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Résidence de Chevrise : Le chantier qui dérange

09 October 2020
La résidence de Chevrise, sur la route de Cul de Sac, propriété et gérée par le bailleur social la SIG a subi comme tant d’autres, les affres de l’ouragan Irma en septembre 2017. Toitures et terrasses arrachées, baies vitrées explosées, conduites d’eau et d’électricité impactées. Les travaux de rénovation qui ont débuté en début d’année 2019 devraient prendre fin dans les semaines à venir. Laissant un goût amer aux habitants qui s’estiment méprisés, voire traités différemment des locataires des autres résidences de la SIG.
 
Alertés par un certain nombre d’entre eux, nous nous sommes rendus sur place. Dans un environnement ressemblant plus à une casse automobile et à une décharge sauvage qu’aux abords d’une résidence d’habitations, surplombent les bâtiments restants d’une troisième tranche de résidence qui, en d’autres temps, comptait deux autres phases : Chevrise 1 et Chevrise 2. Ces dernières ont été démolies antérieurement au passage de l’ouragan Irma, suite à un arrêté de péril prononcé.
Les bâtiments de Chevrise 3 sont bardés d’échafaudages, preuve des travaux en cours. Nous pénétrons dans certains appartements, et ne pouvons que constater leur état, oscillant entre délabrement et marques de travaux effectués par-ci, par-là. Fuites d’eau récurrentes et importantes dans des appartements, carrelages fendus, plafonds arrachés avec des marques d’enduit, portes cassées, encadrement de fenêtres posés mais non peints… bref, des rénovations certes sont en cours, mais les locataires vivent depuis plus de trois ans dans des conditions très limites, et peu de gens accepteraient sans doute de vivre ainsi. Alors oui, ce sont des habitations à loyer modéré, des loyers toutefois diminués entre 50% et 80% depuis le passage de l’ouragan. Oui aussi, les habitants qui vivent là ne maitrisent pas tous la langue française et sont pour la plupart allocataires des prestations sociales. Mais rien qui ne justifie de ne pas pouvoir jouir d’un droit fondamental, celui de la dignité.
 
Deux poids, deux mesures avec la résidence Les Hauts de Pinel ?
 
Les locataires de Chevrise ne peuvent s’empêcher de faire des comparaisons avec une autre des résidences de la SIG, Les Hauts De Pinel, située à quelques encablures, sur la route de Cul de Sac, et construite en 2014. D’abord parce qu’ils y ont des liens. Lors de la démolition des bâtiments de Chevrise 1 et 2, une dizaine de locataires ont été relogés dans cette nouvelle résidence alors flambant neuve qui compte 56 logements. Les mêmes barèmes sociaux étaient alors requis. Ils ne peuvent que constater que cette résidence des Hauts de Pinel jouit d’un autre traitement, avec des logements qui ont été refaits à neuf à la suite d’Irma, comprenant la pose de prestations bien plus haut de gamme que celles proposées pour la résidence de Chevrise. Equipements neufs et jolie gamme de salles de bains, de cuisines, changements des portes, carrelage refait dans les appartements qui avaient été le plus impactés, abords extérieurs jolis et entretenus, etc. En clair, des appartements qui semblent avoir été refaits à neuf pour la résidence des Hauts de Pinel, alors que ceux entrepris pour la rénovation de Chevrise ressemblent plus à du patchwork.
 
Des travaux pour réparer les dégâts d’Irma
 
Contacté, Jérôme Robert le directeur des travaux de la SIG, nous donnait plusieurs arguments en réponse, et s’opposait en bloc à l’idée reçue d’un traitement différent entre les 8 résidences de la SIG, a fortiori entre Les Hauts de Pinel et Chevrise. « La résidence Les Hauts de Pinel a été beaucoup plus impactée par l’ouragan Irma que celle de Chevrise. Pour nos 8 résidences de Saint-Martin, l’enveloppe totale des indemnités des assurances a été de 18 M€. La SIG a du rajouter 7 M€ de sa poche pour pouvoir réhabiliter l’ensemble des résidences. Environ 4M€ ont été fléchés sur les 56 logements des Hauts de Pinel et 4.2M€ ont été dédiés à la résidence de Chevrise qui compte 96 logements, alors que pour cette dernière les experts d’assurance avaient défini 2.9M€ comme montant pour les travaux. Certes, nous en avons conscience, il y a des problèmes antérieurs à Irma qui concernent la plomberie à Chevrise et effectivement dans les marchés des travaux post-Irma, il n’y avait pas de marché pour la plomberie. Ce marché a été passé fin septembre et les travaux devraient bientôt démarrer », commentait-t-il. Et de conclure : « Chaque résidence pense subir un traitement différents, alors qu’elles sont toutes logées à la même enseigne par nos services. Et je rappelle que les travaux réalisés ne sont pas pour refaire des appartements à neuf, mais pour réparer les dégâts causés par l’ouragan ».
 
Carcasses de véhicules, ruisseau nauséabond…
 
Sans mettre en doute la sincérité de ces propos, toutefois, et par égard à ses locataires, la résidence de Chevrise semble quand même mériter un traitement particulier, ne serait-ce que d’un point de vue de l’environnement immédiat avec un nettoyage de ses abords. Là aussi, Jérôme Robert nous signalait que « les services de la SIG font enlever régulièrement les carcasses de voitures, mais dès le lendemain de ces enlèvements, d’autres carcasses les ont déjà remplacées… ». De même, un ruisseau nauséabond, de couleur douteuse et dont les eaux semblent stagner traverse la résidence. Un véritable nid à moustiques. L’écoulement naturel de ce ruisseau vers l’Etang Salé semble avoir été obstrué par une montagne de gravats de chantiers… érigée étonnement (ou pas) à côté de là où étaient situés les bâtiments de Chevrise 1 et 2… Mais là est un autre sujet.