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Régulation des espèces exotiques envahissantes (EEE) : un appel à candidatures est lancé

Par Ann Bouard
1 août 2024

Tous les territoires ultramarins sont confrontés à la problématique des EEE‭. ‬Saint-Martin n’échappe pas à la règle‭. ‬Lors d’une conférence de presse mardi‭, ‬le préfet Vincent Berton en collaboration avec la Collectivité‭, ‬la DEAL‭, ‬la fédération des chasseurs‭, ‬l’OFB et les associations locales‭, ‬a annoncé les prémices d’un plan d’action sur trois ans‭. ‬Un appel à candidatures est lancé pour réguler quatre espèces‭ : ‬l’iguane commun‭, ‬la mangouste indienne‭, ‬le raton laveur et le singe vert‭.‬

Les espèces invasives sont l’une des premières causes de disparition de la biodiversité dans le monde. Dans les territoires d’outre-mer, principal réservoir français de biodiversité, cette problématique a été engendrée par l’importation par l’homme de nouvelles espèces qui, pour certaines, ont totalement éradiqué les espèces endémiques. C’est le cas notamment de l’iguane commun qui a supplanté l’iguane des Petites Antilles (Iguana Delicatissima) à Saint-Martin. Le singe vert (Vervet) constitue, lui, une menace pour les cultures et la biodiversité ; la mangouste et le raton laveur sont eux de redoutables prédateurs pour les petits mammifères et les oiseaux dont ils mangent les œufs. 

Un appel à candidatures est lancé, jusqu’au 15 septembre, pour qu’un opérateur fasse les prélèvements nécessaires pour réguler ces populations. Ces actions débuteront d’ici la fin de l’année sur les secteurs où la prolifération est la plus importante. Un budget de 300 000 € sera dégagé par l’État pour ces campagnes, qui sont une première sur le territoire.

COLLABORATION AVEC SINT MAARTEN

La régulation des EEE est complexe et coûteuse à gérer. L’idée est aussi de travailler en étroite collaboration avec la partie sud de l’île, notamment sur les singes verts, car seule une approche commune et cohérente pourra donner des résultats. Plusieurs réunions ont été organisées en 2023 entre la DEAL, la Réserve Naturelle, l’ARS, la Collectivité de Saint-Martin et la Nature Foundation de Sint Maarten. Cette dernière a été missionnée par le gouvernement de Sint Maarten début 2023 pour réduire la population de singes, avec pour objectif  d’euthanasier 450 primates d’ici 2025. Les 14 pièges installés ont déjà permis de capturer 108 singes, euthanasiés par des vétérinaires qualifiés. 

A Saint-Martin, la réglementation en la matière est différente. À ce jour, les lieux qui seront ciblés et les méthodes utilisées ne sont pas encore définis et aucun objectif quantitatif n’a été déterminé. Cependant, ces campagnes de régulation devront être menées de manière efficace certes, mais selon une certaine éthique et en total respect du bien-être animal a indiqué le Préfet : « Il y a encore beaucoup d’inconnues qui devront être précisées avec le futur porteur de projet ». Un rapport établi en 2022, faisait état d’une population de 6500 singes, dont 2/3 sur la partie française de l’île.

RÉINTRODUIRE CERTAINES ESPÈCES

Si la gestion des EEE n’est pas du ressort de la Collectivité de Saint-Martin, cette dernière, associée depuis le début de la réflexion,  entend se positionner comme facilitatrice des opérations. En effet, pour Igor Rembotte, chargé de mission Biodiversité à la Collectivité, ces espèces constituent un véritable fléau pour la filière agricole qui se structure à peine.

En parallèle, des projets de réintroduction d’espèces endémiques sont en cours de réflexion, notamment l’iguane des Petites Antilles. Éteint à Saint-Martin, même si certains descendants possèdent des gènes des deux espèces (l’iguane commun a la capacité de s’hybrider avec l’espèce locale), il n’est présent désormais plus qu’à Saint-Eustache, Anguilla, La Désirade Petite Terre, Saint-Barthélemy et en Dominique et Martinique. Sa conservation est inscrite dans le plan de gestion de la Réserve Naturelle, qui a pour projet de créer une zone pilote afin de le réintroduire peu à peu. Tintamarre pourrait être retenu, car disposant d’une superficie adéquate, d’un écosystème varié et suffisamment loin pour les protéger de leurs prédateurs. Des initiatives similaires ont déjà porté leurs fruits sur d’autres îles qui ont vu une régénération spectaculaire de leur végétation depuis leur réintroduction. 

Ann Bouard

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