Les socioprofessionnels se mettent à table pour chercher des solutions à la crise
26 April 2021
A l’initiative de la FIPCOM, le monde de l’entreprise était invité samedi matin à se réunir autour d’un petit-déjeuner, dans les jardins de l’hôtel Hommage à la Baie Nettlé. Pendant près de trois heures, la soixantaine de convives a échangé sur l’importance des problèmes rencontrés par le secteur de l’économie et les possibles solutions qui pourraient être mises en place pour y remédier.
L’économie est en crise. On le sait, et ce n’est pas nouveau. Une situation encore aggravée par la crise sanitaire qui a pris naissance en mars de l’année dernière et dont la fin du tunnel reste encore peu visible. La Fédération Interprofessionnelle de Saint-Martin, la FIPCOM, syndicat patronal créé en 2006, décidait d’organiser cette rencontre samedi matin, avec les socioprofessionnels mais aussi les représentants des autorités locales, afin de mettre sur la table les sujets les plus prégnants vécus par les entreprises, tous secteurs confondus, et travailler à la recherche de solutions. Des questionnements qui seront portés par la FIPCOM à l’endroit des nombreuses instances auxquelles la fédération adhère. En l’absence du préfet Serge Gouteyron, c’est le secrétaire général Mickael Doré qui représentait l’Etat. Le président de la Collectivité Daniel Gibbs et ses équipes ont également répondu présents à cette invitation ainsi que Yawo Nyuiadzi, en tant que président de la Semsamar. Du côté des représentants des instances professionnelles, Jacques Fayel et Tony Morvan, vice-présidents de l’UDE-MEDEF Guadeloupe (président Bruno Blandin), avaient spécialement fait le déplacement de Guadeloupe.
Le président Gibbs à l’écoute
Après que le président Michel Vogel de la FIPCOM ait prononcé les mots d’introduction de cette matinée, c’est dans l’émotion que Daniel Gibbs a pris la parole, préférant délaisser le discours préparé pour l’occasion au profit d’un échange spontané et sans langue de bois : « Je sais que je suis attendu sur tous ces sujets qui vous préoccupent et je veux que vous sachiez que ce sont également mes préoccupations majeures.
Nous recherchons sans discontinuer avec mes équipes des solutions qui peuvent être prises à notre niveau et à la mesure de nos moyens. Les réductions d’activité de vos entreprises ont un impact direct sur les finances de la collectivité qui sont pour sa plus grande partie alimentées par la TGCA, l’IS, etc. Nous travaillons depuis le début de notre mandat sur une réforme de la fiscalité qui devra privilégier l’impôt indirect, mais nous n’y sommes pas encore. Pour l’heure, pour chaque dispositif mis en place, Mon Beau Commerce, BOOST, ou encore les appels à projet, nous devons « jouer » avec les lignes du budget de la Collectivité pour sortir des lignes budgétaires afin de les alimenter. C'est un combat de tous les jours car les finances ne sont pas extensibles. La commande publique est importante et nous avons programmé sur trois ans plus de 150M€ dans quatre grands projets de constructions d’infrastructures (2 collèges, le centre nautique, la médiathèque), dont 37M€ qui seront débloqués en 2021. Nous sommes aujourd’hui en mesure de le faire car depuis 2017, nous avons pu passer notre capacité d’emprunt de 0 à 20M€…Le problème majeur qui nous impacte tous pour l’heure, ce sont les motifs impérieux pour les déplacements aériens qui ne sont toujours pas levés. Notre économie qui vit à 95% du tourisme est directement impactée par ces décisions pour lesquelles, malgré nos multiples interventions auprès des pouvoirs publics, nous n’avons pas encore été entendus… Cette situation est dramatique… Sachez que j’entends votre détresse et que nous faisons notre possible pour vous aider et vous accompagner ».
Nous recherchons sans discontinuer avec mes équipes des solutions qui peuvent être prises à notre niveau et à la mesure de nos moyens. Les réductions d’activité de vos entreprises ont un impact direct sur les finances de la collectivité qui sont pour sa plus grande partie alimentées par la TGCA, l’IS, etc. Nous travaillons depuis le début de notre mandat sur une réforme de la fiscalité qui devra privilégier l’impôt indirect, mais nous n’y sommes pas encore. Pour l’heure, pour chaque dispositif mis en place, Mon Beau Commerce, BOOST, ou encore les appels à projet, nous devons « jouer » avec les lignes du budget de la Collectivité pour sortir des lignes budgétaires afin de les alimenter. C'est un combat de tous les jours car les finances ne sont pas extensibles. La commande publique est importante et nous avons programmé sur trois ans plus de 150M€ dans quatre grands projets de constructions d’infrastructures (2 collèges, le centre nautique, la médiathèque), dont 37M€ qui seront débloqués en 2021. Nous sommes aujourd’hui en mesure de le faire car depuis 2017, nous avons pu passer notre capacité d’emprunt de 0 à 20M€…Le problème majeur qui nous impacte tous pour l’heure, ce sont les motifs impérieux pour les déplacements aériens qui ne sont toujours pas levés. Notre économie qui vit à 95% du tourisme est directement impactée par ces décisions pour lesquelles, malgré nos multiples interventions auprès des pouvoirs publics, nous n’avons pas encore été entendus… Cette situation est dramatique… Sachez que j’entends votre détresse et que nous faisons notre possible pour vous aider et vous accompagner ».
« Faire évoluer le PGE de prêt en subvention »
Suite à ces prises de paroles par les « officiels », les débats ont été animés par Sandrine Jabouley, avocate et conseillère technique auprès de la CCISM. Prenant la parole à leur tour, les chefs d’entreprises ont pour la plupart mis sur la table les différents dispositifs d’aide mis en place par l’Etat pour traverser cette crise sanitaire. Concernant le Prêt Garanti par l’Etat (le PGE), le secteur des loueurs de voitures a indiqué que beaucoup d’entre eux n’ont pu y avoir accès et que ceux qui ont pu bénéficier de ce prêt doivent prévoir les remboursements dès le mois de juin prochain, alors que les trésoreries sont au plus bas. Le secteur qui emploie environ 200 personnes a du vendre une partie de son parc automobile et aujourd’hui est sous la menace de liquidations et des vagues de licenciements sont inévitables. « Nous avons des moratoires accordés depuis le cyclone Irma, mais entre les crédits, les moratoires et les échelonnements de charges, nous avons beaucoup d’échéances à payer en fin de mois », témoignait l'exploitante de l’une de ces entreprises qui finalement proposait comme solution que l’Etat accède à une demande d'exonération, au moins partielle, du PGE, « que ce prêt devienne une subvention d’Etat ». Des propos repris par Jacques Fayel, de l'UDE-MEDEF Guadeloupe :
« Les entreprises de la Guadeloupe formulent cette même demande, que le PGE devienne une subvention, et nos instances vont monter au créneau pour faire entendre cette doléance du monde économique ». Des préoccupations qui touchent également tous les secteurs, l’hôtellerie, la restauration et autres commerces. « Les dispositifs du fonds de solidarité n’ont été mis en place que pour seulement 33% des entreprises locales, c’est un flop ici à Saint-Martin », indiquait Angèle Dormoy, présidente de la CCISM précisant que beaucoup d’entreprises locales n’ont pu y avoir accès, pour diverses raisons, dont la complexité des formulaires pour l’île de Saint-Martin qui n’est pas reconnue dans les systèmes informatiques du gouvernement. « Nous ne sommes plus commune de la Guadeloupe, mais les formulaires nous renvoient vers la Guadeloupe qui ne reconnaît pas le code postal 978... Tout est compliqué ! »
« Les entreprises de la Guadeloupe formulent cette même demande, que le PGE devienne une subvention, et nos instances vont monter au créneau pour faire entendre cette doléance du monde économique ». Des préoccupations qui touchent également tous les secteurs, l’hôtellerie, la restauration et autres commerces. « Les dispositifs du fonds de solidarité n’ont été mis en place que pour seulement 33% des entreprises locales, c’est un flop ici à Saint-Martin », indiquait Angèle Dormoy, présidente de la CCISM précisant que beaucoup d’entreprises locales n’ont pu y avoir accès, pour diverses raisons, dont la complexité des formulaires pour l’île de Saint-Martin qui n’est pas reconnue dans les systèmes informatiques du gouvernement. « Nous ne sommes plus commune de la Guadeloupe, mais les formulaires nous renvoient vers la Guadeloupe qui ne reconnaît pas le code postal 978... Tout est compliqué ! »
50% des bénéficiaires du PGE ne l’ont pas réinjecté dans l’économie locale
La banque CEPAC présente à cette matinée, représentée par Mme Planque, informait à ce sujet une précision de taille : « Environ 50% de l’argent prêté sont toujours sur les comptes courants des bénéficiaires. De l’argent qui aurait du être réinjecté dans l’économie pour lui redonner du souffle ». Une indication qui pourrait démontrer la crainte qu’ont les entrepreneurs d’un avenir incertain.
« Ouvrir le ciel à tous prix »
Tous ont été unanimes sur l’urgence de lever les motifs impérieux dans les déplacements pour sauver ce qui peut encore l’être. Sandrine Jabouley rappelait que si, au regard de la crise sanitaire, les restrictions ont été amoindries sur le territoire de Saint-Martin, du fait des restrictions dans les déplacements, l’île n’a pas de touristes depuis près d’une année, principaux vecteurs de son économie, et de surcroît, ne rentre pas dans les critères d’éligibilité des dispositifs d’aides, puisque les établissements ont pu rester ouverts. « C’est une double punition pour Saint-Martin », a-t-elle insisté.
Le secrétaire général de la préfecture Mickael Doré a quant à lui insisté sur le rôle d’amortisseur joué par l’Etat dans ce contexte de crise sanitaire et a insisté sur le Plan de relance mis en place par le gouvernement, dont 100M€ pourraient être injectés sur le territoire, si tant est que les projets soient identifiés et validés avant les dates échéances.
Une première matinée de travail riche et intéressante et qui a posé les jalons des recherches des premières solutions pour éviter le pire. La FIPCOM a annoncé qu’une nouvelle réunion sous ce même format est d’ores et déjà programmée pour le samedi 5 juin prochain qui permettra d’y assister à celles et ceux qui n’ont pas pu être présents samedi dernier, respect des contingents du protocole sanitaire oblige, et aux autorités d’apporter des réponses concrètes aux demandes qui ont été formulées.
Le secrétaire général de la préfecture Mickael Doré a quant à lui insisté sur le rôle d’amortisseur joué par l’Etat dans ce contexte de crise sanitaire et a insisté sur le Plan de relance mis en place par le gouvernement, dont 100M€ pourraient être injectés sur le territoire, si tant est que les projets soient identifiés et validés avant les dates échéances.
Une première matinée de travail riche et intéressante et qui a posé les jalons des recherches des premières solutions pour éviter le pire. La FIPCOM a annoncé qu’une nouvelle réunion sous ce même format est d’ores et déjà programmée pour le samedi 5 juin prochain qui permettra d’y assister à celles et ceux qui n’ont pas pu être présents samedi dernier, respect des contingents du protocole sanitaire oblige, et aux autorités d’apporter des réponses concrètes aux demandes qui ont été formulées.
Signature d’une convention entre la FIPCOM et l’UDE-MEDEF Guadeloupe
Cette matinée aura été aussi l’occasion pour la FIPCOM de signer la convention qui la lie désormais avec la FEDOM et l’UDE-MEDEF. « En signant cette convention, nous devenons un poids supplémentaire pour défendre les intérêts des entreprises saint-martinoises auprès d’un grand nombre d’instances professionnelles et gouvernementales et nous allons jouir de la puissance du MEDEF National. C’est en nous fédérant et en partageant nos expériences que nous serons plus forts pour faire entendre vos voix », a indiqué Michel Vogel, président de la FIPCOM, au moment de procéder à la signature de la convention.