Port de Galisbay : Irma révélateur de ses limites
Resté la seule structure portuaire opérationnelle sur l’île après le passage d’Irma, le port de Galisbay a tout autant révélé l’importance de son rôle sur le territoire que ses limites.
Dès le lendemain du passage de l’ouragan Irma, le 6 septembre dernier, le port de Galis bay s’est inscrit comme le seul point stratégique pour toute l’île, permettant l’arrivée des aides d’urgence. En effet, le port de Pointe Blanche à Philipsburg étant gravement endommagé, toute la logistique de secours humanitaire s’est reportée sur le port de Galisbay. Aides alimentaires, acheminement de matériels divers, arrivée des premiers secours. Et il en a été ainsi pendant près de deux semaines. La création rapide d’un pont aérien entre la Guadeloupe et l’aéroport de Grand Case est venue en renfort pour l’acheminement de toute cette logistique d’urgence. Car là aussi, la seule infrastructure aéroportuaire restée opérationnelle après l’ouragan a été celle de Grand Case, en partie française.
Un trafic maritime doublé
Et pendant plus de deux mois, le port de Galisbay a dû gérer un important trafic maritime, représentant plus du double du trafic normal : « Nous avons eu pendant cette période entre huit à dix escales de bateaux par jour, nous confie le directeur du port, Albéric Ellis. Avec des problématiques supplémentaires, eu égard à notre tirant d’eau qui est actuellement de 6.50 mètres. En effet, les gros portes-containers qui arrivent en temps normal au port de Philipsburg, ont été déroutés vers la Guadeloupe. Les containers devaient être débarqués puis rembarqués sur des bateaux plus petits pouvant ainsi venir se mettre à quai à Galisbay. A ce sujet, la compagnie maritime CMA-CGM nous a été d’une aide très précieuse. Un jour, nous avons eu douze bateaux de pêche qui sont arrivés… Toute mon équipe, une trentaine de personnes, a été d’une efficacité remarquable, ainsi que l’ensemble des opérateurs du port. Pendant le passage du cyclone, pour ma part, j’étais dans l’Hexagone. Je ne devais rentrer qu’à la fin du mois. Je suis rentré en urgence le dimanche suivant le 6 septembre, par bateau depuis la Guadeloupe. Mon équipe et moi-même avons été sur les quais quasiment 24h/24h pendant de longues semaines », continue de raconter le directeur du port.
Une solidarité qui a un coût d’environ 300 000 euros
Un trafic maritime doublé sans pour autant engendrer de flux financiers, du fait d’une exonération totale des droits de port pendant toute cette période. « L’aide humanitaire a pris le pas sur les aspects financiers, et les arrivages tant destinés aux privés qu’aux entreprises ou à la Collectivité ont tous été exonérés de ce droit de port », explique Albéric Ellis. Ce qui correspond à environ 200 000 euros de perte d’exploitation pour la période. De même, avec l’arrêt de tout trafic de passagers avec Anguilla et les autres îles voisines, le port accuse un manque à gagner de 100 000 euros. Une perte sèche de 300 000 euros donc pour le port qui ne regrette rien, tant il s’est révélé indispensable dans la mise en place des secours.
Nécessité d’agrandir le port pour un meilleur rééquilibrage de l’île
« Si le port n’avait pas été opérationnel, l’île aurait été coupée du monde pendant cette période de crise. Cependant, tout en jouant pleinement son rôle de structure portuaire, le port de Galisbay a révélé ses limites », insiste Albéric Ellis. Limites de capacité d’accueil de navires commerciaux et de passagers et limites quant au développement de son activité qui engendrerait une forte valeur ajoutée, en termes financiers mais aussi en emplois directs et indirects (entre 50 et 100 emplois directs selon le directeur). Une extension de l’infrastructure qui permettrait de déployer le commerce vers les îles voisines, et de rééquilibrer les trafics entre la partie nord et la partie sud de l’île. Le port de Galisbay pourrait aussi devenir le port de base de compagnies de croisières « moyenne-haute-gamme », et pourrait ainsi amorcer des actions en faveur d’un développement touristique à l’endroit de ce public. Actuellement, seul le Crystal Esprit, d’une capacité de 60 passagers a pris le port de Galisbay comme port d’attache, et assure une croisière hebdomadaire en partance de Saint-Martin. « Le Crystal Esprit doit néanmoins rester au mouillage au large, et pour conserver cette clientèle, nous devons améliorer le confort et l’accueil des passagers », conclue le directeur du port.