Dania Amacin, poétesse aux mots à fleur de peau

Invitée aux rencontres Majestik Poétik qui se tiendront prochainement en Martinique, la Saint-Martinoise Dania Amacin est une artiste dont les mots ne laissent pas indifférents.
Enfant de Saint-Martin, la poétesse a poursuivi sa scolarité en Guadeloupe jusqu’à ses 19 ans. C’est également sur l'île papillon qu’elle a connu ses premiers émois poétiques, puisque sa passion pour les rimes s’est dévoilée durant son adolescence. Dania Amacin gagne en effet son premier concours à seulement 13 ans.
Le thème de cette compétition, qu'elle évoque avec une nostalgie évidente dans la voix, était d’honorer quelqu’un ayant marqué l’histoire de la Guadeloupe. La jeune Dania Amacin de l’époque s’est illustrée avec brio et est repartie avec, certes, la première place, mais avec surtout quelque chose de bien plus décisif, une vocation.
Cette expérience lui a en effet montré un chemin pavé de mots et de rimes qu’elle allait de nouveau explorer à 16 ans avec le concours les Gilles Floro de la Guadeloupe. Malgré son jeune âge, elle s’est distinguée et a été honorée aux côtés des adultes. Cela fut le déclic qui la poussa à s’engager sur la voie de la poésie sans jamais se retourner.
Un choix du cœur
À la question pourquoi la poésie, la poétesse répond avec espièglerie: “Je ne sais pas chanter et même si je sais bouger et j’aime danser, je suis incapable d’être synchronisée.”
Pourtant, ce qu’elle décrit avec légèreté comme un choix par défaut se révèle être le moyen d’expression d’une partie d’elle-même qui ne peut s’exprimer autrement. “Mes poèmes me décrivent. C’est une part de moi qui n’existe que lorsque je déclame. Je suis timide de nature, mais même au niveau de ma gestuelle, de mon regard, quand je déclame, je m’ouvre. Je me sens différente.”
Cette dualité, la poétesse Dania Amacin la cultive en débridant sa liberté créative. De l’inspiration à l’écriture, toute cette part d’elle se défait de ses entraves pour donner vie à ses poèmes. Qu’elle écrive en français, en anglais ou en créole, même son inspiration, elle la puise dans une musique qui, dans la Caraïbe, est porte-étendard de liberté, le reggae. “La poésie c'est un art libre. Je peux choisir de faire des rimes ou non, je choisis mon thème, mes mots. Je fixe les règles.”
Sans modèle ni contrainte, Dania Amacin veut laisser une trace de son art
“La poésie doit laisser sa marque pour les jeunes générations”
De son parcours au sein des associations « Les jardins du Poète », « le Poet Lounge », ou « Le Coffee and Soda district » en passant par ses expériences dans des festivals rassemblant les amateurs de belles lettres, Dania Amacin retient la nécessité de raviver l’engouement de la jeunesse pour la poésie.
Déjà décorée pour son engagement, notamment de la médaille d’honneur de l’engagement ultramarin, la poétesse veut passer à un autre niveau. Pour cela, elle a amorcé la tâche de rassembler et d’éditer sa bibliographie rassemblant plus d’une centaine de poésies. “J’ai déjà commencé à rassembler mes poèmes les plus connus sur les réseaux sociaux, mais je veux sortir une version digitale.”
Ce recueil, qui sortira peut-être sous forme audio afin de conserver l’intensité et la liberté du texte, est un relai qu’elle veut transmettre aux jeunes générations. “La déclamation peut jouer un rôle. Que ce soit pour dénoncer, témoigner, honorer. Je veux utiliser les moyens modernes pour toucher et capter l’intérêt des plus jeunes afin que notre poésie ne se perde pas.”
Durant les Majestik Poétik qui se dérouleront au théâtre municipal Aimé Césaire, à Fort-de-France en Martinique les 2 et 3 mai prochains, Dania Amacin déclamera trois poésies dont une écrite récemment et peu connue du public. L’occasion d’apprécier à nouveau ou de découvrir sa sensibilité.
