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Sint Maarten se met au diapason

31 March 2020
Près de deux semaines après que les autorités françaises aient mis en place les premières mesures de restrictions des déplacements en partie française, puis les mesures durcies, la première ministre de Sint Maarten a annoncé ce dimanche ses premières mesures officielles de restriction des déplacements au sud du territoire : couvre-feu la nuit et déplacements restreints et contrôlés durant la journée. Des décisions fortement attendues par les autorités locales françaises, au vu des traversées trop fréquentes de la frontière, sans réel motif.

Depuis hier, donc, pour circuler dans le sud de l’île, les ressortissants de la partie hollandaise sont soumis à des obligations identiques à celles des ressortissants de la partie française pour circuler dans le nord du territoire : ne pouvoir se déplacer qu’en étant en possession d’attestation dérogatoire pour ce faire. Jusqu’alors, pour circuler en partie française, les résidents du sud de l’île devaient être en mesure de présenter l’attestation de déplacement rendue obligatoire par les autorités françaises. Or, peu d’entre eux était en mesure de la présenter lors des contrôles. De même, si les résidents de la partie française devaient être en possession de l’attestation pour circuler sur la partie française, rien ne les empêchaient de traverser la frontière et de circuler librement de l’autre côté. Aucune obligation légale n’était exigée en partie hollandaise. Les plages étant d’accès libre au sud de l’île et les restrictions sur les fermetures de commerces étant moins fortes, la tentation demeurait grande pour s’y rendre.
Des incohérences de niveaux de mesures sur notre petit territoire de 95km2, et surtout qui n’allaient pas dans le même sens, ni à la même vitesse, pour tenter d’endiguer de façon efficace la propagation du Covid-19 sur l’ensemble de l’île, alors que les deux côtés de l’île assuraient travailler en coopération quasi-quotidiennement. Chacun restant toutefois maître de ses décisions sur sa partie du territoire.
 
Electrochoc pour Sint Maarten ?
 
En conférence de presse tenue ce dimanche en préfecture, avec, autour de la préfète Sylvie Feucher, la première ministre de Sint Maarten et sa ministre de la justice, mais aussi les représentants des forces de l’ordre des deux parties de l’île, gendarmerie de Saint-Martin et police de Sint Maarten, c’est un discours plus à l’unisson qui a été prononcé. Durant les contrôles conjoints réalisés vendredi matin à la frontière de Bellevue, la préfète Feucher avait évoqué la possible fermeture des frontières en mode « friendly », si le trafic entre les deux parties continuait de la sorte. La préfète aura certainement réussi à convaincre la première ministre Jacobs d’opter rapidement pour des mesures plus contraignantes dans les déplacements, d’autant qu’en 24 heures, la partie néerlandaise doublait son bilan des cas contaminés, passant de 3 cas à 6 cas officiellement déclarés positifs au Covid-19 dans la journée de samedi. Sans doute un électrochoc pour la première ministre qui a fini par prendre les mesures fortement attendues pour que l’île entière se range aux mesures strictes de confinement.
 
Frontières fermées en mode « friendly »
 
Sans doute une première dans l’histoire de l’île depuis l’avènement du traité de Concordia en 1648, instituant la libre circulation des personnes et des biens entre les deux nations, sans frontière matérialisée, la préfète a pris un arrêté préfectoral ce dimanche 29 mars, « portant restriction de déplacement sur la partie néerlandaise de l’île, dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus Covid-19 ». Un arrêté, qui, au vu de l’urgence sanitaire, doit réduire massivement la circulation entre les deux nations et ce jusqu’au 15 avril prochain, et pour les seuls motifs professionnels quand le télétravail n’est pas possible et pour les urgences médicales impérieuses. Des attestations dérogatoires en bonne et due forme, et valables pour un seul passage, sont devenues obligatoires durant cette période pour traverser la frontière en ses quatre points : Bellevue, Belle Plaine, Oyster Pond et Terres Basses. « Nous sommes une île, une population, mais bien deux nations », a commenté Sylvie Feucher, qui après avoir échangé avec la première ministre de Sint Maarten, a proposé de « prendre cet arrêté afin de mieux contrôler la circulation dans les deux sens de l’île, au cours des 15 jours à venir ». En clair, un résident de la partie hollandaise travaillant en partie française, doit se munir de l’attestation de son employeur français, signée et tamponnée par ce dernier, et de l’attestation quotidienne lui permettant de franchir la frontière. Idem pour un résident de la partie française travaillant en partie hollandaise.
 
Couvre-feu institué de 20h à 6h à Sint Maarten
 
La première ministre de Sint Maarten a également annoncé dimanche la mise en place d’un couvre-feu en partie hollandaise, les nuits entre 20h et 6h. Une décision motivée par les trop nombreuses circulations encore constatées tout le week-end, notamment des jeunes à scooters. Une mesure également rassurante au vu de la crainte montante des potentiels braquages et pillages qui pourraient bien être en recrudescence du fait de la cessation brutale de l’activité économique. La partie française n’a quant à elle pas opté pour cette mesure, « la circulation sur la partie française étant quasi-réduite à néant la nuit depuis les mesures de restrictions », a ajouté le commandant de gendarmerie Stephan Basso, expliquant qu’un important dispositif d’ordre est déployé 24h/24h au nord de l’île. Silvera Jacobs a par ailleurs informé de l’interdiction de la vente d’alcool dans les supérettes et les restaurants proposant des plats à emporter justifiant cette mesure par le fait que « trop de personnes restent encore rassemblées près des superettes de proximité restées ouvertes pour boire des bières ou d’autres alcools ».
Tous ces établissements comme l’ensemble des commerces autorisés à rester ouverts doivent par ailleurs fermer leurs portes à 18 heures et rester fermés les dimanches.