Accéder au contenu principal

Conseil de la Mer : les enfants font bouger les institutions

Par Ann Bouard
6 Avril 2023

Né en 2012 aux Marquises de l'imagination des enfants d'une école primaire, le concept d'aire marine éducative (AME) s'est développé sur le territoire français en 2016 avec l’implication de huit écoles seulement, dont l’école Clair St Maximin. Ses élèves tenaient leur conseil de la mer élargi vendredi dernier. Au-delà d’un simple exercice de sensibilisation scolaire, les AME portées par les enfants peuvent faire évoluer certaines choses.

Aujourd’hui Saint-Martin compte cinq AME : Clair St Maximin, les trois collèges et la petite dernière créée en 2022, Happy School. Les plus actives sont celles de Clair St Maximin, forte de son expérience de 7 ans et du Collège Roche Gravée de Moho qui a même initié en complément une aire terrestre éducative sous l’impulsion d’un enseignant passionné et insulaire … venu de Corse. Celles des collèges Monts des Accords et Soualiga sont en veille faute de motivation semble-til des enseignants. Car une AME n’est pas qu’un dispositif sur le papier. C’est beaucoup de travail de la part des élèves et de leurs encadrants. Tout au long de l’année, ils mènent une réflexion sur l’environnement, établissent des projets, réalisent des actions sur le terrain. Les projets des AME, dûment documentés et médiatisés, sont en effet transmis à l’office français de la biodiversité (OFB) qui labelise les plus efficients. L’AME Clair St Maximin a obtenu son label en 2018 et continue à le renouveler chaque année.

UN CONSEIL DE LA MER ÉLARGI

Les élèves de l’école Clair St Maximin avaient invité leurs homologues d’Happy School, venus en observateurs, pour ce conseil de la mer élargi. Ce sont eux également qui ont invité les institutionnels et animés les débats sous la houlette de leur référent, Vincent Oliva, garde à la Réserve Naturelle de Saint-Martin et chargé de mission éducation à l’environnement. Cette année leur projet portait sur la protection des tortues marines. Un sujet qui a soulevé bon nombre de questions en rapport avec ces espèces menacées et sur les aménagement des plages mais aussi plus généralement sur la prise de conscience même de l’environnement par les habitants ou les touristes de l’île.

Pourquoi n’y a-t-il plus de signalisation sur les plages ? Pourquoi ne peut-on sanctionner les quads qui détruisent les plantations sur leur passage ? Pourquoi ne pas organiser une rencontre avec un maximum d’élèves pour les sensibiliser à la protection de notre environnement ? Pourquoi n’y a-t-il pas de piscine en mer (comme ce fut le cas au Galion) pour que les enfants puissent se familiariser avec le « savoir nager » et l’environnement marin ? Autant de questions qu’ils ont adressé à leurs interlocuteurs du jour: les représentants de l’État, du Conservatoire du Littoral, de l’Éducation Nationale et de la Collectivité de Saint-Martin.

Fabien Sésé, secrétaire général de la Préfecture a proposé que leur projet soit mis sur le site de la Préfecture et s’est engagé à se rapprocher de tous les intervenants concernés pour que leurs demandes soient prises en compte. Des panneaux de signalisation et d’informations devraient ainsi faire leur retour sur les plages et le problème des dégradations devrait faire l’objet d’une réflexion. Dans les souhaits exprimés, le fait de pouvoir regrouper les élèves AME au sein d’une même classe, comme cela se fait déjà pour les classes CHAM (musique) et de pouvoir continuer ce travail au-delà du collège étaient aussi à l’ordre du jour.

Ann Bouard