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Deux gendarmes accusés de violences lors d’une interpellation pour vol

Par Diane Pezeron-Dubois
13 juin 2024

S.H et F.O comparaissaient ce jeudi 13‭ ‬juin devant le tribunal‭. ‬Ils sont accusés d’avoir porté des coups à un homme lors d’une interpellation‭, ‬alors que l’individu était déjà immobilisé‭. ‬Ce dernier venait de voler le sac à main d’une femme seule‭, ‬qui rentrait chez elle‭. ‬

Le 28 août 2023, il est presque minuit à la Baie Orientale, lorsqu’un cri strident retentit sur la plage. Une femme qui regagnait sa voiture vient de se faire voler son sac. Alertés par les bruits, quatre gendarmes, alors en civil et sortant d’une fête, se précipitent sur les lieux et découvrent la femme paniquée et en pleurs. Ils poursuivent l’auteur des faits, K.D, qui a pris la fuite. Les gendarmes arrivent alors à l’arrêter et procèdent à une interpellation musclée ; l’individu reçoit plusieurs coups, notamment de F.O et de S.H, avant d’être immobilisé. Pourtant, une fois au sol, S.H continue de lui porter des coups; ce sont ses collègues qui l’arrêtent et lui demandent de s’éloigner. Par la suite,  K.D décide de porter plainte pour violence par une personne dépositaire de l’autorité publique. Autre point crucial, une caméra de vidéosurveillance d’un restaurant a filmé la scène. 

DES COUPS ILLÉGITIMES

Ce jeudi, les deux gendarmes ne sont pas présents, mais en déplacement professionnel. Lors de leur audition, ils avaient assuré qu’au moment où ils ont trouvé la jeune femme, ils étaient persuadés que cette dernière avait été victime d’agression sexuelle. Ils ont également reconnu que des coups avaient été portés, notamment par S.H, alors que l’individu était immobilisé.

À la barre, la procureure le souligne :  «Cette affaire est un cas très particulier. Nous avons des gendarmes qui n’étaient pas en fonction, mais en civil, ils ne portaient pas l’uniforme. Ils ont presque agi en tant que citoyen, mais tout en se revendiquant gendarmes lors de l’interpellation» ; précise-t-elle. «Il faut recontextualiser la situation, nous avons un cri qui déchire la nuit, le stress, l’alcool. À la fin de l’intervention, ils savaient tous les quatre qu’ils n’avaient pas complètement maîtrisé la situation », poursuit la procureure. «Il y a un équilibre à trouver dans cette affaire, mais les coups n’étaient pas légitimes.
Quand on a la violence légitime, on la maîtrise. Quand on invoque la gendarmerie, il faut assumer derrière » conclut-elle avant de requérir une amende de 500 euros pour S.H et une amende de 300 euros avec sursis pour F.O. 

RECONTEXTUALISER LES FAITS

Une condamnation jugée clémente par l’avocate de S.H, maître Petit qui a souhaité néanmoins recontextualiser les faits. «J’étais présente à cette soirée et je suis partie seulement 15 min avant la victime », a-t-elle déclaré. «Cela aurait pu être moi, ou n’importe quelle autre femme. Je peux vous assurer qu’à ce moment de la nuit, seule face à un homme dont je ne connais pas les intentions, j’aurais aimé que quatre gendarmes, en civil ou n’importe qui interviennent. Les quatre hommes étaient persuadés que la victime avait été agressée, ce qui explique cette montée d’adrénaline ».   L’avocate a par la suite lu la suite des messages que la femme victime a écrit à S.H, le remerciant pour être intervenu, avant de porter son attention sur K.D ; «Il ne faut pas oublier que l’homme lors de son audition a naturellement dit que les faits se sont déroulés pendant qu’il volait un sac. Il y a une banalisation des faits et, à côté de cela, il porte plainte contre un gendarme, ce qui est quand même hallucinant », conclut-elle. La délibération est quant à elle attendue le 4 juillet prochain.                 D.P

Diane Pezeron-Dubois

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