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Soualiga United : ne pas réitérer les erreurs du passé

Par Ann Bouard
20 April 2021
Après une année 2020 perturbée par la pandémie et ses conséquences tant sociales qu’économiques, mais aussi par l’absence de dialogue avec les services de l’État, le collectif Soualiga United a sollicité une rencontre avec Serge Gouteyron, Préfet délégué de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. Une réunion interne qui s’est déroulée vendredi en fin d’après-midi en Préfecture en présence également de représentants d’associations.
 
Le collectif entendait par cette démarche donner le point de vue de la population pour éviter les malentendus et les erreurs du passé. Plusieurs dossiers étaient à l’ordre du jour dont bien entendu celui du PPRN mais aussi le fonds de relance, la station d’épuration de Quartier d’Orléans, l’éducation ou encore le bien vivre ensemble.
Une démarche épaulée par l’Union du Peuple-Travailleurs Saint-Martinois, dans le fond et sur certains points, mais pas dans le principe car Cédric André, présent devant la Préfecture, n’a pas souhaité participer à cet entretien, jugeant la réunion un peu prématurée et préférant garder une certaine réserve … même s’il souhaite également que les spécificités saint-martinoise demeurent à l’ordre du jour et que la réalité du territoire soit prise en considération, non pas en appliquant des lois venues de métropole mais celles qui intègrent les us et coutumes qui ont fait l’identité de l’île.
 
La jeunesse au cœur des débats
 
L’un des cheval de bataille de Soualiga United est l’avenir des jeunes issus des quartiers populaire et plus globalement l’éducation. Les moyens mis en œuvre par l’état sont jugés insuffisants et non adaptés, pour preuve le taux d’échec scolaire : « envoyer les jeunes qui ont décrochés faire le RSMA en Guadeloupe, n’est pas une solution car ils reviennent sans travail et deviennent vite ingérables. L’état marginalise les jeunes de Quartier d’Orléans et de Sandy Ground et ne leur donne pas l’opportunité de changer d’état d’esprit. Il y a urgence pour les inciter à aller vers le monde du travail, car ils seront autrement les acteurs d’une délinquance » qui résulte pour le Collectif de négligences répétées de l’état. L'une des préconisations, outre la prévention plutôt que la répression, est de prôner le bien vivre ensemble mais pas à deux vitesses comme c’est le cas actuellement. Pour exemple, l'accident provoqué par un conducteur de deux-roues blessant un gendarme : lors d'une conférence de presse la gendarmerie exigeait des excuses, mais n'en a pas formulé lorsqu'un gendarme a renversé un scooter.
Sur le PPRN, les huit points du rapport Lacroix ont reçu l’approbation de Soualiga United mais avec la volonté d’obtenir que tous les saint-martinois puissent reconstruire, certes avec les nouvelles normes, mais aussi avec une possibilité de se développer dans l’avenir et avec des moyens pour les aider. Une des questions abordées avec le Préfet était également, dans ce contexte le devenir des parcelles vides qui appartiennent à la Collectivité, le collectif s’inquiétant que des immeubles de plusieurs étages puissent sortir de terre et demande à avoir une vision à long terme sur le sujet. Pour le collectif, l’état doit protéger la population mais ne pas prendre les décisions à sa place. Il préconise pour cela que le PPRN soit débattu avec le plus grand nombre, quitte à ce que plusieurs réunions à grande échelle soient organisées.
Les problèmes récurrents des stations d’épurations, eux posent le problème de la compétence de l’environnement actuellement celle de l’état, mais que le collectif souhaiterait voir attribuer à la Collectivité afin de rendre le territoire plus autonome.
Le dialogue semble renoué, mais le collectif s’interroge sur la latitude du Préfet à agir. « Il a certes ouvert le dialogue, ce que son prédécesseur n’avait pas fait, mais il doit appliquer les consignes du gouvernement, voire les imposer ». Ils ont cependant jugé ce premier échange positif et constructif, mais entendent bien obtenir plus de la part de l’état : des actions concrètes.
Du côté de la Préfecture le ressenti était à l’unisson, la discussion ayant été jugée directe et franche. Concernant le PPRN, le Préfet n’a pas souhaité entrer dans les détails dans la mesure où le dossier doit être discuté avec les élus de la Collectivité le 29 avril prochain. A l’issue de cette présentation, le collectif Soualiga United pourra demander à le rencontrer à nouveau sur ce point précis. D’autre part, il a tenu à rappeler aux membres du collectif que sur l’ensemble des sujets abordés, l’état travaillait dans l’intérêt des habitants.
 
Ann Bouard