Skip to main content

Ursula prend sa retraite, qu’on se le dise !

Par Jean-Michel Carollo
18 October 2024

Il est inutile de la présenter tellement elle fait partie du paysage saint-martinois, mais il fallait revenir sur les côtés méconnus de sa vie bien remplie avant de la laisser prendre une retraite bien méritée avec ses amis les chiens.

Ursula Oppikofer est née en Suisse et a passé une partie de sa vie en Norvège où elle était mannequin et où elle a donné naissance à son fils issu de son premier mariage. Parlant cinq langues, elle a ensuite travaillé pour l’ambassade de Suisse en Norvège avant de s‘installer à Paris pendant 16 ans évoluant dans le milieu de l’événementiel, au sein de l’organisation Miss Europe et dans le domaine de la Formule 1, car elle se passionne pour la course automobile. En mal d’exotisme, elle passe ses étés dans le bar qu’elle a monté à Ibiza, puis intègre le cercle très fermé de la mode parisienne chez Valentino et Armani entre autres.

Passion après passion, elle se fait une place dans le cinéma pendant trois ans en plein cœur du Festival du Cinéma Francophone. Cet événement a lieu aux Antilles à la fin des années 80 et c’est ainsi qu’Ursula fait connaissance avec Saint-Martin où elle organise des soirées prestigieuses pour les stars du moment. Au début des années 90 après un séjour en Sicile, Ursula la Nordique commence à prendre goût au soleil, et ce sera un aller sans retour pour Saint-Martin, car elle tombe amoureuse de ce caillou perdu au milieu de l’océan lors d’une partie de pêche nocturne inoubliable.

« Tous mes rêves se sont réalisés »

Bonne cuisinière, elle travaille au restaurant la Plantation de la Baie Orientale, et la saison suivante elle installe sur la plage une crêperie dont la réputation ne tarde pas à grandir. Mais tout cela s’arrête brusquement en septembre 1995 alors que l’ouragan Luis détruit tout sur son passage. Après l’épisode Bagdad Café à la Savane, changement de cap et changement de secteur: la voici à la tête d’une brocante dépôt-vente côté hollandais puis d’une galerie d’art pendant 13 ans, un lieu que tous les artistes saint-martinois fréquentent assidûment. 

Et les animaux dans tout ça ? Il est bien évident qu’elle n’imagine pas sa vie sans eux ; outre ses nombreux chiens, elle a en a possédé de toutes sortes: des chats, des poules, des oies, un âne appelé Roxanne sur le dos duquel elle allait prendre l’apéro à la plage, et aussi des chèvres dont Ginette la biquette qui regardait la télévision avec elle. Et puis Elvis le bouc qui sera à l’origine de la création du concours du plus beau bouc de l’île durant lequel on voit défiler les meilleurs spécimens de mâles caprins qui font la fierté de leurs propriétaires. Le concours de boucs n’est donc pas une tradition saint-martinoise, mais bien une des nombreuses idées folles de celle qui devient alors un personnage incontournable de Saint-Martin.

« La stérilisation des chiens est la seule solution »

En 2006 l’association «I Love My Island Dog» est créée, quatre ans plus tard le refuge est monté, et de nombreux chiens perdus, errants, maltraités, abandonnés y sont recueillis, soignés, nourris et aimés par Ursula qui cesse toute autre activité pour leur consacrer tout son temps. Est-ce bien utile d’en dire davantage ? Ursula est connue et reconnue par tous les habitants tant son action est efficace. Mais une fois encore tout ceci est balayé par Irma en 2017. Le refuge ne sera pas reconstruit, mais l’association existe toujours, et d’autres ont vu le jour depuis.

Ursula a peu à peu ralenti, mais sa motivation reste intacte et elle n’a qu’un seul mot d’ordre: la stérilisation sans laquelle il est impossible de contrôler l’augmentation du nombre de chiens sur le territoire. Elle compte désormais sur la jeune génération pour prendre la relève. « Je rêve maintenant de retraite » nous confie-t-elle « Tout en continuant d’aider avec les moyens dont je dispose ». Ce n’était qu’un résumé d’une vie tellement foisonnante que nous aurions pu nous y attarder plus longuement… une prochaine fois peut-être.

Jean-Michel Carollo