Louis Mussington et Vincent Berton face aux chefs d’entreprises
C’est tout le principe de ces « petits déjeuners de l’entrepreneur » organisé par la FipCOM Saint-Martin : les chefs d’entreprises peuvent échanger directement avec les représentants des différentes instances publiques et leurs services.
Pour cette session du 24 juin, PIB, eau, transports maritime et aérien, normes européennes ou américaines, CGSS, énergies renouvelables, délais de paiement de la commande publique, continuité territoriale, développement de l’aéroport de Grand Case… tous les dossiers qui impactent l’économie de l’île ont été passés en revue.
Durant plus de trois heures de dialogue, le Président de la Collectivité et le Préfet ont écouté avec attention les difficultés relatées par les chefs d’entreprises, donnant leur point de vue et annonçant pour certaines les prémices de solutions.
UN CONTEXTE PLUTÔT FAVORABLE
En préambule des échanges, Louis Mussington a reconnu que la Collectivité avait le devoir et l’obligation de rendre compte de ses actions et s’est réjoui que cela puisse se faire dans un contexte convivial ; une configuration idéale pour « discuter de la situation du territoire et des perspectives aux côtés de l’État, véritable partenaire, dont l’appui est utile et nécessaire dans cette période difficile ». L’État a en effet, comme l’a rappelé Vincent Berton, un rôle de garant contre la fraude, les occupations du domaine maritime, la concurrence déloyale, etc. Pour le Préfet tout l’enjeu est de positionner Saint-Martin sur un marché touristique haut de gamme et qualitatif. Le chiffre du PIB qui vient d’être annoncé ne démontre pas un appauvrissement de Saint- Martin selon lui. Il est en effet à prendre avec prudence, car ne reflétant pas la réalité du territoire. C’est un PIB global de l’île qui permettrait d’avoir un juste regard sur la situation estime Vincent Berton. Le Préfet est profondément convaincu que Saint-Martin est, économiquement, sur la bonne voie.
Maitre Jaboulet, modératrice des débats, a annoncé qu’en effet les affaires ont été plutôt bonnes pour les entreprises cette année, et même si le niveau de 2016 n’a pas encore été atteint, les chiffres sont globalement satisfaisants pour la saison touristiques 2022-2023. Les chefs d’entreprise ont donc plutôt bon moral, malgré les difficultés qu’ils rencontrent dues bien souvent à l’insularité.
FOCUS SUR LES PRIX DE L’AÉRIEN
Les prix des billets d’avion pour les particuliers, mais également le coût de transport des marchandises ont littéralement flambé. Effet pervers du monopole d’Air France, comme le note le Préfet qui indique ne pas comprendre la stratégie de la compagnie. Face à cette « augmentation inconsidérée des prix des billets d’avion entre Saint-Martin et Paris » Vincent Berton a annoncé vouloir rencontrer les responsables d’Air France car, outre la continuité territoriale, c’est un enjeu majeur pour le développement économique de l’île.
De son côté Louis Mussington a annoncé que la possibilité d’apporter une aide pour les passagers entre Saint-Martin et Pointe-à-Pitre va être sérieusement étudiée tout comme la possibilité d’autoriser les atterrissages de nuit sur l’aéroport de Grand Case (ce qui est déjà effectif pour les évacuation sanitaires). Le Directeur d’Air Caraïbes est favorable à la mise à disposition d’un avion supplémentaire pour effectuer cette rotation ce qui permettrait de pouvoir faire un aller-retour dans la journée pour les déplacements professionnels. Bien que soulevée, la question du prix des billets pour Pointe-à-Pitre, qui atteint des records et va sans nul doute impacter le tourisme de proximité, est restée en supens. Aux dires du Préfet, « on est dans une phase transitoire », car le ministre délégué à l’outre-mer serait très investi sur la recomposition du transport aérien sur l’outre-mer. Dans les projets, et face à la saturation de Juliana, c’est le développement de l’aéroport de Grand Case qui est envisagé. Côté transport de marchandises et faute d’avion-cargo, les produits frais réclamés par les consommateurs, sont acheminés sur les avions passagers. Seulement huit palettes sont embarquées sur chaque avion pour le courrier, les médicaments et l’alimentaire. Le coût du transport au kilo était de 4 à 5€ avant la crise sanitaire, il est aujourd’hui de 10 € du kilo et va continuer à augmenter si rien n’est fait. Une hausse qui explique pour partie l’augmentation des prix dans les rayons des supermarchés. Pour les autres produits, ils dépendent du transport maritime et là les problèmes sont autres. A suivre dans notre prochaine édition.