Après Irma : la pagaille dans la gestion des logements locatifs !
A la suite de l’ouragan Irma, environ 8000 personnes ont quitté le territoire. Parmi celles-ci, de nombreuses femmes seules avec des enfants en bas âge, dont les appartements ou maisons étaient encore viables, et qui avaient pour intention de revenir une fois le temps de l’urgence immédiate passé. Sauf que pour certaines d’entre elles, la surprise est de taille au moment du retour : les logements ont été entièrement vidés, comme prêts pour accueillir de nouveaux locataires.
C’est le cas de ces deux jeunes femmes, Amélie et Coralie*, qui ont quitté leur domicile une dizaine de jours après l’ouragan, emportant avec elles quelques effets personnels pour elles et leurs enfants. Les appartements n’ont pas été dévastés par l’ouragan, ils ont toutefois été endommagés. La première, Amélie, avait pris soin avant son départ de nettoyer et ranger les affaires qui pouvaient être sauvées. Un départ prévu pour deux ou trois mois, le temps que la situation se stabilise à Saint-Martin. Arrivées dans l’hexagone, elles nous informaient « avoir tenté en vain de contacter leurs agences immobilières avec lesquelles elles ont signé leur bail de location ». Des départs précipités comme pour beaucoup de personnes, et les suites ont dû être gérées à distance. Amélie n’a pas pu avoir de contact avec son agence de location, et n’a pas non plus payé le loyer de son appartement. Idem pour Coralie. Pensant qu’il y aurait des décisions de gratuité ou de réduction des loyers, elles comptaient régler les montants dus à leur retour. Quelque temps avant son retour, Amélie demande au père de son enfant d’aller inspecter son domicile. Et là, c’est le choc ! La porte de son appartement a été fracturée, et l’ensemble de ses biens ont été retirés. « Il ne reste plus que la télécommande du climatiseur », nous assure-t-elle ! « Plus une affaire, plus un meuble. Et ce n’est pas possible que ce soit un cambriolage…, l’appartement ne serait pas dans cet état ! », s’exclame-t-elle. Persuadées que c’est le fait de l’agence, ou bien du syndic de copropriété ou bien encore directement des propriétaires, dans le but de récupérer le logement pour le remettre à la location, Amélie et Coralie sont allées déposer une plainte à la gendarmerie.
Gestion du locatif : le casse-tête de l’immobilier
L’après-Irma n’est simple à gérer pour personne. Suite à ces informations reçues par des locataires, nous avons contacté des agences immobilières qui s’accordent toutes à dire que « si la gestion du parc locatif après Irma est compliquée, en tant que professionnels, il n’est pas possible d’avoir ce genre d’agissements. Nous devons actuellement faire face à une forte demande de logements en location, mais ce n’est pas pour autant que cela nous autorise à faire n’importe quoi ! », nous assurent les agences. Entre les logements laissés temporairement vacants par les locataires, ceux dont les habitants n’ont pas l’intention d’y revenir, ceux qui sont à rénover et encore ceux totalement détruits, les agences immobilières s’attèlent à faire un vaste état des lieux de leur parc locatif. Et en premier lieu, elles doivent contacter les locataires pour connaître leurs intentions. « Et si ces derniers n’ont pas l’intention de revenir, il y a une procédure réglementaire à suivre pour une rupture de bail », rajoutent-t-elles.
Plaintes au civil
Des plaintes ont été enregistrées qui rentrent dans le cadre d’une procédure civile. L’association d’aide aux victimes Trait d’Union a également été informée des dossiers. Car quoiqu’il en soit, il faudra bien déterminer qui a fracturé les portes d’entrée de ces appartements et s’est emparé des affaires des locataires. « C’est bien en l’état une violation de domicile avec entrée par effraction », explique Jean-Marie Thévenet de l’association Trait d’Union d’aide aux victimes.
*Pour des raisons de confidentialité, les prénoms ont été changés.