Evalué en 2021 à 548.9M€, le PIB de Saint-Martin a chuté de 17% par rapport à 2016
23 June 2023
Fortement attendues par les décideurs politiques et les acteurs économiques, le CEROM (Comptes Economiques Rapides pour l’Outre-mer) vient de rendre publiques ses études statistiques et analyses pour le territoire de Saint-Martin. Après deux importantes crises, l’ouragan Irma en 2017 et la crise sanitaire (2020/2022), le Produit Intérieur Brut (PIB) de Saint-Martin peine à retrouver ses niveaux d’avant 2017 et affiche un écart de -17%.
L’INSEE, l’IEDOM et l’AFD, se sont associés dans un accord cadre passé en 2004 afin de mettre en place un cadre statistique permettant d’analyser les évolutions récentes de la situation économique des Outre-mer français. Un accord cadre qui a donné lieu au CEROM. Philippe Winnicki directeur de l’INSEE Guadeloupe et Thierry Beltrand, directeur de l’IEDOM Guadeloupe, étaient mercredi à Saint-Martin, afin de présenter la récente étude publiée s’agissant du territoire de Saint-Martin. Des résultats fortement attendus ; les derniers indicateurs en date avaient été publiés en 2014. Pour cette ultime étude du territoire, un territoire particulier, on le sait, partagé entre deux états, les organismes de référence en matière de statistique ont poussé leurs réflexions plus loin qu’auparavant, en comparant les indicateurs avec ceux fournis par nos amis voisins de Sint Maarten, qui eux peaufinent leurs statistiques à l’aide des outils du FMI. De nouveaux indicateurs qui permettent de mieux situer les niveaux économiques des deux parties de l’île et de les comparer. L’INSEE et l’IEDOM précisent toutefois qu’ils n’ont pas accès à la méthodologie employée par Sint Maarten et que ce sont des données brutes qui leur sont communiquées.
En cause l’ouragan Irma et la crise sanitaire
De ces études et analyses, ressortent, qu’à tous points de vue, les crises Irma (2017) et sanitaire (2020/2022) ont entravé le développement économique du territoire, Saint-Martin et Sint Maarten, et que les niveaux de 2016 n’ont toujours pas été retrouvés. Pour Saint-Martin, en 2021 (les données restent encore à consolider), et malgré des signes de relance certains, le PIB reste inférieur de -17.2% en volume que celui de 2016. Un bémol toutefois pour Sint Maarten dont la capacité à rebondir s’est faite plus forte après ces deux crises majeures, et dont le PIB en 2021 reste inférieur de seulement 5% par rapport à 2016. Un écart que l’IEDOM explique par une économie de Sint Maarten plus orientée vers les secteurs marchands, alors que la partie française reste plus « administrée ». Pour rappel, le PIB représente l’ensemble des valeurs ajoutées par secteur d’activités.
Au nord de l’île, un PIB par habitant de 17800€, supérieur à celui de 2014
Pour autant, réparti sur la population, le PIB par habitant de Saint-Martin observe une légère embellie, de +1.6% par rapport au même indicateur de 2014, portant Saint-Martin à la 11e place des PIB par habitant les plus élevés dans la zone Caraïbe, devant la Guyane (environ 15000€ par habitant) et Mayotte (moins de 10 000€) mais bien loin derrière la Martinique et la Guadeloupe (environ 24 000€) et surtout Sint Maarten (près de 27 000€) et la France hexagonale (environ 37 000€). A noter qu’en pôle-position du PIB par habitant des états de la Caraïbe, on retrouve Saint-Barthélemy, avec près de 40 000 €, devant les Bahamas (38 000 € environ). Une légère amélioration du PIB par habitant à Saint-Martin qu’il faut toutefois corréler à une diminution de la population ces dernières années, ainsi qu’à un rebond du secteur de la construction après Irma qui a boosté le PIB. En effet, la population de Saint-Martin qui a été multipliée par 3.5 entre 1982 et 1990, puis a suivi une progression constante de 1.4% par an en moyenne entre 1990 et 2008, avant d’entamer une baisse de 0.7% par an entre 2008 et 2014, a fortement diminué depuis le passage d’Irma, et s’est établi en 2019 à 32489 habitants. Comparativement, alors qu’en 1999, on observait les mêmes niveaux de population au sud comme au nord de l’île (environ 30 000 habitants), la population de Sint Maarten a observé entre 2014 et 2019 une hausse annuelle de sa population à un rythme de 2.3%/an, pour atteindre en 2019, 41 677 habitants, soit aujourd’hui un niveau supérieur de 28.3% (près de 10 000 habitants supplémentaires) à la partie française.
A noter toutefois que l’écart entre le PIB par habitant de Sint Maarten et le PIB par habitant de Saint-Martin qui est aujourd’hui de 58% supérieur, a considérablement chuté : il était de 101% en 2017.
A noter toutefois que l’écart entre le PIB par habitant de Sint Maarten et le PIB par habitant de Saint-Martin qui est aujourd’hui de 58% supérieur, a considérablement chuté : il était de 101% en 2017.
L’activité a reculé dans quasi tous les secteurs
L’activité touristique, première activité de l’île, a chuté considérablement sur la période, impactant également d’autres secteurs (hébergement, transport, restauration et commerce). La richesse créée par l’activité touristique a considérablement reculé pendant les deux années post-Irma, puis a rebondi en 2019, pour être à nouveau en berne pendant les années Covid. La voie du rebond semble être en route pour 2022 et 2023. En revanche, le secteur de la construction et du BTP, autre secteur clé de l’économie locale, a créé plus de richesses pendant la période, du fait de la reconstruction post-Irma, dépassant les niveaux créés avant 2017 (+8.3% par rapport à 2016). Un rebond de l’activité de ce secteur qui permet au PIB de sortir son épingle du jeu en maintenant la croissance de la partie française à des niveaux légèrement supérieurs à ceux de 2016.
Thierry Beltrand et Philippe Winnicki ont profité de leurs prestations pour saluer la récente création de l’Institut Territorial de la Statistique et des Etudes Economiques (ITSEE), un nouvel outil dont le travail devrait permettre de peaufiner et de mettre à jour l’ensemble des données statistiques du territoire. V.D.
L’activité touristique, première activité de l’île, a chuté considérablement sur la période, impactant également d’autres secteurs (hébergement, transport, restauration et commerce). La richesse créée par l’activité touristique a considérablement reculé pendant les deux années post-Irma, puis a rebondi en 2019, pour être à nouveau en berne pendant les années Covid. La voie du rebond semble être en route pour 2022 et 2023. En revanche, le secteur de la construction et du BTP, autre secteur clé de l’économie locale, a créé plus de richesses pendant la période, du fait de la reconstruction post-Irma, dépassant les niveaux créés avant 2017 (+8.3% par rapport à 2016). Un rebond de l’activité de ce secteur qui permet au PIB de sortir son épingle du jeu en maintenant la croissance de la partie française à des niveaux légèrement supérieurs à ceux de 2016.
Thierry Beltrand et Philippe Winnicki ont profité de leurs prestations pour saluer la récente création de l’Institut Territorial de la Statistique et des Etudes Economiques (ITSEE), un nouvel outil dont le travail devrait permettre de peaufiner et de mettre à jour l’ensemble des données statistiques du territoire. V.D.