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Braquage dans une boulangerie : l’accusé relaxé

Par Diane Pezeron-Dubois
31 mai 2024

Ce mercredi 29 mai, A.M était jugé en comparution immédiate dans l’affaire du braquage d’une boulangerie à Marigot, en novembre 2023. Les éléments, dont la trace ADN de l’accusé retrouvé sur les lieux, ont été jugés insuffisants et ont conduit à la relaxe de l’homme.

Il est entre 5h et 5h15 du matin ce 8 novembre 2023, lorsque deux individus s’introduisent dans une boulangerie, bien connue de l’île et située à Marigot. Sur place, 4 employés sont présents. Les individus, cagoulés et portant des gants, sont munis d’une pioche et d’une arme de poing, a rappelé le tribunal.

À ce moment, les braqueurs ordonnent aux quatre employés de s’allonger au sol sous la menace de l’arme. Selon l’une des victimes, un des deux individus leur aurait déclaré : «nous ne vous ferons pas de mal sinon vous seriez déjà morts », avant de fouiller les lieux, à la recherche du coffre. Ne trouvant rien, les deux individus ont pris la fuite. Sur place, une caméra de vidéosurveillance a filmé la scène, sans pour autant pouvoir reconnaître l’identité des auteurs des faits.

Néanmoins, un prélèvement ADN sur la caisse a mis en évidence le profil génétique d’un homme, A.M, âgé de 22 ans. Né à Saint-Martin et connu des services pour deux refus d’obtempérer, l’homme était sur son lieu de travail à Saint-Barthélemy lors de son interpellation, le 19 mars 2024. Placé en détention en Guadeloupe, c’est par visioconférence que l’accusé s’est présenté à la barre ce mercredi 29 mai, niant les faits et assurant ne s’être jamais rendu dans cette boulangerie.

RECONNU PAR SA MÈRE

Lors de sa comparution, les membres du tribunal l’ont questionné sur la présence de son ADN sur la caisse de la boulangerie. L’homme répond avoir effectué des travaux de chantier sur le territoire et avoir laissé son matériel sur place : «Des jeunes ont pu récupérer le matériel, dont mes gants sur le chantier et faire leurs affaires avec », répond-il.

Une réponse qui ne semble pas convaincre le tribunal, qui souligne qu’il ne s’agirait pas de gants de travaux, mais plutôt de gants en plastique. Autre élément de grande importance, l’audition de la propre mère de l’accusé, le 20 mars 2024, soit 24h après l’interpellation d’A.M, où la femme assure reconnaître son fils et dont les déclarations ont été lues lors de l’audience. «Je reconnais clairement mon fils, porteur de l’arme de poing », avait-elle déclaré. «Je le reconnais surtout avec son nez et son regard », avait-elle poursuivi avant d’ajouter : «C’est impardonnable, il se donne un rôle et veut prouver des choses ». La femme avait déclaré que son fils devait «assumer ses responsabilités ». Le témoignage des 4 employés a également été lu lors de l’audience. Traumatisés, tous ont depuis quitté l’île, comme l’a rappelé le procureur. Ce dernier a également précisé que l’accusé avait fait preuve d’un comportement hostile pendant sa garde à vue et a demandé une peine de 5 ans d’emprisonnement dont 2 ans de sursis.

RETOURNEMENT DE SITUATION

Lors de l’audience, la mère de l’accusé a été appelée à la barre, en tant que témoin. Debout devant le tribunal, la femme l’assure : non, elle ne reconnaît pas son fils ! Une réponse qui surprend aussi bien les juges que l’assemblée. Très émue, la mère de l’accusé explique avoir été informée des faits reprochés à son fils seulement le jour même de son audition, face aux enquêteurs, qui lui ont fait défilé rapidement les photos de l’individu cagoulé. «Ils n’arrêtaient pas de me dire que c’était lui, ils se sont focalisés sur son nez », poursuit-elle, assurant qu’avec le choc, elle n’était pas en état de pouvoir donner, à ce moment, une réponse valable. Un avis partagé par l’avocate de l’accusé, maître Tillard qui déclare que les enquêteurs ont conditionné la mère de l’accusé et qu’aucune demande de reconnaissance de l’individu n’a été demandée aux quatre victimes. L’avocate a également souligné que A.M avait été blessé durant sa garde à vue, et que les éléments à charge, soit les traces ADN présentes sur la caisse, n’étaient pas une preuve suffisante pour permettre d’accuser son client. L’avocate a demandé sa relaxe. La tension est à son comble, lorsque les juges reviennent de leur délibération. «Le tribunal a décidé de vous relaxer considérant que les éléments à charge sont insuffisants », a déclaré la juge à l’accusé, devant le soulagement de la famille de A.M, présente à la comparution.    

Diane Pezeron-Dubois

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