Des fusées de détresse usagées déclenchent un incendie à l'écosite
Vendredi dernier, vers 3h05, un incendie s’est déclaré dans l’alvéole de stockage des déchets non dangereux de l’écosite de Grandes Cayes. L’incendie, qui aurait pu avoir de graves conséquences, a été circonscrit par les employés qui ont été appelés sur les lieux.
Le chef d’exploitation de l’écosite, Jean-Pierre Tey, et deux employés ont réussi à contenir le feu, avec l’aide des engins de chantier, en recouvrant le lieu enflammé avec de la terre de remblais prévue pour ce genre de situation. Selon les explosions entendues, une quinzaine de fusées de détresse, présentes dans des sacs-poubelles jetés parmi les déchets ménagers, auraient explosées provoquant l’incendie.
Si l’embrasement n’a pas provoqué de dégâts ni matériels, ni sur la flore et la faune des environs, un employé a été intoxiqué alors qu’il éteignait l’incendie. Selon Patrick Villemin, président de la société VERDE-SXM, l’employé « a présenté des vomissements et a eu les yeux fortement irrités par la fumée orange des fusées de détresse (…) Nous pouvons supposer qu’il y a eu une dégradation de la qualité de l’air à cause des gaz contenus dans les fusées ».
Les fusées de détresse contiennent des produits irritants pour les voies respiratoires, la peau et les yeux. Des produits qui peuvent également provoquer de sévères brûlures, des nausées et des vomissements, mais également il y a des risques d’explosion par le choc, la friction, le feu ou d’autres sources d’ignition.
Des conditions favorables pour élever la température
La chaleur est l’un des points importants puisque le stockage de ce type de fusée ne doit pas dépasser 75°C. Or, la direction de l’écosite ne peut « assurer qu’au sein même du massif de déchets, cette température ne soit pas atteinte, voire dépassée (…) Les conditions d’exposition au soleil sont en effet favorables à une élévation de température de certaines zones de dépôt, en particulier quand des amas de matières organiques mélangées aux déchets partent en fermentation temporaire ».
Depuis le début d’exploitation du site, les différents types de déchets sont séparés, « cependant, il nous est impossible de faire un quelconque tri lorsque des paquets de fusées usagées sont jetés en même temps que les ordures ménagères dans des sacs-poubelles. C’est au moment où les déchets sont traités que ces engins peuvent se révéler dangereux », assure le président de VERDE-SXM.
Une réunion infructueuse
A la suite de problèmes rencontrés sur le site, une réunion avait eu lieu, le 15 septembre 2015, à la préfecture des îles du Nord en présence, entre autres, des Affaires Maritimes, des sapeurs-pompiers, de la gendarmerie, ou encore de la Collectivité.
Plusieurs actions avaient été envisagées, avec des mesures à suivre comme financer l’achat de quatre ou cinq conteneurs pour la collecte des fusées de détresse usagées ou encore associer les revendeurs de fusées pour la recherche de financement.
Patrick Villemin considère que cette réunion « n’a abouti à aucune mesure concrète » et qu’aucune mesure n’a été menée à bien. La société VERDE-SXM n’a « aucune légitimité, ni aucun pouvoir de police pour faire appliquer les textes réglementaires dans les marinas et autres structures d’accueil des bateaux, qui ont pour charge de vérifier la bonne gestion des déchets de leurs clients ».
Et d’envisager de « porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, nos agents, pour que ce dossier soit vraiment pris en considération ».
Prendre le taureau par les cornes
Auparavant, la Protection Civile venait à Saint-Martin lorsqu’elle était une commune, « depuis que c’est une Collectivité, ils ne peuvent plus venir », assure Jean-Pierre Tey, le chef d’exploitation de l’écosite de Grandes Cayes.
Ce dernier considère que c’est à la préfecture de prendre un arrêté qui oblige la Collectivité, qui elle-même, par un arrêté, obligera les marinas à avoir un bac pour stocker les fusées de détresse usagées, « pour ensuite me les amener et les faire brûler dans des conditions de sécurité ».
D’autant que depuis la fermeture de la carrière de Grand-Case, il n’y a plus personne qui possède les qualifications et les compétences pour détruire ce type d’engin, et qu’une autorisation temporaire pour stocker et détruire les fusées par l'écosite pourrait être signée par la préfecture.
Jean-Pierre Tey en appelle aussi à la responsabilité des gens de mer, « c’est écrit en toutes lettres sur les fusées que c’est explosif. Ils ne savent pas où les mettre, alors ils les déposent dans des poubelles domestiques. Un jour, ils feront cramer un camion poubelle… Il faut que les gens en soient bien conscients ».