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Le sable, un or blanc qui file entre les doigts

Par Ann Bouard
14 Août 2018

Ce n’est pas nouveau, et le journal la Tribune signalait en 2016 déjà que « le sable, deuxième ressource mondiale après l'eau, est méthodiquement pillé dans le monde entier, au mépris des équilibres écologiques et dans l'indifférence la plus totale ». Jusqu’alors connu des seuls scientifiques, les trafics de sable ont depuis fait la une de tous les journaux, sans pour autant susciter des mesures pour enrayer la pratique et pire, la majorité de la population semble inconsciente de l’ampleur du phénomène. Bien-entendu, Saint-Martin n’échappe pas à la règle.

Face à la demande galopante due à la reconstruction, les vols de sable sur différentes plages de l’île se sont accélérés ces dernières semaines. Sur la plage du Galion, puis à Mont Vernon et dernièrement aux Terres Basses, des pilleurs viennent impunément prélever des sacs de sable, mais à quelles fins ? 
Le sable entre dans la composition du verre, de matériaux composites, des panneaux photovoltaïques, mais surtout dans la composition du béton. L’industrie consomme plus de sable que de pétrole ! Il faut savoir qu’il faut 200 tonnes de sable pour une maison, 3 000 pour un hôpital et 30 000 tonnes pour un seul kilomètre de route. Saint-Martin est en reconstruction, faites le calcul. La réponse est donc là !

UTILISER DU SABLE À SES RISQUES ET PÉRILS

Pour pouvoir être utilisé dans la construction, le sable doit au préalable être lessivé et dessalé et ce au prix d'une consommation massive d'eau douce. Malheureusement, si les pilleurs de sable ne respectent pas cette procédure, on doit craindre sous peu des malfaçons dans toutes les constructions de l’ile. Cette opération n’est pas possible à Saint-Martin faute de structure adéquate. On doit donc craindre sous peu, en cas d’utilisation de ce sable, des malfaçons dans toutes les constructions de l’île et les risques sont très élevés.Conséquences : les structures se dégraderont au fil des mois et ne résisteront pas en cas de séisme.

AVIS AUX PILLEURS DE SABLE

Il est urgent d’enrayer cette pratique et ce pour plusieurs raisons. En premier lieu, parce que le sable n’est pas une ressource inépuisable et que la pénurie n’est pas aussi loin que l’on voudrait bien le croire. Chaque prélèvement est une atteinte irréversible à l’écosystème : diminution des plages, érosion des sols, remontées des eaux salées dans les terres, jusqu’à la disparation des îles. 
En octobre dernier, la Collectivité avait d’ores et déjà informé la population de l’interdiction de prélever du sable et que toute personne prise sur le fait serait interpellée et verbalisée par la police territoriale. Aujourd’hui, c’est la gendarmerie qui est saisie de l’affaire. Les surveillances vont donc être doublées.

DES SANCTIONS PRÉVUES PAR LA LOI

L’extraction de sédiment est illégale comme le stipule l’article L.321-8 du Code de l’environnement. Les extractions de matériaux non visés aux articles L.111-1 et L.11.2 du code minier (que nous vous ferons grâce de lire, en résumé, le sable n’y figure pas !) sont limitées ou interdites lorsqu'elles risquent de compromettre, directement ou indirectement, l'intégrité des plages, dunes littorales, falaises, marais, vasières, zones d'herbiers, frayères, gisements naturels de coquillages vivants et exploitations de cultures marines. Cette disposition ne peut toutefois faire obstacle aux travaux de dragage effectués dans les ports et leurs chenaux ni à ceux qui ont pour objet la conservation ou la protection d'espaces naturels remarquables. En résumé, le sable ne figure pas dans les matériaux que l’on peut extraire.
Les amendes pour ce genre d'infraction peuvent aller jusqu'à 1 500 €. Les marchands de sable devront donc y réfléchir à deux fois, s’ils ne veulent pas qu’un grain de sable vienne enrayer leur petite vie d’entrepreneur, amateurs ou pas, mais surtout peu scrupuleux.

Ann Bouard