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Une capacité d’hébergement en deçà des objectifs touristiques

Par Ann Bouard
15 July 2019
Force est de constater que sur la partie française de l’île la capacité d’hébergement, au sens large, s’érode au fil des ans. Irma aura contribué à accélérer le processus. Le point sur ce poumon économique majeur de l’île.

Jusqu’en 2000, Saint-Martin proposait une offre de plus de 3000 chambres. La forte réduction de la fréquentation touristique au début des années 2000, conjuguée aux sorties des lois successives de défiscalisation, a eu pour conséquence de diviser par deux cette capacité d’accueil, nombre d’hôtels ayant été fermés ou transformés en résidences meublées ou logements classiques. Depuis 2006 l’offre s’était stabilisée autour de 1500 chambres. 
Presque deux ans après Irma, les infrastructures hôtelières peinent encore à se relever. Dépendantes des assurances et de leurs délais d’expertises et d’indemnisations, puis de la main d’œuvre qui fait défaut et des délais d’acheminement des matériaux … les travaux ne font que débuter pour certains et d’autres ont été contraints de fermer définitivement. Le seuil des 1000 chambres d’hôtel devrait cependant être à nouveau franchi d’ici la fin de l’année.

LES CHIFFRES

Au 30 juin, l’Association des Hôteliers de Saint-Martin (AHSM) recensait 379 chambres disponibles en hôtels classés. Ce chiffre peut être revu sensiblement à la hausse avec la réouverture le 1er juillet de l’hôtel La Playa à la Baie Orientale (56 chambres), puis le 10 juillet du Centre Hôtel à Marigot (39 chambres).
Au niveau des locations de villas, la comptabilisation est moins aisée. On estime cependant, selon les agences spécialisées dans ce type de location, une capacité actuelle de 328 chambres réparties sur 86 villas, incluant certaines maisons des Terres Basses habituellement non comptabilisées. 
Du côté des résidences hôtelières référencées par la direction du tourisme, seul les Balcons d’Oyster Pond avec 19 chambres et le Bleu Émeraude à Grand Case avec ses 11 chambres sont actuellement opérationnelles ; le Palm Court à la Baie Orientale devrait quant à lui proposer ses 21 chambres d’ici la fin de l’été.
A ces chiffres, il convient d’ajouter ceux des Guest House, qui représentent aujourd’hui 66 chambres mais surtout les locations en Airbnb, de plus en plus nombreuses. La direction du tourisme de la Collectivité estime qu’elles représentent à ce jour 625 chambres.

CHANGEMENTS, RETARDS ET FERMETURES

A Marigot,le Golfe Hôtel de Bellevue (22 chambres) n’a pas connu de cessation d’activité, mais a changé de propriétaire en janvier dernier. Cependant, à l’instar du Centre Hôtel il accueille quasi exclusivement une clientèle d’affaire qui le rend moins dépendant de l’activité touristique. Le Beach Hôtel annonce sa réouverture à l’horizon 2021. A la Baie Nettlé, le Mercure a été rebaptisé « Hommage Hôtel » mais reste toujours sous la direction de Baki Arbia. 
Sur le secteur d’Anse Marcel, la reconstruction semble plus lente et plus compliquée que sur le reste de l’île. Les Cottages de Lonvilliers, ou du moins ce qu’il en reste, après une première vente avortée, sont en passe d’être vendus. L’Anse Marcel Beach Resort pourrait quant à lui rouvrir mais l’environnement actuel est peu propice à la sécurité et à la quiétude des clients, avec les travaux des hôtels alentours : dans l’incertitude pour le Domaine et en cours pour l’ex-Riu. Ce dernier, racheté, devrait après plusieurs mois de travaux et un investissement total de plus de 80 millions de dollars, ouvrir sous l'enseigne Secret d'ici le premier trimestre 2020. Le complexe de 350 chambres devrait proposer quelques améliorations comme la plus grande piscine des Caraïbes et une piscine sur le toit de l’hôtel… mais fonctionnera toujours en « all inclusive ». Le Marquis semble à l’abandon et les travaux n’ont pas débuté à ce jour.
A Oyster Pond, le Sol Hôtel a été entièrement rasé et le propriétaire du terrain n’envisage pas de reconstruction. A Grand Case, le Love, l’hôtel et les résidences, sont englués dans une histoire de succession pour les murs qui, si elle n’est pas solutionnée d’ici septembre, va contraindre le propriétaire du fonds de commerce à jeter l’éponge.
A la Baie Orientale, l’Alamanda envisage une réouverture courant 2020 seulement, tout comme le Blue Bay Beach Hôtel. D’autres, comme le Club Orient ou le Captain Oliver ne sont même pas à l’ordre du jour des reconstructions. 

UN AVENIR PAS SI SEREIN …

La lenteur de la reconstruction, les fermetures et les incertitudes pour certains établissements n’annoncent pas un avenir proche très serein. Dans le meilleur des cas, pour la prochaine saison, incluant les dernières phases de travaux des hôtels déjà en activité cette saison (Grand Case Beach Club, Esmeralada, etc...), tous hébergements confondus, sera aux alentours de 1500 chambres (hors Airbnb) … Vouloir vendre la destination alors que l’on n’a pas la capacité d’accueillir les touristes en nombre, peut alors sembler un peu prématuré ?
Certes les hôtels qui ont pu poursuivre l’activité après Irma tirent leur épingle du jeu mais ont connu néanmoins un manque à gagner important, faute de capacité optimale. Et si la majorité d’entre eux pourront fonctionner à nouveau à plein régime lors de la prochaine saison, certains facteurs viennent entacher leur optimisme comme la fin prévisible des exonérations de charges au 31décembre et la fin du dispositif LEODOM dans le prochain projet de Loi de Finances de la Sécurité Sociale (PLFSS) ou encore le PPRn qui, tant qu’il ne sera pas réellement défini, n’encourage pas de nouveaux investissements. Deux créations d'hôtels seulement sont à l’ordre du jour sur la partie française de l’île.

 

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Le Blue Bay Beach à la Baie Orientale en pleine rénovation.

 

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Le Marquis à Anse Marcel toujours dans un état post Irma !

 

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Retour à la normale pour La Playa à la BO.

 

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Le Domaine à Anse Marcel, en stand by ...

Ann Bouard