L’Économie sociale et solidaire est dans l’ADN de Saint-Martin

Saint-Martin est un territoire qui a depuis toujours pratiqué l’économie solidaire et sociale (ESS), souvent sans le savoir a indiqué Alain Richardson en ouverture de la conférence. Pour le 1er vice-président de la Collectivité, il est évident « qu’en concentrant nos efforts au développement d’une économie plus solidaire et plus représentative des valeurs sur lesquelles s’est construite la société saint-martinoise », le territoire bénéficiera d’un atout supplémentaire.

Une économie qui pèse lourd

Ce type d’économie existe partout dans le monde et supplante bien souvent d’autres modes, dits plus classiques. Le Président d’ESS France a d’ailleurs rappelé quelques chiffres éloquents : 2,7 M d’emplois, non délocalisables, un chiffre d’affaires cumulé de 380 milliards d’euros (à titre de comparaison, les start up cumulent 25 milliards d’euros), soit 10% de l’économie globale. Pour Benoit Hamon, ce siècle va connaître un essor de l’ESS car il marque la fin de l’hégémonie occidentale. L’émergence de nouveaux pays, comme la Chine, va dicter de nouvelles relations de coopération, de pair à pair … tout comme le fait déjà l’ESS. Elle a en effet pour particularité de faire vivre l’entreprise selon un mode démocratique où chacun représente une voix quel que soit le montant de son investissement. Mais l’ex-ministre (ministre délégué à l'Économie sociale et solidaire et à la consommation, puis ministre de l’Éducation nationale, de 2012 à 2014), le sait « si l’ESS ne sera pas la seule responsable de la diversification de l’économie de l’île, elle peut y contribuer".

Prélude à une chambre territoriale de l’ESS

Cette première conférence dessine les contours de la future chambre territoriale de l’économie sociale et solidaire, espérée d’ici trois ans. Le temps d’en peaufiner les fondations et de faire émerger de nouveaux porteurs de projets. Le Préfet Cyrille Le Vely se veut optimiste sur « l’énorme potentiel » de Saint-Martin en la matière. Parmi les 1000 associations qui s’inscrivent dans l’ESS, le représentant de l’État déplore cependant qu’elles ne soient pas encore assez génératrices d’emplois. Par le biais de ce mode de fonctionnement, qui respecte l’autre, des solutions pourraient émerger notamment pour capter la jeunesse. « Ce qui va compter, c’est notre capacité à travailler dans la durée », estime Cyrille Le Vely qui sera, avec les services de la DEETS, extrêmement vigilant.
En effet, le financement et l’accompagnement du dispositif se font de manière conjointe par l’État et la Collectivité, avec le soutien de différents partenaires. 

Quel impact sur le développement du territoire ? 

La feuille de route co-construite avec la Collectivité va au-delà de la mandature actuelle. Ce qui est un bon signe pour Ben Amar Zeghadi, délégué national ESS France, qui estime que Saint-Martin est un territoire emblématique pour l’ESS et qu’elle pourrait à terme devenir une sorte de Hub de l’ESS. Ce sont donc les forces vives du territoire qui doivent désormais poursuivre leur engagement pour faire émerger de nouveaux projets. Plusieurs sont déjà lancés, et les deux tables rondes organisées lors de cette conférence ont pu permettre à l’assemblée de juger de la concrétisation de l’ESS à travers les témoignages de plusieurs associations. La première table ronde était axée sur les données de l’ESS à Saint-Martin et la seconde sur la restitution des ateliers préparatoires qui avaient eu lieu en amont de la conférence.
D’ici l’année prochaine, plusieurs mesures, dont la mise en place d’un dispositif de soutien technique et financier à destination des entreprises de l’ESS de Saint-Martin (CAP ESSor), seront créées dans l’optique de faire évoluer l’économie locale vers un mode plus inclusif.