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L’interview : Philippe Philidor

Par Ann Bouard
21 juin 2024

Avocat fiscaliste de 33 ans et attaché parlementaire, Philippe Philidor, a décidé de se présenter, en binôme, avec Daniel Gibbs, ancien député et ex-président de la Collectivité de Saint-Martin. Un choix mûrement réfléchi à bien des égards. 

Conseiller territorial d’opposition, attaché parlementaire du sénateur Guillaume Arnell durant trois ans et actuellement collaborateur parlementaire du rapporteur spécial du budget des outremer et du Président de la délégation des outremer à l’Assemblée Nationale, Philippe Philidor se partage déjà entre le territoire et l’hexagone. Avec Daniel Gibbs, ils ont fait le choix de mettre leurs expériences et compétences au centre de leur engagement, avec une vision politique de droite sans occulter toutefois l’aspect humaniste.

QUELLES ONT ÉTÉ VOS MOTIVATIONS POUR VOUS PRÉSENTER ?

Ce n’est un secret pour personne, mon binôme est LR, donc de droite. Pour ma part, je n’ai pas de sensibilité politique particulière, si ce n’est de servir la cause ultramarine et particulièrement Saint-Martin et de Saint-Barthélemy. C’est ce qui a motivé notre choix de porter une candidature axée « divers », tout en considérant, si l’opportunité nous en est donnée à l’Assemblée nationale, l’intégration à un groupe politique qui rende audible la voix de nos territoires.

COMMENT VOUS POSITIONNEREZ-VOUS DANS LA FUTURE ASSEMBLÉE NATIONALE ?

Nous entrons dans une situation compliquée où tous les partis politiques vont être bouleversés. La politique c’est se faire entendre et pour cela il faut avoir des partenaires et la capacité de dialoguer avec tous pour obtenir des soutiens. Nous choisirons donc un groupe politique qui prendra en considération la polarisation dans laquelle on se situe et qui nous offrira la possibilité de dialoguer et de travailler en concertation sur les différents textes et amendements. Il est encore trop tôt pour le définir, car on ne connaît pas aujourd’hui la future configuration de l’Assemblée Nationale. Une chose est certaine, nous demeurerons attentifs aux valeurs de liberté, d'indépendance et au plaidoyer en faveur des territoires ultramarins que certains groupes parlementaires représentent, en particulier, le groupe Liberté, Indépendants, Outremer et Territoires.

QUELLES SONT LES THÉMATIQUES QUE VOUS ALLEZ DÉFENDRE ?

Avant tout le soutien des économies locales, réduire la cherté de la vie, œuvrer sans relâche pour garantir l’aspect sécuritaire à la fois pour les habitants et pour les visiteurs, revoir l’éducation sur le volet formation et améliorer l’offre de soins notamment à Saint-Barthélemy qui subit un double enclavement. Autre thématique importante, le développement des deux territoires en corrélation avec la préservation de l’environnement et sous l’aspect renouvellement énergétique. Nous allons bientôt perdre la péréquation, qui va multiplier par trois le coût de l’électricité. Il est urgent de réduire les coûts de production et d’avoir une visibilité sur le type d’énergie qui pourrait compenser. Pour cela il faut travailler avec des acteurs qui nous aideront à trouver des solutions. On doit appréhender et anticiper les défis majeurs induits par les conséquences du changement climatique et auxquels nos territoires vont être confrontés.

QUELLE SERA VOTRE PRIORITÉ ?

Il y en a plusieurs, dont la loi pour l'ouverture et le développement économique de l'outremer, pour laquelle nous nous sommes battus et aujourd’hui menacée. Le contexte d’austérité va engendrer des modifications qui ne prendront pas en compte nos spécificités et dont les conséquences seront importantes pour les entreprises. C’est l’un des premiers dossiers que l’on va défendre, dès la rentrée, avec la cherté de la vie lors des projets de loi de finances, pour garantir un certain équilibre entre coupes budgétaires et avenir économique. Cela en tenant compte des différences notables entre les deux territoires qui impliquent de travailler en concertation avec les forces vives locales que ce soient les professionnels, les institutions, le tissu associatif ou la société civile pour prendre les bonnes décisions.

QUEL MESSAGE SOUHAITEZ-VOUS FAIRE PASSER AUX SAINT-MARTINOIS ?

Ces sujets sont nos axes principaux, mais de par notre expérience de parlementaires, nous savons que nous ne sommes pas là pour décliner ou impulser la politique d’un territoire, mais bien pour construire avec tous les acteurs et pour agir sur des dispositifs. Il y a d’énormes enjeux et des souffrances exacerbées. Le vote ne doit pas être de complaisance ou d’affinité. Il doit permettre de rompre avec l’inaction qui nous a rendus inaudibles à l’Assemblée Nationale. Les électeurs doivent faire le choix de la compétence, car il conviendra dès le lendemain des résultats d’être opérationnels.

Ann Bouard

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