Daniel, philosophe et visionnaire
Si le Living Museum permet de transformer traumatismes, douleurs, addictions, difficultés, manque de vision d'avenir, en une œuvre permettant à chacun de se réinventer, de [re]prendre confiance et de visualiser un avenir plus brillant, la route est longue et ceux qui fréquentent le lieu ont chacun leur chemin. Nous avons croisé celui de Daniel, qui profite de la quiétude ambiante pour coucher ses mots (maux ?) sur le papier.
Deux fois par semaine, Daniel, grand gaillard de 33 ans, fait partie des bénéficiaires du Living Museum. Mais, lui n’est pas un « artiste en devenir » comme le stipule le badge qu’il porte, à l’instar de tous les bénéficiaires de ce lieu. Il est déjà un artiste, dans sa tête, dans ses dessins et surtout dans ses mots. Et même un peu plus que cela.
« L’intelligence de l’âme … c’est de comprendre plut tôt ce que l’on aurait compris à sa mort »
Il parle de thèmes métaphysiques en toute simplicité, sait les traduire en mots, et rend chaque chose vivante et presque palpable. Il défie toutes les notions de la sagesse conventionnelle, parlant avec des mots d’adultes, qu’il sait mettre à la portée de chacun pour que même un enfant puisse les comprendre. La définition du philosophe lui colle à la peau, lui qui sait étudier rationnellement tout ce qui l’entoure, cherche la vérité en chaque chose et cultive une certaine sagesse.
Cela se traduit par des citations ou des dessins, mais les mots restent ce qu’il affectionne le plus. Il a débuté l’écriture il y a trois ans, mais difficilement ; une citation digne de ce nom à ses yeux pouvait lui prendre un mois de réflexion. Et il y a eu le déclic, que lui seul connaît, mais aujourd’hui il est plus que prolifique.
« La réalité est toujours au-delà du papier »
Les citations s’enchaînent en suivant toutefois une logique, un thème. La vie, la mort, les jeux vidéo, les relations humaines, les femmes, la nature, les religions, les pays… rien ne lui échappe. Il se passionne pour un sujet, comme le christianisme ou en ce moment le taoïsme, l’explore dans sa globalité, puis en retire, dit-il, 10%, l’essentiel à ses yeux, qu’il résume alors en une seule phrase. Des citations qu’il transcrit parfois en dessins, abstraits, aux feutres, car les couleurs sont plus tranchées que celles des crayons. C’est tout simplement beau.
Daniel pourrait écrire des histoires, éditer un recueil de ses citations, mais tout cela ne l’intéresse pas. Il veut garder son intégrité, ne pas se corrompre, ne pas changer et continuer à coucher sur le papier ses citations, car il en est convaincu, les gens n’ont pas le temps de lire de longues histoires, il faut aller à l’essentiel… On espère que malgré la longueur de cet article, nombreux sont ceux qui découvriront l’histoire de Daniel, car il conceptualise des pensées universelles et donne à réfléchir.
