Relation mère - fille : quand les tensions finissent au tribunal
Après les dossiers de crimes sexuels où la justice doit se prononcer sans preuve matérielle, il en est d’autres où elle doit statuer en se basant sur la seule parole de la victime et de l’accusé. C’est notamment le cas lors des dérives au sein de la cellule familiale. Une mère était accusée d’avoir violenté sa fille durant plusieurs années. Elle indique aimer sa fille.
La jeune fille, qui a aujourd’hui 15 ans, avait huit ans au moment des faits. Elle indique alors à l’un de ses professeurs que sa mère n’est pas stable, qu’elle l’a menacé avec un couteau et lui a confisqué son téléphone. Elle indique par ailleurs que sa mère la menace aussi en paroles en lui disant par exemple « comme je t’ai donné la vie, je peux te tuer ». Elle lui jetterait également des objets à la figure. Cette situation aurait perduré entre 2018 et 2023.
Après une nouvelle dispute, sa mère la dépose à la Croix Rouge, où elle a rendez-vous avec une éducatrice spécialisée, elle se confie également à la psychologue. L’éducatrice indique que la mère n’est pas cohérente et qu’elle est dans la victimisation. Un examen médical va faire état d’un léger hématome sur la rotule gauche. Suite à ces événements, la fillette sera placée en famille d’accueil. Devant la cour, elle n’est pas présente mais est représentée par l’administrateur Ah d’oc, l’association Trait d’Union – France victimes.
Une éducation stricte
A la barre, la mère explique qu’elle souhaite une éducation irréprochable pour sa fille, et qu’elle peut, en dernier recours, faire usage de violence pour la corriger, car sa fille lui ment. Elle a de mauvaises relations avec qui elle adopte des comportements irrespectueux précise-t-elle à la juge. Elle nie cependant l’avoir menacée avec un couteau. Elle trouve inadmissible que la Croix Rouge ait emmené sa fille à la gendarmerie sans son consentement. Dans sa déposition auprès des gendarmes, elle reconnait l’avoir tapé, ce qu’elle réfute totalement une fois devant les magistrats. Aujourd’hui selon Trait d’Union – France Victimes, les relations se sont apaisées entre la mère et la fille.
Un dossier vide
Pour le ministère public, le témoignage de la victime a été conforté par ceux des deux personnes de la Croix Rouge et est en cohérence également avec ses déclarations aux gendarmes. Les violences, quel que soit le contexte sont interdites et la vice-procureur demande au juge d’entrer en voie de condamnation et requiert 4 mois de prison avec sursis simple.
Pour l’avocat de la mère, il n’existe pas de preuves et le fait que la jeune fille porte plainte alors que son téléphone lui a été confisqué la veille est révélateur. «Aujourd’hui, on ne peut plus rien dire aux enfants, plus de fessées, plus de martinet ! Ma cliente a fait œuvre de correction pour affirmer son autorité sur la fille qui lui mentait » plaide-t-il devant la cour. Pour l’avocat, le dossier est vide et il n’y a que « les dires de la petite qui sont pris pour argent comptant, sans enquête, sans présence des services sociaux ».
A noter que la mère originaire du Guyana est dans l’attente de la régularisation de ses papiers et que celle-ci dépend du verdict du tribunal. Tribunal qui va la déclarer coupable.
Elle sera condamnée à quatre mois de prison avec sursis et pour peine complémentaire à la privation de son droit d’éligibilité pendant 5 ans. Elle n’aura cependant pas d’inscription à son casier judiciaire.
Le tribunal a reçu la constitution de la partie civile et la déclare responsable du préjudice moral et la condamne à payer 1€ symbolique en réparation.