Tirex : un point complet sur la saison cyclonique 2017 et les leçons à en tirer
Par Ann Bouard
24 Mai 2022
La restitution des recherches scientifiques menées post Irma a été présentée lors de quatre séances « exposition/ échange » vendredi et samedi derniers dans les conseils de quartier de Sandy-Ground, Marigot, Quartier d’Orléans et à l’école primaire de Grand-Case, mais malgré ce choix de proximité avec la population, seule une poignée de personnes a fait l’effort de se déplacer. Est-ce dû à un manque de communication, une absence de curiosité, ou un désintérêt total des saint-martinois ?
Pourtant ces séances étaient riches en enseignements, et à la perspective de l’arrivée imminente de la prochaine saison cyclonique, on aurait pu penser que les habitants se sentiraient quelque peu concernés par le sujet. Sans doute vont ils se contenter encore une fois de parcourir d’un œil distrait les éternelles consignes de prévention diffusées dans les médias à partir du mois de juin (kit d’urgence, réserve d’eau, piles, médicaments, etc…) en se disant qu’après avoir survécu à Irma, il ne pouvait plus rien leur arriver de pire. Quel dommage de ne pas approfondir un peu le sujet pour mieux se préparer à une éventuelle nouvelle catastrophe naturelle, et surtout de ne pas avoir envie de savoir quelles ont été les vraies conséquences, de ne pas vouloir apprendre à mieux anticiper un tel phénomène de façon à en limiter les effets néfastes.
La genèse du projet
En 2017, des chercheurs terminaient une étude intitulée C3AF sur le réchauffement climatique, et Irma est arrivé. En quelque sorte la démonstration réelle des effets néfastes de celui-ci sur la planète. L’équipe, constituée de trente scientifiques spécialisées dans la géographie des risques au sein du Laboratoire de Géographie et d’Aménagement de Montpellier, a décidé de saisir cette opportunité. En partenariat avec Météo France et la caisse nationale de réassurance et en étroite collaboration avec l’université des Antilles, ils ont présenté leur projet, intitulé Tirex, à l’ANR, qui a accepté de le financer.
Fin octobre 2017, une équipe de dix personnes était présente sur l’île et a durant quatre ans effectué deux séjours par an afin d’évaluer la préparation à l’événement, comment il a été vécu, le suivi des dommages sur les zones littorales, quelle a été la gestion de la crise, comment le territoire s’est rétabli, etc.
Un travail d’écoute sur le terrain primordial, qui a pris en compte le contexte culturel des lieux impactés. La diffusion et le contrôle de l’information, pour ne pas dire le rétablissement de la vérité, étaient également des facteurs importants. En effet, les rumeurs sur la destruction complète des sites, le nombre de victimes ou encore les exactions qui ont suivi le passage du cyclone ont été légions et courent encore aujourd’hui dans l’inconscient collectif, alors que bien souvent, la réalité était tout autre. A grand renfort de cartes et de schémas détaillés mais néanmoins tout-à-fait lisibles et compréhensibles par tous, Monique Gheradi, ingénieur cartographe et Stéphanie Defossez, maître de conférence à l’université Paul Valéry de Montpellier ont ainsi livré leurs conclusions.
Fin octobre 2017, une équipe de dix personnes était présente sur l’île et a durant quatre ans effectué deux séjours par an afin d’évaluer la préparation à l’événement, comment il a été vécu, le suivi des dommages sur les zones littorales, quelle a été la gestion de la crise, comment le territoire s’est rétabli, etc.
Un travail d’écoute sur le terrain primordial, qui a pris en compte le contexte culturel des lieux impactés. La diffusion et le contrôle de l’information, pour ne pas dire le rétablissement de la vérité, étaient également des facteurs importants. En effet, les rumeurs sur la destruction complète des sites, le nombre de victimes ou encore les exactions qui ont suivi le passage du cyclone ont été légions et courent encore aujourd’hui dans l’inconscient collectif, alors que bien souvent, la réalité était tout autre. A grand renfort de cartes et de schémas détaillés mais néanmoins tout-à-fait lisibles et compréhensibles par tous, Monique Gheradi, ingénieur cartographe et Stéphanie Defossez, maître de conférence à l’université Paul Valéry de Montpellier ont ainsi livré leurs conclusions.
Les constats
Le projet Tirex a permis de recueillir des témoignages de la population, d’aller à la rencontre des autorités locales, de photographier chaque quartier à l’aide de drônes, de collecter des données sur l’intensité de l’impact, d’évaluer le volume des dommages ou les taux de reconstruction des bâtiments dans le temps, d’estimer les pillages, etc. De ces données résultent plusieurs constats et des recommandations comme l’obligation impérative d’évacuer les bords de mer et pour se faire rassurer la population, défiante quant aux abris proposés. Un point dont a d’ores et déjà tenu compte la Collectivité. Il sera également nécessaire de prévoir des lieux de stockage et de gestion des déchets. En effet, l’étude a établi que chaque habitant a généré suite au cyclone 1,7 tonne de déchets. Une enquête auprès des commerçants, menée sur l’ensemble de l’île, fait état d’une quarantaine de pillages, d’une moyenne de 123 jours de fermeture, affinée ensuite par type d’activités sur la partie française ; les chiffres sont sensiblement les mêmes pour la partie néerlandaise. Un constat qui appelle à une plus grande présence et vigilance de la part des forces de l’ordre.
Concernant la reconstruction, le projet Tirex alerte sur la nécessité de reconstruire non pas à l’identique, mais mieux. Sur le plan humain, il recommande de prévoir des cellules de crise dans la durée, car il s’est avéré que beaucoup de personnes ont ressenti un besoin de soutien psychologique bien après le cyclone.
Tirer un apprentissage et faire passer un message aux populations et aux institutions
Un premier atelier de restitution avait été organisé en 2019 pour remettre les premières conclusions à la collectivité de Saint-Martin. Ce retour d’expérience a été également présenté lors d’un colloque géo-risques en Guadeloupe et transmis à l’ANR en début de semaine dernière. Jeudi, l’ensemble des fiches thématiques, compactées dans un livret, ont été remises aux trois vice-présidents de la nouvelle mandature ainsi qu’aux responsables de la cellule risques majeurs et tranquillité publique de la Collectivité. L’objectif désormais est d’en tenir compte afin de mieux anticiper tout phénomène futur. Comme il n’est jamais trop tard pour bien faire, il est toujours possible d’effectuer des séances de rattrapage en consultants les liens suivants : https://tirex.univ-montp3.fr/ pour le livret guide : https://fr.calameo.com/read/006591530b5bdb6016ed1?page=1 ou Storymaps : https://arcg.is/1KXmn1
AB et JMC
Ann Bouard