Yawo Nyuiadzi, 2ème vice-président : « Rendre à Saint-Martin tout ce que j’ai reçu »
Ils sont quatre. S’ils sont devenus élus sur les plus hautes marches aux côtés du président Gibbs, pour chacun de ces quatre vice-présidents, c’est leur premier mandat. Et légitimement, la population ne les connaît pas. Nous sommes donc allés à leur rencontre pour qu’ils nous parlent d’eux, de leur vie, de leurs ambitions pour Saint-Martin. Et simplement, pour les rapprocher de vous. Après avoir mis en lumière le parcours de Valérie Damaseau, c’est au tour de Yawo Nyuiadzi, second vice-président, de se livrer dans les colonnes du 97150. Portrait d’un homme qui veut rendre à l’île tout ce qu’elle lui a apporté.
Yawo Nyuiadzi est né au Togo au milieu des années 1950, ce petit pays d’Afrique de l’Ouest, tout en long, bordé en son sud par le Golfe de Guinée. Yawo avait cinq ans quand le Togo acquiert son indépendance, en 1960. Un point de l’histoire qui ne restera sans doute pas sans laisser son empreinte à l’enfant qu’il était alors. Une détermination à s’affranchir et à aller de l’avant pour tracer son avenir.
Peu avant la fin des années 1970, la famille Nyuiadzi quitte le Togo pour aller s’installer en France. Yawo a 13 ans. Il poursuit là sa scolarité, tout le secondaire, jusqu’au baccalauréat. Il continue ensuite ses études universitaires à la faculté de Bordeaux, où il prépare un Diplôme d’Etudes Comptables Supérieures (D.E.C.S.). Le diplôme en poche, il entreprend les différents stages, juridiques et fiscaux, nécessaires pour décrocher le titre d’expert -comptable.
« J’ai reçu ici un accueil formidable »
Au début des années 1980, il entame alors sa vie professionnelle dans un cabinet comptable où il gère un portefeuille de clients fortunés à Bordeaux. C’est le temps des premières années des lois sur la défiscalisation. Et un début de décennie marquée par l’accès au pouvoir français de François Mitterand. Une arrivée des socialistes qui effraie les français les plus fortunés, entraînant dans son sillage un début de fuite des capitaux vers d’autres horizons. C’est là que la petite île de Saint-Martin, encore bien méconnue à cette époque par bon nombre de français de l’hexagone, entre en scène dans la vie de Yawo. Certains de ses clients, alléchés par la mise en œuvre des lois de défiscalisation, choisissent la destination de Saint-Martin pour investir. Et c’est en 1985 que Yawo arrive sur l’île, en éclaireur. Le choix des investisseurs se porte alors sur l’hôtel du Grand Saint-Martin, qui nécessitait à cette époque une entière restructuration.
« Une vie loin du stress des grandes villes métropolitaines »
« J’ai tout de suite été séduit par tout ce que j’y ai trouvé. Et en premier lieu par l’accueil qui m’a été réservé », se souvient Yawo. « Le médecin de famille de ma femme, Brigitte, nous avait depuis Bordeaux recommandé auprès de l’un de ses confrères et ami : le docteur Victor Gibbs, le papa de Daniel », continue Yawo. Yawo et Brigitte se sont tout de suite sentis ici chez eux. Et ils décident de s’y installer.
Le couple, fraichement marié, pose ses bagages à Saint-Martin en cette année 1985. Et n’en est jamais reparti.
Au cours de cette première année, Yawo représente les affaires de ses clients bordelais au sein de l’Hôtel le Grand Saint-Martin. Puis très vite, il monte son cabinet d’expertise comptable.
En 1986, le jeune couple donne naissance à son premier enfant, Jonathan. Le second fils, Jason, naîtra cinq ans plus tard, en 1991.
Forte implication dans la vie locale
Yawo s’implique très rapidement dans la vie locale. Il devient dirigeant de clubs sportifs de football. Et surtout, il suit avec bienveillance la scolarité de ses enfants, en appartenant aux successives associations de parents d’élèves : « Nous nous sommes beaucoup investis dans la vie locale, dans les associations, dans des groupes de réflexion, … Et un jour, on se dit que si on était aux commandes, peut-être que les choses avanceraient plus vite… », raconte-t-il encore. Ses enfants ont tous les deux suivi toute leur scolarité à Saint-Martin. L’aîné, Jonathan, est ensuite parti suivre ses études supérieures en France métropolitaine et il est aujourd’hui pharmacien. Il a repris la pharmacie Crespin, à Marigot.
Des événements tragiques
Les années passent. Le cabinet d’expertise comptable est prospère. Il installe une antenne de son activité en Guadeloupe.
Et c’est en novembre 2010 qu’un premier drame vient bouleverser la vie de Yawo et Brigitte : Jason, leur fils cadet, décède accidentellement pendant les préparatifs d’une course de moto. Passionné par ses chevaux de fer, depuis son plus tendre âge, Jason y a perdu la vie. Il avait 19 ans. Malgré cette douleur extrême, l’espoir renaît dans les yeux de la petite fille, Kiara, que Jason a laissé en héritage et qui est née quelques mois après son décès. Jason continuera de vivre au travers de cette enfant. La vie est toujours là, mais le sens que lui donnent Yawo et Brigitte prend un virage : « Profiter de chaque instant de la petite Kiara, et de la vie en général. Ne rien manquer. Etre présent. Les élans d’amitié, les témoignages d’amour et de soutien que nous avons reçus au moment du décès de Jason ont été incroyables. C’est ce qui nous a permis de rester en vie. Et de continuer. Mais c’est aussi à ce moment-là que ma vision des choses a changée. La traversée de cette terrible épreuve m’a rapproché des valeurs humaines, de la sincérité, du désir de partage. Et depuis germe dans mon esprit de rendre et donner à Saint-Martin tout ce que j’ai reçu », confie Yawo qui vit en 2012 un autre drame, avec le décès subit de l’une de ses principales collaboratrices, Béatrice, emportée par une rupture d’anévrisme. C’en est assez. Pour Yawo, empreint de cette philosophie africaine dont la spiritualité place les valeurs dans l’humain, les décryptages de ces dramatiques messages de la vie lui font définitivement changer de cap. Et dès 2013, il décide de céder et de transmettre son cabinet d’expertise comptable. Il veut pouvoir consacrer plus de temps à son prochain. Continuant son activité d’expert- comptable, il suit désormais les dossiers de ses entreprises clientes, mais au sein d’un autre cabinet d’expertise, La Fiducial.
« Participer à remettre Saint-Martin debout »
« Je connais Jean-Paul Fischer depuis que je suis arrivé à Saint-Martin. Sans jamais travailler ensemble, nous avons toujours entretenu une forte relation d’amitié et nous avons souvent œuvré côte à côte dans des actions sociales et associatives ». C’est tout naturellement qu’en 2012, Yawo intègre le groupe « Avenir et Développement » créé par J.P. Fischer. Une association de personnes qui portent une réflexion sur des grands thèmes de la société de Saint-Martin, dans le but de les soumettre aux politiques. « Nous n’étions pas un groupe politique, explique Yawo. Nous ne faisions que réfléchir à des sujets en tentant d’y apporter des réponses. Mais les hommes politiques n’ont pas écouté, les conclusions de nos réflexions. Nous avons donc décidé de monter notre propre parti, « Saint-Martin pour tous », conduit par Marthe Ogoundélé. Et nous avons posé notre candidature à l’élection territoriale de 2012. Une expérience qui a conforté Yawo dans son désir d’aider Saint-Martin à se remettre debout.
Puis, Yawo a rejoint la Team Gibbs, séduit par les valeurs et la capacité de travail que l’équipe portait. « Daniel Gibbs recherche l’efficacité. Il a souhaité s’entourer de personnes qui avaient une vision pour Saint-Martin, et surtout qui était prêtes à travailler. Je loue l’intelligence qu’il a eu à fédérer cette équipe que nous sommes. Il est à l’écoute de chacun d’entre nous, et tous ensemble nous convergeons vers un seul objectif : redorer l’image de Saint-Martin et lui préparer un avenir prospère ».