation locale de l’Etat, Sylvie Feucher précisait par la suite ne pas avoir voulu risquer de nouveaux troubles à l’ordre public pour une crise sanitaire. « Nous avions pris cette décision de prolonger les contrôles à la frontière car nous avions les éléments de santé publique pour le faire. Troubler l’ordre public et revenir à des situations de violence n’est pas mon objectif. » La préfète Feucher indiquait avoir rappelé au Collectif que « si il y a une flambée des cas dans les prochains jours, la population devra en assumer la responsabilité, d’autant que les discothèques et autres lieux festifs ayant été autorisés à rouvrir en partie hollandaise, le risque de contamination semble plus fort, du fait des contacts rapprochés ». Elle a également rappelé que le préfet de Guadeloupe prendrait certainement dans les prochains jours la décision de restreindre les déplacements aériens entre Saint-Martin et les autres îles aux seuls motifs impérieux avec justificatifs. La préfète demandait par ailleurs à l’ARS d’amplifier le rythme de diffusion des bilans sanitaires.