Bio malgré elle, l’île de Cuba est devenue le paradis des abeilles
Principal insecte pollinisateur de la planète, l’abeille est une espèce désormais menacée partout dans le monde. En cause, les pesticides ravageurs. L’île de Cuba frappée par l’embargo américain, et touchée directement par l’effondrement de l’URSS en 1991, n’a pas pu s’approvisionner en pesticides depuis 25 ans. Un mal pour un bien ! Pour Cuba et pour la planète entière !
Devenue bio malgré elle, l’île de Cuba est aujourd’hui le seul endroit au monde où les abeilles sont en bonne santé. Le miel bio cubain s’exporte très bien, et l’apiculture s’y développe.
Après l’effondrement de l’Union Soviétique en 1991, qui était le principal partenaire commercial de Cuba, l’île a été dans l’incapacité de se fournir en pesticides, par manque de devises étrangères et à cause de l’embargo des États-Unis. Par nécessité, le gouvernement a alors adopté une politique d’agriculture biologique, qui perdure aujourd’hui. Avec l’assouplissement de l’embargo suite à la restauration des liens diplomatiques entre les deux pays, les exportateurs de miel bio cubain constatent une forte croissance commerciale.
Et longtemps connu pour ses cigares et son rhum, Cuba a désormais ajouté le miel bio à ses principales exportations agricoles. La vitalité de l’apiculture cubaine détonne au regard du reste du monde où l’usage massif des pesticides provoque le déclin des populations d’abeilles.
Selon Théodor Friedrich, représentant de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (ou ONUAA) à Cuba, le miel bio est ainsi devenu la quatrième exportation agricole du pays, derrière le poisson, le tabac et l’alcool, mais devant le sucre et le café, qui sont pourtant des produits réputés. « Tout le miel cubain est certifié bio. Il a un goût spécifique, très typique, qui en fait un produit très recherché. »
Cuba a produit plus de 7 200 tonnes de miel bio en 2014 pour une valeur d’environ 23,3 millions de dollars, selon les statistiques gouvernementales cités par l’ONUAA. La production du pays est encore minuscule comparée aux poids lourds mondiaux, comme la Chine, la Turquie, et l’Argentine. Mais avec une valeur bien supérieure au kilo, les voyants sont au vert pour les apiculteurs cubains.
Les apiculteurs cubains vendent leur production exclusivement au gouvernement, qui les paie selon le prix du marché mondial et prend alors la responsabilité de l’écoulement à l’étranger.
La majorité de l’exportation de miel se fait vers l’Europe. Bien qu’encore modeste, la production cubaine de miel bio cherche aujourd’hui à valoriser ses atouts sur le marché américain, alors que les autres pays producteurs sont en situation difficile.
Les apiculteurs, notamment américains et canadiens, se plaignent depuis longtemps de la menace que représentent les pesticides pour les abeilles et pour l’ensemble de la filière apicole.
L’ US Environmental Protection Agency a rendu public une étude indiquant que l’usage d’insecticides sur les plants de coton et les arbres fruitiers avait un impact néfaste sur les populations d’abeilles.
La production de miel bio à Cuba pourrait devenir une source croissante de revenu pour les agriculteurs de l’île.
L’exemple cubain prouve que ne plus recourir aux pesticides peut sauver les abeilles.