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Michaël Doudeau est le seul pilote français à avoir participé à l’édition 2024 du « Hoka Hey Motorcycle Challenge »

Par Jean-Michel Carollo
04 October 2024

Ce défi d'endurance moto qui existe depuis 2010 est réservé aux propriétaires de motos américaines de type V-twin. Il a pour but de tester les limites physiques, mentales et émotionnelles des participants.

Les Indiens Sioux organisateurs de l'événement l’ont baptisé ainsi d'après le cri de guerre en langue lakota du légendaire guerrier Crazy Horse qui signifie « Allons-y ! ». Cette année l’itinéraire était quasiment le même que celui de l’édition inaugurale de 2010; les participants ont roulé à travers les Etats-Unis depuis Daytona en Floride en passant par le Canada pour finir à Homer en Alaska. Le tracé du parcours leur a fait ainsi traverser de nombreuses chaînes de montagnes, 33 réserves indiennes, 25 forêts nationales, 8 déserts et 6 parcs nationaux.

Michaël Doudeau est un habitué des grandes randonnées à moto, mais cette fois-ci le terme est un peu faible, jugez plutôt : l’itinéraire du défi emprunte uniquement des routes secondaires, les indications de route ne sont révélées qu’au dernier moment aux points de contrôle répartis sur les 10000 miles (16000 kms) qui doivent être effectués en 10 jours maximum. Les directives sont strictes : les concurrents sont obligés de dormir dehors tout au long du parcours, ne doivent utiliser ni GPS ni téléphone portable (sauf en cas d’extrême urgence), les excès de vitesse sont interdits (un tracker embarqué permet de disqualifier immédiatement les resquilleurs qui dépassent les 100 miles/h). Et le pire, c’est qu’il n’y a rien à gagner !

On the Road Again

Revenu à Saint-Martin dans son atelier de Galisbay, Michaël n’est pas avare d’anecdotes sur son aventure, nous vous en livrons quelques-unes : tout d’abord, il lui a fallu acheter une moto sur place puisque le règlement impose d’être propriétaire de son engin pour pouvoir participer. Et à peine est-il parti, qu’il passe à travers l’ouragan Debby en longeant les côtes de la Floride, mais pas question de s’arrêter, il ne s’agit pas de perdre du temps dès le départ. Son équipement pourtant réputé waterproof ne résiste pas longtemps aux assauts des trombes d’eau, et c’est trempé jusqu’aux os qu’il continue tout de même.

Il va affronter ce problème d’humidité intense à plusieurs reprises et parfois même sous des températures avoisinant les zéro degré, comme ce fameux soir où il décide de se déshabiller complètement sur un parking de supermarché malgré la pluie incessante, ne supportant plus le poids de sa combinaison gorgée d’eau. C’est alors que surgit une petite mamie qui l’invite à se réchauffer dans sa caravane située non loin de là, lui offrant une boisson chaude et lui redonnant par la même occasion l’envie de continuer malgré tout. Car il en faut beaucoup pour décourager Michaël Doudeau tant il fait preuve de ténacité et d’optimisme teinté d’un certain sens de l’humour. Au fil de notre conversation, il glisse d’ailleurs un petit message aux habitants de Saint-Martin qui se plaignent de l’état des routes : « Comparées à celles de l’Alaska c’est un billard… Là-bas le plus petit trou dans l’asphalte fait 50 cm de profondeur et il y en a partout ».

Born to be Wild

« Affronter le froid et la pluie, on s’y fait » nous dit-il,  « mais c’est le manque de sommeil qui est très difficile à supporter ». En effet, pour parvenir à bon port dans les temps, il n’a pas eu d’autre choix que de réduire ses instants de repos à quelques heures par nuit (4 à 5 pas plus). « J’ai dormi en conduisant parfois, et lorsqu’il m’est arrivé de m’allonger seul sur l’herbe d’une forêt, je ne dormais que d’un œil sachant qu’un ours pouvait surgir à tout moment. Mais on oublie vite ces inconvénients lorsque l’on traverse des paysages tous plus beaux les uns que les autres, des vraies cartes postales ! ». Les canyons rougeoyants, les troupeaux de bisons sauvages, les petites routes de campagne et les plaines immaculées à perte de vue brillent dans les yeux de Michaël quand il en parle avec cet enthousiasme qui le caractérise.

En effet, la vie de notre homme n’est possible qu’avec une moto entre les jambes, et ceci depuis son plus jeune âge grâce à un papa qui a su lui inculquer cette passion et les valeurs qui vont avec : l’intégrité, l’honneur et le respect. Ce sont d’ailleurs les maîtres-mots que l’on retrouve dans l’esprit du « Hoka Hey Motorcycle Challenge », chacun étant libre de respecter ou pas le règlement selon sa propre conscience, d’autant plus que cette course qui n’en est pas une impose seulement aux participants d’arriver dans les temps pour avoir le droit et l’honneur de porter les couleurs tant convoitées sur leurs blousons. Sur les 236 motards engagés cette année, 160 sont parvenus jusqu’à la ligne d’arrivée, 20 seulement ont fait le parcours dans le temps imparti, et Michaël Doudeau était parmi ceux-là. BRAVO !

It’s a Good Day To Die

« Tous les jours, je me disais : « le principal est d’arriver en vie » et lorsqu’on lui demande quel est le meilleur souvenir de cette folle épopée, il répond sans hésiter : « Le jour du départ lorsque tous les concurrents ont été bénis par les Indiens lors d’une cérémonie inoubliable et très intense en émotions ». Est-il prêt à recommencer, sa réponse est claire et nette : « Je suis déjà inscrit pour l’année prochaine ». Ah oui, il faut préciser que ce garçon est un fou furieux, car non content d’avoir effectuer ce parcours jusqu’au bout, avec 80 pleins d’essence à son actif et une dernière étape de 26 heures non-stop, il est reparti en moto depuis l’Alaska jusqu’à Nashville, soit 8000 miles supplémentaires rien que pour le plaisir… Mais il a dormi à l’hôtel cette fois-ci.

Jean-Michel Carollo