SAUR : interruption possible de la distribution d’eau à la veille du réveillon
L’usine de la SAUR est fermée depuis hier matin. En cause, une grève générale et à durée indéterminée des employés en Martinique, Guadeloupe et Saint-Martin. L’approvisionnement en eau risque d’être fortement perturbé en cette veille de réveillon.
Le préavis de grève a été déposé mardi dernier. La direction de la SAUR en Guadeloupe a reçu les syndicats dès le jeudi pour essayer de négocier et éviter la grève.
L’accès à l’usine de Galisbay est bloqué depuis lundi matin par les grévistes qui revendiquent l’obtention de la prime d’ancienneté pour certains agents. La reprise du travail et par ricochet l’alimentation en eau des foyers dépendra des négociations menées avec la direction de Guadeloupe voire en plus haut lieu à Paris.
Du côté de la SAUR
Par voie de communiqué lundi, la direction de la SAUR Saint-Martin confirmait que « sept agents principalement responsables de la production d'eau ont entamé une grève illimitée menée par l'UGTG Guadeloupe » et que « cette grève menace de causer des perturbations importantes à l'approvisionnement en eau de Saint-Martin, en particulier en cette période de vacances et en période de pointe touristique ».
La SAUR indique par ailleurs que les réservoirs sont remplis à 90 % de leur capacité, mais que sans le redémarrage immédiat de l'unique installation de production locale, ils risquent d'être mis en mode sécurité dès ce mardi matin, ce qui pourrait entraîner des pannes d'eau et, éventuellement, un manque total d'approvisionnement en eau dans certaines zones. La Direction de la SAUR condamne fermement « cette prise d'otage des services publics et de la population» et assure « prendre toutes les mesures nécessaires pour remédier à cette situation, qui ne reflète pas les valeurs du groupe ».
Par ailleurs le blocage du site pose de graves problèmes, empêchant l'accès aux véhicules des services de la Collectivité et entravant le stockage des pièces nécessaires à la réparation des réseaux de distribution d'eau et d'eaux usées. Les non-grévistes ne sont pas en mesure de remplir leurs missions de fonction publique.
La direction indique également que les revendications des grévistes restent floues : « la plate-forme soumise avec l'avis de grève soulevait des points déjà abordés par les protocoles existants, les négociations tenues les 19 et 20 décembre se sont concentrées uniquement sur le paiement des jours de grève à partir de mai ». Sur la prime d’ancienneté réclamée, elle indique que celle-ci a été « intégrée aux salaires conformément à une modification de leurs contrats signés en 2018 ».
Du côté des agents
Si pour la SAUR, les exigences des agents sont contradictoires, pour Joe Allo, secrétaire du CSE et représentant du personnel, la direction locale n’est pas au fait du dossier, car elle n’a jamais pris part aux débats. Les litiges remontent à plusieurs mois avec la grève en mai. Les relations avec le directeur régional de l’époque n’étant pas au mieux, la SAUR a pris en charge les frais d’un avocat pour défendre les agents. Les négociations se faisaient donc par avocats interposés. Celui des employés a démontré qu’il y avait une anomalie concernant les contrats ; certains agents bénéficient d’une prime d’ancienneté et pas d’autres. Mais plus surprenant, indique Joe Allo, le contrat en possession des agents n’est pas le même que celui que détient la SAUR.
La mobilisation est également forte en Martinique et en Guadeloupe où les grévistes ont des revendications qui leur sont propres.
À l’évocation de la crise EDF du 31 décembre 2001, qui avait pris en otage la population,durant trois semaines, le représentant du personnel indique « on a pas le choix, c’est vrai que cela tombe à un mauvais moment, mais cela si je n’étais pas persuadé que cette grève était légitime j’aurais arrêté ».
« S’il le faut nous irons en garde à vue, et s’il faut passer Noël à l’usine, on le fera, car on n’a pas le choix, c’est notre seule force et notre seule arme que d’arrêter l’usine » conclut-il.