Accéder au contenu principal

Des moustiques génétiquement modifiés : info ou intox ?

Par Ann Bouard
9 Décembre 2024

La bactérie Wolbachia vit naturellement dans les cellules de nombreuses espèces d’insectes. Elle empêche le développement du virus de la dengue, ainsi que ceux du Zika et du chikungunya, à l’intérieur du moustique. Les moustiques infectés transmettent la bactérie à leur descendance. Des expérimentations ont lieu depuis 2011 pour éradiquer les moustiques par ce procédé.

Différentes approches pour lutter contre les moustiques sont étudiées, car ils résistent à tous les traitements chimiques. Ce procédé consiste à libérer des moustiques Aedes aegypti porteurs de la dengue après qu’ils aient été infectés en laboratoire par la bactérie Wolbachia.  Les premiers moustiques porteurs de la bactérie ont été lâchés en juillet 2019 à Nouméa par les équipes de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie dans le cadre du World Mosquito Program. Ce programme est développé par un groupe d'entreprises à but non lucratif, au sein de  l'université Monash en Australie, qui s'efforce de protéger la communauté mondiale contre les maladies transmises par les moustiques.
L’objectif de ce programme est d’obtenir, par accouplement des moustiques infectés par cette bactérie avec des moustiques sauvages, une population de moustiques Aedes aegypti incapables de transmettre les arbovirus. Pour cela, les chercheurs de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie ont croisé progressivement ces moustiques porteurs de Wolbachia avec des moustiques non porteurs, assurant ainsi la transmission à la descendance.

Une lutte biologique envisagée à Saint-Barthélemy

Il y a visiblement une confusion dans l’association de moustiques génétiquement modifiés et le fait qu’ils soient porteurs de la bactérie Wolbachia qui, elle, est naturellement présente chez les insectes.
Cette « lutte biologique » constitue donc un espoir important en complément des moyens de lutte contre les gites larvaires. L’Australie a été pionnière dans ce domaine grâce aux travaux menés depuis près de 20 ans et cette méthode est recommandée par l’OMS. Une réflexion est en cours pour déployer cette lutte biologique à Saint-Barthélemy, la Collectivité de l’île sœur ayant la compétence de l’environnement, mais dans l’attente de l’aval de l’ANSM (Agence Nationale de sécurité du médicament et des produits de santé) indique l’ARS. Le déploiement d’un tel procédé n’est pas envisagé pour le moment à Saint-Martin.

Épidémie de dengue : Saint-Martin épargné pour le moment

La Guadeloupe est confrontée à une épidémie de dengue marquée par la prédominance du sérotype DENV3, une souche qui n'avait pas circulé de manière significative dans l'archipel depuis deux décennies.  Elle est passée en phase 4 d’épidémie de dengue le mois dernier. Si à Saint-Martin la situation est encore relativement calme, avec seulement quelques cas sporadiques par semaine, les échanges inter-îles pourraient modifier la donne. Après les fortes pluies, il convient de se rappeler les bons gestes pour passer au travers.
Éviter toute eau stagnante est la première mesure à adopter afin d’éliminer les gîtes larvaires : vider tout ce qui peut contenir de l’eau tout autour de son domicile (soucoupes de pot de fleurs, jouets, vases…), nettoyer les gouttières, protéger les fûts de récupération d’eau de pluie et les trop plein des citernes avec un grillage, éliminer tous les encombrants et déchets, pouvant faire office de récipients autour des habitations (bouteilles, pneus, barquettes, boîtes de conserve…). Étant donné la durée du cycle de développement du moustique, ces opérations de destruction des gîtes doivent être effectuées deux à trois fois par semaine.   

Ann Bouard